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PELTÆ, (Géog. anc.) ville de la grande Phrygie, dont parle Strabon, l. XII. p. 577. Ptolomée, l. V. ch. ij. & Xenophon, l. I. on l’appelle présentement Felti, selon Leunclavius.

PELUCHE, ou PLUCHE, s. f. (Fabrique.) étoffe veloutée du côté de l’endroit, composée d’une treme d’un simple fil de laine, & d’une double chaîne, dont l’une est de laine, de fil retors à deux fils, & l’autre de fils de poil de chevre.

La peluche se fabrique de même que les velours & les panes, sur un métier à trois marches. Deux des marches séparent & font baisser la chaîne de laine, & la troisieme fait lever la chaine de poil ; alors l’ouvrier lance ou jette la treme, & la fait passer avec la navette entre les deux chaînes de poil & de laine, mettant ensuite une broche de léton sous celle de poil sur laquelle il la coupe avec un instrument destiné à cet usage, que l’on appelle communément couteau ; ce qu’il fait en conduisant le couteau sur la broche, qui est un peu cavée dans toute sa longueur ; & c’est ce qui rend la surface de la pluche veloutée.

Quelques-uns prétendent que l’invention de la pluche soit venue d’Angleterre ; d’autres veulent qu’elle ait été tirée de Hollande, particulierement de Harlem. Quoi qu’il en soit, il est certain que ce n’est guere que vers l’année 1690, qu’on a commencé d’en fabriquer en France. (D. J.)

Peluche, s. f. (Soierie.) c’est une sorte d’étoffe toute de soie, dont le côté de l’endroit est couvert d’un poil un peu long ; cette espece de peluche se manufacture sur un métier à trois marches, ainsi que les autres peluches, les velours & les pannes.

Sa chaîne & son poil doit être d’organsin filé & tordu au moulin, sa trème de pure & fine soie, & la largeur d’onze vingt-quatriemes d’aune.

Il se fabrique encore une autre espece de peluche, toute de soie, qui a du poil des deux côtés, dont l’un, qui est celui de l’endroit, est court & d’une couleur ; & l’autre, qui est du côté de l’envers, est plus long & d’une autre couleur : cette derniere sorte de peluche est extraordinaire, & de très-peu d’usage. (D. J.)

Peluche, terme de Fleuriste ; la peluche est cette touffe de feuilles menues & déliées qu’on voit dans quelques fleurs, comme dans les anémones doubles, dont elles font la principale beauté. (D. J.)

PELURE, s. f. (Gramm.) est la peau de certains légumes ou fruits : on dit la pelure de l’oignon, la pelure de la pomme & de la poire ; la peau du raisin, & l’écorce du citron.

PELUS, (Géog. anc.) nom, 1°. d’une île voisine de celle de Chio ; 2°. d’une montagne de la Toscane ; 3°. d’un torrent de la Sicile. (D. J.)

PÉLUSE, (Géog. anc.) Pelusium, ville d’Egypte, à l’embouchure du bras le plus oriental du Nil, & le plus voisin de la Palestine ; c’est la même ville que Damiette ; on la nommoit autrement Abarim & Typhon, ou comme disoient les Hébreux, Python. Les Egyptiens l’appelloient Sethron, & la région Séthroite ; d’où vient que Pline dit : qua juxtà Pelusium est regio, nomen habet Bubastitem, Sethronitem, Tanilem.

Péluse étoit comme la clé de l’Egypte du côté de la Phénicie & de la Judée. Ezechiel, ch. xxx. v. 15. & 16. en parle sous le nom de Sin, & il l’appelle la force de l’Egypte ; ou le rempart de l’Egypte. L’hébreu sin, qui signifie de la boue, revient fort bien au grec pelusium, qui dérive de pelos, & qui a la même signification. Strabon, liv. XVII. p. 802. dit que la ville de Pelusium étoit environnée du lac qu’on appelloit Barathra, & de quelques marais. Il la place à vingt stades de la mer, & il donne à ses murailles un égal nombre de stades de circuit. Elle est mise dans l’Augustamnique par Ammien Marcellin, qui veut qu’elle

ait été bâtie par Pélée ; ce qu’il y a de plus sûr, c’est qu’elle fut souvent assiégée & prise, quoique difficilement. On s’attaquoit d’autant plus à cette place, qu’elle donnoit, à ceux qui en étoient les maîtres, l’entrée libre dans l’Egypte. L’embouchure la plus orientale du Nil prenoit son nom dans cette ville. Lucain dit :

Dividui pars maxima Nili
In vada decurrit Pelusia, septimus amnis.

Claude Ptolomée, mathématicien célebre, étoit de Pelusium, mais il fit son séjour à Alexandrie : il vivoit dans le second siecle. Les ouvrages qu’il a laissés lui ont acquis une très-grande réputation, la Géographie sur-tout lui doit beaucoup : ses œuvres ont paru à Amsterdam en 1618, in fol.

Isidore, le plus savant & le plus célebre des disciples de saint Chrisostome, fut surnommé Isidore de Péluse, parce qu’il se retira dans la solitude au voisinage de cette ville, las des tracasseries de ses confreres. Il vivoit au commencement du cinquieme siecle, & mourut en 440. Ses œuvres, où l’on trouve des points importans de discipline ecclésiastique très bien traités, ont été imprimés plusieurs fois ; mais la meilleure édition est celle de Paris en 1638, in-folio, en grec & en latin. Les lettres de cet auteur respirent la candeur & l’érudition ; elles sont courtes & bien écrites : en voici un trait curieux sur les ecclésiastiques de son tems. « Pourquoi, dit-il, lib. IV. epist. 57. vous étonnez-vous de ce que se mettant en fureur par un violent amour de domination, ils feignent d’avoir des différends entre eux sur des dogmes qui sont au-dessus de leur portée & de leurs expressions » ? Quoi ! déjà dans le cinquieme siecle, des prélats accuses par Isidore, de feindre par esprit de domination, & de feindre sur des dogmes essentiels à la foi ! Ce sont-là des traits historiques qu’il ne faut point oublier.

Pelusium étoit aussi le nom d’un port de la Thessalie. (D. J.)

PELYSS, (Géog. mod.) Pelyssa ou Pissen, petite ville de la basse Hongrie, capitale d’un comté de même nom, près du Danube, à 3 lieues, sud-est de Grau, 5 nord de Bude. Long. 36. 25. lat. 47. 26.

PEMBA, (Géog. mod.) 1°. île de la mer des Indes, proche de la côte orientale d’Afrique, vis-à-vis de la baie de saint Raphaël, sur la côte du Mélinde. Elle est située à 4d. 50′. de latitude méridionale, sous les 56d. 30′. de longitude, vers l’orient méridional de la ville de Monbaza : l’île de Pemba a le titre de royaume.

2°. Pemba, petite province d’Afrique, au royaume de Congo, dont la capitale se nomme Banza : c’est la résidence du gouverneur général. Long. mérid. 7. 28.

PEMBROKE, (Géog. mod.) ville d’Angleterre, au pays de Galles, capitale de Pembroke-shire, avec titre de comté. Elle a deux paroisses, est fortifiée d’un château, & est située sur une pointe du port de Milfort, à 195 milles de Londres : elle envoie deux députés au parlement. Long. 12. 45. lat. 51. 48.

C’est dans le château de cette ville que naquit Henri VII. roi d’Angleterre, dont il faut lire la vie par Bacon.

La bataille de Bosworth en 1485, mit fin aux désolations dont la rose rouge & la rose blanche avoient rempli l’Angleterre. Le trône toujours ensanglanté & renversé, fut enfin ferme & tranquille. Henri VII. ayant su vaincre, sut gouverner ; son regne qui fut de vingt-quatre ans, & presque toujours paisible, humanisa les mœurs de la nation. Les parlemens qu’il assembla & qu’il ménagea firent de sages lois : le commerce qui avoit commencé à fleurir sous le grand Edouard III. ruiné pendant les guerres civiles, commença à se rétablir. Henri VII. eût été sage s’il n’eût