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froidie, il faut la passer aux ciseaux ; on la met de côté sur les genoux, & l’on commence d’abord par les deux tournans, en coupant les pointes également toujours en descendant, & ensuite on retranche la longueur d’un pouce : on suit de même en descendant jusqu’à la moitié de la perruque. On remet les côtés en boucle ; on ratache le papier, & l’on passe l’autre côté, le devant & la tempe demandent plus d’attention. Il faut les couper de plusieurs façons ; au commencement c’est en descendant comme le quarré, & puis en long deux rangs à deux rangs, en commençant du côté du bord du front en coulant en arriere, où il faut qu’ils soient toujours plus longs ; & puis il faut les dégarnir légerement, de façon qu’en peignant le devant & les tempes, les cheveux ne pelotent point, & s’arrangent au coup de peigne.

Il faut ensuite démonter l’ouvrage, & bien éplucher tous les fils. On y passe une soie forte depuis le coin du bord du front jusqu’au commencement du cordonnet. Cette soie sert à ramener le bord en-dedans, & à le faire mieux coler. Il faut coudre à petits points, & serrer doucement, pour qu’il n’y ait point de froncement & de plis. Il faut travailler l’autre côté également, & puis frapper le bord avec un marteau pour le rabaisser ; puis on retond le dessus de la tête, & on repasse le fer doucement le long de la bordure. S’il y a quelques cheveux qui soient rétifs, on prend un bout de chandelle, que l’on frotte légerement dessus ; on trempe les doigts dans l’eau, on les passe sur ces cheveux, & ensuite on les serre jusqu’à ce que l’on les ait entierement couchés & domptés. Il faut connoître le point juste de chaleur du fer ; car s’il est trop chaud, il roussit & brûle, s’il ne l’est point assez, il ne dompte point les cheveux, & ne les couche point. Cela fait, il faut prendre de l’huile & de la pommade, les bien marier ensemble, en bien humecter la perruque, & passer ensuite un grand peigne partout dans les cheveux, observant de peigner le devant & la tempe dans leur centre. Après quoi on peigne bien à fond toute la perruque. Si l’on n’en est point pressé, il est plus à propos de la laisser reposer un jour ou deux, remise avec attention dans ses boucles.

On fera la monture d’une perruque nouée comme celle du bonnet dont nous venons de parler. Il faut observer la même régularité pour les tresses. Les tournants n’étant point si longs, & ne marquant que la face, il faut qu’ils ne soient point plus garnis que les autres ne l’ont été, jusqu’à la face. Voyez dans nos Planches la mesure de la perruque nouée.

Il faut observer de suivre la même régularité pour le corps, tressant les trois premiers à simple tour. Les deux qui sont sur le 9 doivent être à corps garni, & ce qui est étagé derriere, doit être le plus garni. Ce que l’on appelle étage, est le paquet qui est le plus court derriere. Après il s’en trouve 3 sur le 8, le 7 & le 6. Il faut diminuer la garniture à proportion, comme nous avons dit plus haut, observant que quand on est arrivé au rang qui est sur le 4, il faut faire l’étage de derriere plus fin, & toujours en montant aux courts & plus fins, par-derriere.

Le devant doit être tressé. Les bords du front & l’étoile travaillés à l’ordinaire. Au lieu de mettre les rangs jusqu’au milieu du derriere où est posé le cordonnet, on y met le boudin qui doit occuper à-peu-près cette largeur. Ensuite on place les nœuds qui doivent à-peu-près être de la même largeur de chaque côté. On fait une tresse, que l’on appelle tresse sur boucle. On en prépare communément 14 ou 15 rangs. La longueur du premier rang doit aller jusqu’à la premiere raie. On va toujours en remontant d’une raie. Voilà à-peu-près la conduite qu’il faut tenir. Il faut commencer le premier rang sur le 10 & en faire un, un peu garni. Ensuite le second

prend le 9. On fait une passée, & puis une passée du 10. On quitte le 10, on en fait une sur le 9 seul, & sur le 9 & le 8, & ainsi de même jusqu’à l’1. On prend pour le former le toupet, la tête des cheveux tirés, & qui trop courts pour venir sont restés dans la carde. On y ajoute des cheveux frisés épointés à la longueur du 2. On les méle, on les retire à plusieurs fois & les remêle. Il faut 3 ou 4 aunes de ces tresses, que l’on appelle toupet de derriere.

Il ne faut point qu’elles soient tressées serrées, mais très-fin. Le nœud & la boucle se tressent de suite, & de la garniture du bas ; pour le tournant d’un bonnet, pour le nœud, il en faut deux ou trois rangs de la longueur de la mesure que nous avons indiquée, & pour la boucle, à-peu-près une demi-aune. Voilà tout ce qui regarde la tresse.

Présentement il nous reste à parler de la monture. Il faut monter le bord du front, l’étoile & les tournans. Ensuite on monte les nœuds au bout des tournans. On les laisse passer, comme nous avons dit, pour la boucle. Puis il faut prendre les corps de rangs ; le premier étant sur le 7, il faut le placer au fil du 6 du tournant ; en observant de le poser dans chaque espace où sont les fils que nous appellons hoches, comme nous l’avons dit. Il est à-propos que les rangs d’une perruque nouée fassent un peu le dos d’âne, en rabaissant la fin des rangs toujours en bas ; cela donne de la grace. L’on monte ensuite les devants à l’ordinaire. Après on monte la boucle, observant de laisser un petit espace de chaque côté entre elle & les nœuds ; cela sert à faire une pincée de chaque côté, si la perruque se trouve trop large. Ensuite l’on monte le dessus des boucles. Chaque rang ne doit être séparé que par un très-petit espace. Arrivé jusqu’au ruban large, on monte le toupet ; voici comment on s’y prend. Il faut tenir la tête de côté sur les genoux, poser le premier rang, au bout du premier rang de devant ; le coudre en descendant jusque sur le dernier rang de dessus des boucles, & en ajouter 5 ou 6 de chaque côté, de façon qu’il se trouve une séparation d’un doigt. On commence par le bas à coudre dans cette séparation, toujours sans couper la même tresse du toupet, allant & revenant & bien près, jusqu’à ce que l’on ait atteint le devant. Ainsi finit la monture de la perruque dont il s’agit.

Montée, on la passe aux ciseaux & au fer, comme nous avons dit plus haut, à la réserve du toupet, que l’on sépare par le milieu. La petite raie du ruban guide pour cela. En faisant l’ouverture, on renverse a droite & à gauche les cheveux du toupet sur le bout des corps de rangs ; on passe le fer dans le milieu pour les maintenir ; puis on les épointe, & on les passe aux ciseaux pour les mettre de la longueur des rangs.

Nous allons maintenant dire un mot de la perruque quarrée, ou perruque de palais. Voici la mesure que nous allons suivre, en commençant par les tournans. Voyez dans nos Planches la mesure de cette perruque.

Il faut tresser ces perruques quarrées, comme on a tressé la perruque nouée ; la monture étant faite de même, il faut la monter de même, observant que les tournans arrivent jusqu’à l’endroit où finissent les nœuds de la nouée. On laisse le même espace pour la boucle ; du reste on monte, on dresse, comme nous l’avons dit de la perruque nouée.

Nous avons oublié de parler de la longueur que l’on donne ordinairement au boudin. La perruque étant sur le 12, le boudin peut se mettre sur le 10 ou le 11.

La préparation se fait d’ordinaire moitié cheveux & moitié crin.

Il y a une sorte de perruque que l’on appelle à la brigadiere. Il n’y a guere que les anciens militaires qui en