vailla à la réunion des églises d’Orient & d’Occident qui étoient divisées au sujet de Méluc & de Paulin, deux évêques d’Antioche. Ensuite il écrivit contre Apollinaire & contre Eustathe de Sébaste. Il mourut en 379. La meilleure édition de ses œuvres est celle du P. Garnier, en grec & en latin, Paris 1751, trois volumes in-fol. M. Herman, docteur de Sorbonne, a donné sa vie, avec une traduction des ascétiques de ce pere de l’Eglise.
Erasme faisoit un grand cas de l’éloquence de saint Basile ; son style est pur & ses expressions élégantes. Ses lettres sur la discipline ecclésiastique, sont très instructives ; & l’on trouve en général dans ses ouvrages beaucoup d’érudition. Mais il s’est fait, comme ses prédécesseurs, des idées outrées de la patience chrétienne. Il établit que tout laïque qui s’est défendu contre des brigands, doit être suspendu de la communion, & déposé s’il est du clergé. Il pensoit aussi qu’il n’est pas permis à un chrétien d’avoir de procès, pas même pour les vêtemens qui lui sont nécessaires pour couvrir son corps. Moral. régul. XLIX. cap. j. p. 453. tom. II.
Grégoire de Naziance, S. naquit dans le bourg d’Arianze, près de Naziance en Cappadoce, vers l’an 328. Il acheva ses études à Athènes avec S. Basile, qui fut le plus cher de ses amis. Il devint évêque de Constantinople en 379, & mourut dans sa patrie le 9 Mai 391. Ses ouvrages, qui consistent en 55 discours ou sermons, en plusieurs pieces de poésie, & en un grand nombre de lettres, ont été imprimés en grec & en latin en 1609, 2 volumes in-fol. avec des notes.
La piété de ce pere n’est pas douteuse, mais l’on s’apperçoit que son ardente passion pour la retraite le rendit d’une humeur triste & chagrine ; c’est ce qui le fit aller au-delà des justes bornes dans le zele qu’il témoigne contre les hérétiques. Le renoncement aux biens de ce monde, lorsqu’on ne peut les conserver sans préjudice du salut, semble être plûtôt un vrai commandement qu’un simple conseil, à quoi Grégoire de Naziance paroît néanmoins le rapporter. A l’égard de son style, il s’est peu châtié, quelquefois dur, & presque toujours excessivement figuré.
M. Dupin a remarqué que ce pere de l’Eglise affecte trop les allusions, les comparaisons & les antitheses : Erasme trouve aussi qu’il aime les pointes & les jeux de mots. Les études d’Athenes étoient fort déchûes quand S. Grégoire de Naziance & S. Basile y allerent : le raffinement d’esprit avoit prévalu ; ainsi les peres instruits par les mauvais rhéteurs de leur tems, étoient nécessairement entraînés dans le préjugé universel.
Mais il connut par expérience les menées, les cabales, les intrigues & les abus qui regnent dans les synodes & dans les conciles : on en peut juger par sa réponse à une invitation pressante qu’on lui fit d’assister à un concile solemnel d’évêques qui devoit se tenir à Constantinople. « S’il faut, répondit-il, vous écrire franchement la vérité, je suis dans la ferme résolution de fuir toute assemblée d’évêques, parce que je n’ai jamais vu synode ni concile qui ait eu un bon succès, & qui n’ait plutôt augmenté que diminué le mal. L’esprit de dispute & celui de domination (croyez que j’en parle sans fiel) y sont plus grands que je ne puis l’exprimer ».
Il falloit bien qu’alors le mal fût grand dans les assemblées ecclésiastiques, car on lit les mêmes protestations & les mêmes plaintes de saint Grégoire, répétées ailleurs avec encore plus de force. « Jamais, dit-il dans un de ses autres ouvrages, jamais je ne me trouverai dans aucun synode : on n’y voit que divisions, que querelles, que mysteres honteux qui éclatent avec des hommes que la fureur domine ». Quoi, des évêques assemblés pour la religion, & do-
statuts & de leurs décisions, puisque l’esprit de l’Evangile ne les animoit point ? Remarquez que les termes grecs qu’emploie saint Grégoire, sont beaucoup plus énergiques que ma foible traduction.
Grégoire de Nysse, S. naquit en Cappadoce vers l’an 331 ; il étoit frere de saint Basile, fut élu évêque de Nysse en 372, & mourut le 9 Mars 396. Le P. Fronton du Luc a donné une édition de ses œuvres en 1605.
On y trouve beaucoup d’allégories, un style affecté, des raisonnemens abstraits, & des opinions singuiieres. On attribue tous ces défauts à son attachement pour les livres d’Origène.
Ambroise, S. fils d’Ambroise préfet ou prétoire des Gaules, naquit, selon la plus commune opinion, à Arles, vers l’an 340. Anicius Probus l’envoya en qualité de gouverneur, dans l’Emilie & la Ligurie ; il devint ensuite évêque de Milan en 374, convertit saint Augustin, & mourut en 397 âge de 57 ans. La meilleure édition de ses œuvres est celle de Paris, donnée par les Bénédictins en 1691, en 2 vol. in-fol. Paulin, prêtre de Milan, qu’il ne faut pas confondre avec saint Paulin, a écrit sa vie.
Saint Ambroise est le premier, & presque le seul des Peres, qui a entrepris de donner une espece d’abrégé d’une partie considérable de la Morale, dans ses trois livres des offices. On doit lui savoir gré d’avoir rompu la glace, en rassemblant dans cet ouvrage quantité de bonnes & excellentes choses, dont la pratique ne peut que rendre les hommes vertueux. Il est vrai que le traité de ce pere de l’Eglise est bien au-dessous du chef-d’œuvre de l’orateur de Rome, qu’il s’est proposé d’imiter, soit pour l’élégance du style, soit pour l’économie de l’ouvrage & l’arrangement des matieres, soit pour la solidité des pensées & la justesse des raisonnemens. Il est encore vrai que les exemples & les passages de l’Ecriture, qui font la principale partie de ce livre chrétien, n’y sont pas toujours heureusement appliqués ou expliqués. Enfin, S. Ambroise a semé dans cet ouvrage & dans ses autres écrits, les idées outrées de ses prédécesseurs sur l’étendue de la patience chrétienne & le mérite du célibat. Il a même adopté la fausse légende du martyre de sainte Thecle, pour en tirer un argument en faveur de l’excellence de la virginité.
Au milieu de ces idées portées trop loin contre le mariage, il semble en avoir eu d’autres sur l’adultere entierement opposées à ses principes ; du-moins il s’est exprimé sur ce crime d’une façon qui donne lieu à la critique. En parlant du patriarche Abraham & d’Hagar, il dit qu’avant la loi de Moïse & celle de l’Evangile, l’adultere n’étoit point défendu : il entend peut-être par adultere le concubinage ; ou bien le sens de saint Ambroise est qu’avant Moïse l’adultere n’étoit point défendu par une loi écrite qui décernât quelque peine contre ceux qui le commettoient. Mais on pourroit répliquer qu’Abraham n’avoit nul besoin de la loi écrite pour savoir que l’adultere est illicite. Il faut donc avouer que S. Ambroise, S. Chrysostome, & d’autres peres de l’Eglise, s’étant persuadés à tort que les saints personnages dont il est fait mention dans l’Ecriture, étoient exempts de tous défauts, ont excusé ou même loué des choses qui ne pouvoient ni ne devoient être louées ou excusées.
Chrysostome (Saint Jean), naquit à Antioche vers l’an 347. Il étudia la Rhétorique sous Libanius, & la Philosophie sous Andragathe. Il fut élu patriarche de Constantinople en 397, & mourut en 407, à 60 ans. Les meilleures éditions de ses œuvres, sont celle de Henri Savile à Oxford, en 1613, 8 tom. in-fol. tout en grec ; celle de Commelin & de Fronton, du Duc, en grec & en latin, 10 vol. in-fol. & enfin celle du pere Montfaucon en grec & en latin, avec des notes, Paris 1718, in-fol. en 13 vol. M. Herman, docteur