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qui est composée de plusieurs rangs ; on y a compté depuis 300 jusqu’à 350 œufs. Il y a des papillons qui enveloppent & qui couvrent leurs œufs de poils pris sur eux-mêmes : ce qu’il y a de singulier, c’est que la partie postérieure de leurs corps leur sert, pour ainsi dire, de main pour placer les œufs en paquet, pour arracher le poil de leur corps, pour en entourer chaque œuf, & pour en former sur le tas une couverture, disposée de façon que la pluie coule dessus sans pénétrer jusqu’aux œufs. Mém. pour servir à l’hist. des insectes, tom. I. & II. Voyez Chenille, Insecte. (I)

Papillon, fleur en, (Botan.) les Botanistes appellent fleurs en papillon, ou papilionacées, celles qui ont quelque ressemblance à ces insectes lorsqu’il a les aîles étendues. Il y a quatre parties remarquables dans les fleurs en papillon ; le vexillum ou l’étendart, qui est un pétale ou un grand segment droit ; les deux aîles qui forment les côtés ; le carina où est le bassin qui est un pétale ou un grand segment concave ressemblant à la partie inférieure d’un bateau ; ce bassin est quelquefois d’une piece, & d’autres fois il est composé de deux pétales ou segmens, assez fortement attachés l’un à l’autre. De ce genre sont les pois, les fêves, les haricots, la vesce, & les autres plantes légumineuses. (D. J.)

Papillon, (Monum. antiq. & Méd.) le papillon est dans les monumens, le symbole de l’ame. On voit à Rome un bas-relief de marbre, représentant un jeune homme étendu sur un lit, & un papillon qui semble, en s’envolant, sortir de la bouche de ce mort, parce que les anciens croyoient aussi-bien que le vulgaire de nos jours, que l’ame sortoit par la bouche ; c’est ce qui fait dire à Homere, au IX. liv. de l’Illiade, que quand l’ame a passé une fois la barriere des dents, elle ne peut plus rentrer.

Papillons, en terme de marchand de modes, sont les extrémités du bonnet qui vont depuis l’oreille jusqu’au bec, plus ou moins en arrondissant, selon la mode & le nom du bonnet.

Papillon, le jeu de papillon ; ce jeu n’est pas trop connu à Paris ; il ne laisse pas d’être fort amusant & de demander quelque application ; il est d’un grand commerce. On joue au papillon au-moins trois personnes, & on ne peut guere être plus de quatre. Il faut le jeu de cartes entier ; c’est un désavantage de faire, & c’est toujours la plus basse carte. Celui qui a mêlé les cartes donne trois cartes à chacun & toujours une à une ; quand on joue à trois, comme c’est l’usage le plus ordinaire, on étend & on retourne sept cartes du dessus du talon ; quand on joue à quatre on n’en étend que quatre, afin que le nombre des cartes du talon soit également juste. Après avoir mis au jeu ce qu’on veut jouer, le premier à jouer examine son jeu, & prend sur le tapis les cartes qu’il voit pouvoir convenir avec celles qu’il a.

Il n’y a dans ce jeu que les rois, les dames, les valets & les dix qui puissent être pris, & convenir aux cartes d’une même peinture. Par exemple, les rois par les rois, les dames par les dames, & ainsi du reste.

Cependant, il est de l’habileté du joueur, de prendre par une seule carte plusieurs de celles, qui sont retournées sur le tapis, avec un dix, un quatre, un cinq qui y seroient ; puis qu’outre qu’on leve du jeu plusieurs cartes qui pourroient faire le jeu des autres, on se fait encore un plus grand nombre de cartes qui peuvent servir à gagner les cartes, qui sont payées, comme les joueurs en sont convenus ; mais il n’y a que le premier qui est à jouer qui puisse user de ce droit, sans cela le suivant pourroit s’accommoder des cartes qui sont sur le jeu à votre préjudice, & par préférence.

Une régle générale du jeu de papillon ; c’est que

quand c’est à un joueur à prendre, il ne peut le faire à-moins qu’il n’ait dans son jeu une carte qui l’y autorise, & cette carte ne peut prendre du tapis qu’autant de cartes qu’il en faut pour faire le nombre dont elle est. Un huit ne pourroit lever qu’un huit de deux qui seroient sur le jeu ; mais on pourroit prendre deux ou trois cartes avec ce huit, pourvû que leur nombre réuni ne fît pas plus de huit, comme deux trois & un deux, un cinq & un trois, &c. quand on a dans son jeu plusieurs cartes pareilles à celles qui sont sur le tapis, on n’en peut prendre qu’une, & chacun à son tour. Celui qui est en rang pour jouer le premier, n’ayant point dans son jeu de cartes avec lesquelles il puisse en prendre du talon, doit étendre les cartes qu’il a dans la main, & payer au jeu un jetton pour chacun. Quand tous les joueurs se sont défaits de leurs trois cartes, soit par les levées qu’ils ont faites, soit qu’ils aient mis leur jeu bas, ces cartes ne se mêlent plus avec le talon, & restent sur le tapis pour être prises de qui peut s’en accommoder. Celui qui doit faire alors, prend & mêle le talon & donne trois cartes à chacun sans faire couper ; quand le talon est épuisé, & quand toutes les cartes ont été distribuées, celles dont les joueurs ont pû se défaire restant toujours sur le tapis, comme nous l’avons dit ; celui qui peut arranger son jeu le premier en jettant ses cartes & en en prenant d’autres sur le tapis, gagne la partie. Si deux joueurs s’en défont dans le même tems, le plus voisin à gauche de celui qui a donné les cartes gagne par préférence à l’autre, & celui qui a mêlé les cartes gagne de droit devant tous les autres joueurs.

Quant à la façon de payer, nous allons en dire tout ce qui nous sera possible, de plus exact & de plus conforme à l’usage.

Si celui qui étend ses cartes a des as en main, il se fait donner par chaque joueur autant de jettons qu’il avoit d’as. Il en est de même des joueurs qui prennent des as du talon ; ils ont le même droit de se faire payer un jetton chaque as ; mais celui qui en ayant déja un dans sa main en tire un autre du talon, il gagne deux jetons pour chacun. Chaque joueur est obligé de donner quatre jettons à celui qui avec un deux leve deux as du talon, six à celui qui avec un trois leveroit trois as, & huit à celui qui avec un quatre leveroit les quatre as. Un joueur qui auroit trois cartes d’une même maniere & prendroit la quatrieme sur le tapis, gagneroit un jetton de chacun de ses compagnons. Celui qui gagne la partie ou est le dernier à s’étendre, prend pour lui les cartes qui sont sur le tapis & s’en sert à gagner les cartes ; quand il y a cinquante-deux cartes dans le jeu, le jeu est bon quoique ces cartes soient mal assorties. Celui qui a mal donné refait dès qu’on s’en apperçoit, & paye une fiche au jeu ; tout joueur qui joue avant son tour est obligé de s’étendre. Lorsqu’il n’y a plus que trois cartes pour chacun au talon, celui qui fait doit en avertir les joueurs.

On doit toujours favoriser celui qui gagne, en prenant moins de cartes.

Petit papillon, au jeu de ce nom se dit d’un coup, où un joueur dans le courant de la partie fait ses trois cartes, & gagne un jetton de chacun.

PAPILLONNÉ, adj. en terme de Blason, se dit d’un ouvrage à écailles ; Arquinvilliers d’hermine, papillonné de gueules.

PAPILLOTAGE, s. m. terme usité dans l’Imprimerie, ce sont certaines petites taches noires qui se font à peine remarquer, aux extrémités des pages & des lignes ; cela provient souvent d’une platine liée trop lâche, ou du jet trop précipité du tympan, sur-tout si les couplets soit ceux de la frisquette, soit ceux du tympan, sont trop aisés ; le papier épais, lissé ou battu est sujet à papilloter, si on n’y apporte toute