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que ces pays fussent du gouvernement de la Cappadoce, soit qu’il ait eu une commission particuliere pour les visiter, soit qu’il ait été aussi gouverneur de cette partie du Pont.

Il commence sa relation par son arrivée à Trébizonde, où Adrien faisoit alors bâtir un temple de Mercure. Il s’embarqua à Trébizonde, pour aller faire le tour du Pont-Euxin du côté de l’Orient. Il passa la riviere du Phase, dont il remarque que l’eau nage long-tems sur celle de la mer, parce qu’elle est extrèmement légere, & qu’elle se garde plus de dix ans sans se corrompre. Il y avoit-là un château gardé par quatre cens soldats romains, & un bourg habité par des vétérans & par quelques gens de mer ; Adrien ordonna d’y faire un nouveau fossé pour la sureté du bourg. Il termina sa navigation à Sébastople, où étoit la derniere garnison romaine. Il fut attaqué dans ce voyage d’une grande tempête ; dont un de ses vaisseaux fut brisé.

Entre les peuples barbares dont il cotoya le pays, les plus voisins de Trebizonde, & aussi les plus belliqueux, étoient les Sannes nommés Drilles par Xénophon ; ils n’avoient point de rois. Ils avoient autrefois payé tribut aux Romains, & Arrien promet à Adrien de les y réduire de nouveau, ou de les exterminer. Il ne fit pas le dernier, car plusieurs siecles après on parloit encore des Tranes, qui sont sans doute les mêmes que les Sannes. Il paroît que ces Sannes habitoient une partie de la Colchide, que l’on distinguoit alors du pays des Lazes.

A la relation de son voyage, il joint une description de la côte de l’Asie, depuis Bysance jusqu’a Trébizonde, & une autre du pays qui est depuis Sébastople jusqu’au Bosphore Cimmérien, & depuis le Bosphore jusqu’à Bysance, afin qu’Adrien pût prendre sur cela ses mesures, s’il vouloit entrer dans les affaires du Bosphore, dont il lui mande que le roi Cotys étoit mort depuis peu de tems.

Nous avons aussi sous le nom d’Arrien, une description des côtes de la mer Rouge, c’est-à-dire des côtes orientales de l’Afrique, & de celles de l’Asie jusqu’aux Indes : l’inscription latine est à l’empereur Adrien ; quoi qu’il ne soit point parlé de lui dans la description même. Saumaise croit qu’elle a été écrite du tems de Pline le naturaliste, ou même un peu avant lui, & qu’ainsi elle ne peut être d’Arrien de Nicomédie, ni même adressée à l’empereur Adrien ; c’est ce qu’il conclud de ce qu’il y est fait mention de plusieurs princes qui vivoient du tems de Pline. A ces preuves, M. de Tillemont ajoute un passage de la description, où il est dit qu’on alloit du bourg de Lencé à Pétra vers Malican, roi des nabathéens ; or la ville de Pétra & toute l’Arabie Pétrée, avoit été soumise aux Romains dès l’an 105 de J. C. & réduite ensuite en province, & l’on ne trouve point qu’Adrien l’ait abandonnée ; au contraire, on a des médailles de la ville de Pétra sous cet empereur, avec le titre de métropole.

Il faut donc que cette description soit antécédente à l’année 105 : & par conséquent elle n’est point d’Arrien, qui vivoit encore sous Marc-Aurele, c’est-à-dire après l’an 160. Enfin l’auteur parle de l’Egypte comme de son pays, & fait quelquefois usage des mois Egyptiens. M. de Tillemont croit donc que cet ouvrage pourroit être de celui à qui Pline le jeune écrit plusieurs lettres, comme à une personne habile & éloquente, & qui passoit pour un imitateur de Démosthene : il paroît que dès le tems de Nerva, ou dans les premieres années de Trajan, cet Arrien s’étoit retiré pour vivre tranquillement, ce qui n’étoit permis aux sénateurs, que dans un âge fort avancé ; ainsi cela ne convient point au disciple d’Epictete.

Si maintenant l’on veut joindre à ces détails de

l’antiquité, les descriptions de nos navigateurs modernes, dont on a parlé en leur heu, on aura l’histoire complete de la navigation, & cette histoire est fort intéressante. (Le Chevalier de Jaucourt.)

PERIPLOCA, (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleur monopétale, & beaucoup plus ouverte que celle de l’apocin, de sorte qu’elle approche plus de la figure d’une roue. Il s’eleve du calice un pistil qui est attaché comme un clou à la partie postérieure de la fleur, & qui devient dans la suite un fruit si ressemblant à celui de l’apocin, que les auteurs n’ont pas coutume de faire de ces deux plantes deux genres particuliers. Tournefort, Instit. rei berb. Voyez Plante.

Entre les douze especes de ploca, établies par Tournefort, il suffira bien de décrire celle qui est à longues feuilles, periploca follis oblongis. I. R. H. 93.

Elle pousse des tiges sarmenteuses, fort longues, ligneuses, pliantes, nouées, rougeâtres, lesquelles s’élevent & s’entortillent autour des arbres ou arbrisseaux voisins. Ses feuilles sont opposées, longues, larges, pointues, veineuses : ses fleurs viennent aux sommités des branches ; elles sont monopétales, fort évasées à la gueule, & de couleur purpurine. Il succede à ses fleurs un fruit à deux graines, un peu courbées, plus grandes que celles de l’apocin. Elles s’ouvrent dans leur maturité, & laissent paroître une matiere lanugineuse, sur laquelle sont couchées des semences à aigrette : cette plante croît dans les bois, & a la plûpart des caracteres de l’apocynum scandens. (D. J.)

PERIPNEUMONIE, s. f. (Médecine.) inflammation du poumon, que l’on distingue en vraie & en fausse.

Péripneumonie vraie. La péripneumonie vraie est l’inflammation de la substance même du poumon, avec secheresse, chaleur & douleur.

Les vaisseaux susceptibles de cette inflammation sont les arteres bronchiales & les arteres pulmonaires : elle est plus ou moins dangereuse, selon la différence des vaisseaux engorgés, & selon la qualité du sang engorgé.

Les causes de cette double inflammation sont, 1°. les causes générales de toutes les inflammations : 2°. les causes qui affectent particulierement le poumon, comme un air trop humide ou trop sec, trop chaud ou trop froid, trop grossier ou trop subtil, un air chargé d’exhalaisons caustiques, ou astringentes, ou coagulantes, un chyle forme de matieres épaisses, seches, visqueuses, l’exercice violent du poumon par la course, la lutte, le mouvement du cheval contre le vent, les poisons coagulans, caustiques, astringens, portés au cœur par les veines qui s’y rendent, les violentes passions de l’ame, l’esquinancie avec oppression de poitrine & orthopnée, une forte pleurésie, une paraphrénesie violente, l’action d’un émétique dans un estomac tendre & délicat.

Les symptômes de la peripneumonie sont différens, selon son siége ; celle qui réside dans les bronches produit tous les effets de l’inflammation, & enflamme même les extrémités de l’artere pulmonaire qui leur sont contiguës, en les comprimant & en leur communiquant la maladie dont ils sont attaqués.

Cette inflammation peut s’attacher à différentes parties du poumon ; son étendue peut aussi varier ; les symptômes seront plus violens s’il y a deux lobes entrepris que s’il n’y en a qu’un, ou si un lobe est totalement enflammé, que s’il n’y en a qu’une partie ; la peripneumonie n’est pas guérissable dans le premier cas, à cause de la grandeur & de l’étendue de l’engorgement : dans le second cas elle peut se guérir, si les symptômes ne sont pas extrèmes, si la toux, la douleur, la chaleur & l’oppression peuvent se supporter & céder peu-à-peu à l’action des remedes.