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rens chemins dans le pays des Néorites, qu’il soumit aisément par cette entreprise. Les Néorites, dit Diodore de Sicile, lib. XVII. §. 57. ressemblent en général aux autres peuples des Indes ; mais ils se distinguent d’eux par une circonstance très particuliere. Tous les parens d’un mort l’accompagnent nus & armés de lances ; & après avoir fait porter son corps dans un bois, ils le dépouillent eux-mêmes de tous ses vêtemens, & le laissent en proie aux animaux de la forêt. Ils brûlent ensuite tout ce qui le couvroit en l’honneur des génies du lieu, & terminent toute la cérémonie par un grand festin qu’ils donnent à leurs amis. (D. J.)

NÉOTÉRA, s. f. (Littérat.) c’est-à-dire la nouvelle déesse. Dès que Marc-Antoine maître de l’Asie, vint en Egypte au sein de la mollesse, oublier sa gloire entre les bras de Cléopatre, on l’appella le nouveau Bacchus ; alors cette reine ne cherchant qu’à lui plaire, prit l’habit sacré d’Isis, & fut surnommée la nouvelle déesse : une de ses médailles fait foi de ce titre flatteur dont ses sujets l’honorerent.

NÉPENTHÈS, s. m. (Botan. moderne.) genre de plante dont voici les caracteres, selon Linnæus. Le calice particulier de la fleur est partagé en quatre quartiers arrondis ; il n’y a point de pétales, & à peine quelques étamines : mais il y a quatre bossettes attachées au style près du sommet. Le pistil a un germe extrèmement délié ; le stile est pointu & de la longueur du calice ; le stygma est obtus ; le fruit est une capsule oblongue, en forme de colonne tronquée ; il est composé de quatre valvules & de quatre loges : les graines sont nombreuses, pointues, & plus courtes que leurs capsules. (D. J.)

NÉPENTHÈS, (Littérature.) νηπενθης, ce terme grec signifie un remede contre la tristesse, de νὴ, négation, & de πενθος, deuil, affliction. C’étoit je ne sai quoi d’excellente vertu, dont Homere, Odiss. liv. IV. v. 220. dit qu’Helène fit usage pour charmer la mélancholie de Télémaque. Ce prince inquiet de n’avoir point de nouvelles de son pere, vint trouver Nestor, qui ne put lui apprendre ce qu’il étoit devenu. De-là continuant son voyage, il se rendit chez Ménélas où il vit Hélène, & soupa avec elle : cependant il étoit fort triste ; & comme cette princesse en eut pitié, elle usa d’un charme pour dissiper son chagrin. Elle mêla dans le vin qu’on devoit servir à table, une drogue qui séchoit les larmes, calmoit la colere, & dissipoit tous les déplaisirs dès le moment qu’on en avoit goûté. Elle tenoit cette excellente drogue de Polydamna, femme de Théonis roi d’Egypte. Tous ses hôtes bûrent de ce breuvage, & en éprouverent les merveilleux effets.

Pline & Théophraste parlent du népenthès, comme d’une plante d’Egypte, dont le prince des poëtes grecs a seulement exagéré les vertus. Diodore dit que de son tems, c’est-à-dire du tems d’Auguste, les femmes de Thèbes en Egypte, se vantoient d’avoir seules la recette d’Hélene ; & il ajoute qu’elles l’employoient avec succès : mais Plutarque, Athénée & Philostrate, prétendent que le népenthès d’Homere n’étoit autre chose que les charmes de la conversation d’Hélène. Plusieurs savans modernes ont à leur tour choisi le népenthès de l’Odyssée, pour le sujet de leurs conjectures & de leurs hypothèses ; & l’on ne sauroit croire jusqu’où leur imagination s’est égarée pour découvrir le secret de la belle lacédemonienne. Mais ce reproche ne doit pas tomber sur la dissertation de Pierre Petit, intitulée Homeri nepentes, & imprimée à Utrecht en 1689 in-8°. On y découvrira beaucoup d’esprit & de science, si on se donne la peine de la lire. (D. J.)

NEPER, Baguettes ou Batons de, ossa Neperi, (Arithmét.) sont un instrument par le moyen duquel on peut faire promptement & avec facilité

la multiplication & la division des grands nombres : on l’a appellé ainsi du nom de son inventeur Neper, qui l’est aussi des logarithmes. Voyez Logarithmes.

Construction de cet instrument. On prend dix petits bâtons, ou petites lames oblongues faites avec du bois, ou du métal, ou de la corne, ou du carton, ou quelqu’autre matiere semblable : on les divise chacune en neuf petits quarrés, & chacun de ces petits quarrés en deux triangles par sa diagonale. Pl. alg. fig. 11. Dans ces petits quarrés on écrit les nombres de la table de multiplication, autrement appellé abaque ou table de Pythagore ; de maniere que les unités de ces nombres soient dans le triangle le plus à la droite de chaque quarré, & les dixaines dans l’autre.

Usage des baguettes de Neper pour la multiplication. Pour multiplier un nombre donné par un autre, disposez les bâtons entr’eux, de telle maniere que les chiffres d’en haut representent le multiplicande ; ensuite joignez-y à gauche le bâton ou la baguette des unités : dans ce bâton vous chercherez le chiffre le plus à la droite du multiplicateur, & vous écrirez de suite les nombres qui y répondent horisontalement, dans les quarrés des autres lames, en ajoutant toujours ensemble les différens nombres qui se trouveront dans le même rhombe. Vous ferez la même opération sur les autres chiffres du multiplicateur ; ensuite vous mettrez tous les produits les uns sous les autres, comme dans la multiplication ordinaire ; enfin vous les ajouterez ensemble pour avoir le produit total. Exemple,

Supposons que le multiplicande soit 5978, & le multiplicateur 937 ; on prendra le nombre 56, qui (figure 12. Pl. alg.) se trouve au-dessous du dernier chiffre 8 du multiplicande, & vis-à-vis du dernier chiffre 7 du multiplicateur, on écrira 6 ; on ajoutera 5 avec 9 qui se trouve dans le même rhombe à côté ; la somme est 14 : on écrira 4, & on retiendra 1, qu’on ajoutera avec 3 & 4 qui se trouvent au rhombe suivant ; on aura 8, qu’on écrira : ensuite on ajoutera 5 & 6, qui se trouvent dans le rhombe suivant, & qui font 11 ; on écrira 1, & on retiendra 1, qui ajouté avec le 3 du triangle suivant, fait 4, qu’on écrira. On aura ainsi 41846 pour le produit du multiplicande par 7 : on trouvera de même les produits du multiplicande par les autres chiffres du multiplicateur, & la somme de ces produits, disposés comme il convient, sera le produit cherché. (E)

Cette opération n’a pas besoin d’être démontrée : si on y fait la plus légere attention, on verra qu’elle n’est autre chose que la multiplication ordinaire, dont la pratique est un peu facilitée, parce qu’on est dispensé de savoir par cœur la table de multiplication, & de se servir des chiffres qu’on retient à chaque nombre que l’on écrit ; en un mot, la multiplication est ici réduite à des additions. (O)

Usage des bâtons de Neper pour la division. Disposez-les petits bâtons l’un auprès de l’autre, de maniere que les chiffres d’en-haut représentent le diviseur : ajoutez-y à gauche le bâton des unités ; ensuite descendez au-dessous du diviseur, jusqu’à ce que vous trouviez une branche horisontale dont les chiffres ajoutés ensemble, comme on a fait dans la multiplication, puissent donner la partie du dividende dans laquelle on doit chercher d’abord combien le diviseur est contenu, ou puissent donner au moins le nombre qui en soit le plus proche, quoique plus petits ; retranchez ce nombre de la partie du dividende que vous avez pris, & écrivez au quotient le nombre qui est à gauche dans la branche horisontale ; continuez ensuite à déterminer de la même maniere les autres chiffres du quotient, & le problème sera resolu. Exemple,

Supposons, qu’on veuille diviser 5601386 par