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pompeuses, & que d’autres qui les ont examinées n’y ont point apporté les connoissances nécessaires. Je crois que c’est à le Brun & à Thevenot que nous en devons la relation la plus exacte.

On ne sauroit douter que ces ruines qu’ils ont décrites, ne soient celles d’un palais superbe qui étoit décoré de magnifiques portiques, galeries, colonnes, & autres ornemens splendides. De plus, il est constant que les ruines de Chilminar, sa situation, les vestiges de l’édifice, les figures, leurs vêtemens, les ornemens, & tout ce qui s’y trouve, répond aux manieres des anciens Perses, & a beaucoup de rapport à la description que Diodore de Sicile donne de l’ancien palais de Persépolis.

Cet auteur, liv. XVII. ch. lxxj. après avoir dit qu’Alexandre exposa cette capitale du royaume de Perse au pillage de ses Macédoniens, à la réserve du palais royal, décrit ce palais comme une piece particuliere en cette sorte.

Ce superbe édifice, dit-il, ou ce palais royal, est ceint d’un triple mur, dont le premier, qui étoit d’une grande magnificence, avoit 16 coudées d’élevation, & étoit flanqué de tours. Le second semblable au premier quant à la structure, étoit deux fois plus élevé. Le troisieme est quarré, taillé dans le roc, & a 60 coudées de hauteur. Le tout étoit bâti d’une pierre très-dure, & qui promettoit une stabilité éternelle. A chacun des côtés il y a des portes d’airain, & des palissades de même métal, hautes de vingt coudées ; les dernieres pour donner de la terreur, & les autres pour la sureté du lieu. A l’orient du palais est une montagne appellée la montagne royale, qui en est éloignée de quatre cens piés, & où sont les tombeaux des rois.

Il est certain que la description de le Brun répond autant qu’il est possible à celle de Diodore, & l’on ne peut la lire sans une espece d’admiration pour des masures mêmes, échappées aux flambeaux dont Alexandre & la courtisane Thaïs mirent Persépolis en cendres. « Mais étoit-ce un chef-d’œuvre de l’art, qu’un palais bâti aux piés d’une chaîne de rochers arides ? Les colonnes qui sont encore debout ne sont assurément ni dans des belles proportions, ni d’un dessein élégant. Les chapiteaux sur chargés d’ornemens grossiers, ont presque autant d’hauteur que le fût des colonnes. Toutes les figures sont aussi lourdes que celles dont nos églises gothiques sont encore malheureusement ornées. Ce sont en un mot des monumens de grandeur ; mais non pas des monumens de goût. » (D. J.)

PERSÉVÉRANCE, s. f. PERSÉVÉRANT, adj. (Théol. morale.) la persévérance est le nom d’une vertu chrétienne qui nous rend capables de persister dans la voie du salut jusqu’à la fin.

Les Catholiques distinguent deux sortes de persévérances finales ; l’une purement passive & formelle, qui n’est autre chose que la jonction actuelle & formelle de la grace sanctifiante avec l’instant de la mort. C’est celle qui se rencontre dans les enfans qui meurent avant que d’avoir atteint l’age de raison, & dans les adultes qui meurent immédiatement après avoir reçu la grace justifiante. L’autre qu’ils appellent active & efficiente, est celle qui nous fait persévérer constamment dans les bonnes œuvres depuis l’instant que nous avons reçu la grace de la justification jusqu’à celui de la mort.

Les Pélagiens pensoient qu’on pouvoit persévérer jusqu’à la fin par les seules forces de la nature, & les semi-Pélagiens, que la persévérance dans la foi n’étoit pas un effet de la grace.

Les Catholiques au contraire pensent qu’on ne peut persévérer jusqu’à la fin sans la grace, & sans une grace actuelle & spéciale distinguée de la grace sanctifiante, quoiqu’elle ne soit pas distinguée des

graces actuelles & ordinaires que Dieu leur accorde pour accomplir les commandemens, & que cette grace ne manque jamais aux justes que par leur faute. C’est la doctrine du deuxieme concile d’Orange. can. 25, & du concile de Trente, sess. 6. cap. xj.

Ils ajoutent qu’outre la grace sanctifiante & les secours actuel, les justes ont besoin d’une grace pour persévérer in actu 1° jusqu’à la fin, ensorte que sans cette grace ils ne persévereroient pas ; & c’est ce qu’on appelle proprement le don de persévérance dont saint Augustin a dit : negare non possumus perseverantiam in bono proficientem usque in finem, magnum esse Dei munus. Lib. de corrept. & grat. c. xvj. Or ce don, selon les Théologiens, outre les graces actuelles & ordinaires, renferme une grace de protection extérieure, qui éloigne d’eux tout danger, toute occasion de chûte particulierement à l’heure de la mort. 2°. La collection de toutes les graces actuelles qui leur sont nécessaires pour opérer le bien, éviter le mal, vaincre les tentations, &c. 3°. Une providence & une prédilection spéciale de Dieu qui est la source & le principe de ces deux premiers avantages : C’est ce qu’enseigne expressément saint Augustin lib. de corrept. & grat. cap. vij.

Les Arminiens & les Gomaristes sont fort partagés sur l’article de la persévérance finale ; les derniers soutenans que la grace est inadmissible & totalement & finalement ; d’où il s’ensuit que la persévérance des justes est non-seulement infaillible, mais encore nécessaire ; les Arminiens au contraire prétendant que les personnes les plus affermies dans la piété & dans la foi, ne sont jamais exemptes de chûte. Ce point de leur doctrine fut condamné dans le synode de Dordrecth. Voyez Arminiens & Arminianisme.

Persevérance se prend aussi pour un attachement ferme & constant à quelque chose que ce soit, bonne ou mauvaise. On persévere dans le vice ou dans la vertu.

PERSIA, (Géog. anc.) ou Persis, royaume d’Asie, qui a fait une grande figure dans le monde, & qui a souffert bien des révolutions. Voyez Perses, empire des (hist. anc. & mod.)

Quelquefois la Parthie ou la Persie ont été des royaumes différens, & quelquefois le nom de Perse a été commun à ces deux états, parce que tous deux ont été de tems en tems sujets à un même roi, & habités par un même peuple. (D. J.).

PERSICAIRE, s. f. (Hist. nat. Bot.) persicaria, genre de plante dont la fleur n’a point de pétales, elle est composée de plusieurs étamines qui sortent d’un calice profondément découpé. Le pistil devient dans la suite une semence applatie, de figure ovoïde-pointue, & renfermée dans une capsule qui a servi de calice à la fleur. Tournefort, Inst. rei. herb. Voyez Plante.

Les fleurs sont disposées en épi aux sommets des tiges & des branches : le calice est découpé en quatre quartiers ; quelques Botanistes l’ont pris par erreur pour une fleur à quatre pétales : les étamines sont au nombre de six ; l’ovaire qui est au centre du calice est fécond, de figure oblique ou circulaire ; il est muni d’un pistil découpé en deux levres, & dentelé : la semence est plate & terminée en forme d’ovale ; une peau environne la tige à l’endroit d’où les feuilles sortent, & entoure aussi les petites branches à l’opposite des feuilles.

Toutes les persicaires sont douces ou âcres, & forment dix-neuf espèces dans Tournefort. La persicaire douce commune est fort bien nommée par C. Bauhin, persicaria mitis, maculosa, & non maculosa, en anglois, the common mild-arsmart.

Elle pousse plusieurs tiges rondes à la hauteur d’un pié & plus, creuses, rougeâtres, rameuses, branchues, noueuses, & couvertes d’une peau fort dé-