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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 12.djvu/452

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fructu deorsum inflexo. On trouve souvent des ruches sur les extrémités des branches de cet arbre. Il n’est pas trop aisé de comprendre comment elles se forment ; & l’on ne se douteroit pas que des ruches aussi régulieres fussent l’ouvrage des moucherons. Rien cependant n’est plus vrai. Un essain de ces petits animaux, dit M. de Tournefort, vient piquer les branches de la pesse dans le tems qu’elles sont encore tendres ; chaque moucheron fait son trou à l’origine de la jeune feuille, justement dans l’aisselle, c’est-à-dire, dans l’endroit où la base de la feuille est attachée en travers contre la tige. Ainsi le suc nourricier qui s’extravase, élargit le trou de la piquûre, & fait écarter la base de cette feuille, qui n’est encore que collée contre la tige. Il arrive de-là que cette espece de plaie prend d’abord la forme d’une petite bouche à levres vélues, & ensuite celle d’une gueule qui laisse voir le creux de chaque cellule. Ces cellules toutes ensemble, composent la ruche. Elles sont pleines dans l’été de pucerons verdâtres, semblables à ceux qui naissent sur les herbes potageres. Chaque puceron, mis sur le creux de la main, se développe dans moins d’un demi-quart-d’heure, & laisse échapper un petit moucheron. Hist. de l’acad. des Scienc. ann. 1705. (D. J.)

PESSELAGE, s. m. (Agriculture.) c’est l’action de garnir une vigne de pesseaux.

PESSEAU, s. m. (Econom. rust.) Voyez Échalats.

PESSINUNTE, (Géog. anc.) Pessinus, ville des Galates Tolistoboies, ou Tolistoboges, dont elle étoit la métropole, selon Pline, liv. V. chap. xxxij. Strabon dit que le fleuve Sangarius couloit auprès de cette ville.

Elle étoit célebre par son temple dédié à Cybèle, & par la statue naturelle de cette divinité qui étoit tombée du ciel ; c’étoit une pierre noire qu’on gardoit précieusement à Pessinunte ; mais Rome étant affligée de maladies populaires, & d’autres calamités publiques, envoya aux Pessinuntins une ambassade, pour leur demander cette statue de Cybèle. Ses prêtres, avec tout l’attirail du culte de la divinité, vinrent eux-mêmes la remettre aux Romains. On chargea la vestale Clodia de cette pierre mystérieuse, qui fut portée en procession au-travers de la ville de Rome.

La fête ordonnée pour Cybèle à ce sujet, se renouvelloit tous les ans, & on alloit laver sa statue dans le petit fleuve Almon. Ovide nous apprend cette derniere particularité.

Est locus in Tiberim quâ lubricus influit Almo,
Et nomen magno perdit in amne minor.
Illîc purpureâ canus cum veste sacerdos
Almonis dominam sacraque lavat aquis.

Denys d’Halicarnasse, qui raconte en détail l’histoire de cette translation de Cybèle, remarque que Scipion Nasica étoit le chef de l’ambassade des Romains.

Quant à ce qui regarde Pessinunte, nous savons seulement que dans la suite des tems, cette ville devint une métropole ecclésiastique ; du moins c’est le titre que lui donne la notice de l’empereur Andronic, Paléologue le vieux. (D. J.)

PEST, (Géog. mod.) ville de la haute Hongrie, capitale du comté de même nom, sur la rive orientale du Danube, dans une plaine, vis-à-vis de Bude, à 30 lieues S. E. de Presbourg. Long. 36. 46. lat. 47. 21. (D. J.)

PESTE, s. f. (Medécine.) c’est une maladie épidémique, contagieuse, très-aiguë, causée par un venin subtil, répandu dans l’air, qui pénetre dans nos corps & y produit des bubons, des charbons, des exanthemes, & d’autres symptomes très-fâcheux.

C’est une fievre aiguë, qui devient mortelle & enleve les malades dès le premier ou le second jour, si les forces vitales ne chassent promptement le venin par les bubons, les charbons, le pourpre & autres exanthèmes.

Causes. Ce point est des plus difficile à traiter : tous les auteurs ont écrit sur cette matiere, mais nous n’avons rien de certain sur cet article. On a donné un nombre infini de conjectures ; les uns ont insisté sur la coagulation ; les autres sur l’infection générale ou locale, qui agit sur les humeurs de notre corps. Mais ce qui est de plus singulier, c’est que tous sont obligés de reconnoitre que la peste agit d’une façon fort différente sur ceux dans les pays desquels elle naît, que sur nous autres.

La peste nous vient de l’Asie, & depuis deux mille ans toutes les pestes qui ont paru en Europe y ont été transmises par la communication des Sarrasins, des Arabes, des Maures, ou des Turcs avec nous, & toutes les pestes n’ont pas eu chez nous d’autre source.

Les Turcs vont chercher la peste à la Meque, dans leurs caravanes & leurs pélerinages ; ils l’amenent aussi de l’Egypte avec les blés qui sont corrompus : & enfin, elle se conserve chez eux par leur bisarre façon de penser sur la prédestination : persuadés qu’ils ne peuvent échapper à l’ordre du Très-haut sur leur sort, ils ne prennent aucune précaution pour empêcher les progrès de la peste & pour s’en garantir, ainsi ils la communiquent à leurs voisins.

On reconnoît quatre sortes de pestes. 1°. La peste à bubons, où il survient des bubons aux aisselles & aux aînes, ou d’autres éruptions par tout le corps, comme les charbons.

2°. La suete des Anglois, sudor anglicus, dans laquelle le malade périt par des sueurs, le premier, le second, le troisieme jour, sans bubon, ni charbon.

La troisieme est sans bubon, ni charbon ; mais elle est accompagnée de dépôts gangreneux qui attaquent les piés, les mains, & sur-tout les parties extérieures de la génération dans les hommes ; de sorte que ces membres se détachent d’eux-mêmes du corps de ces sortes de pestiférés. C’est la peste d’Athènes qui a été décrite par Hérodote, & ensuite par Lucrece.

La quatrieme espece est la plus connue, elle s’appelle communément le mal de Siam ; elle vient de l’orient, & on voit mourir beaucoup de malades de cette peste à la Rochelle. Dans cette espece, le sang se perd par les pores de la peau en maniere de transpiration, & les malades périssent.

Ainsi la peste est une infection particuliere, qui prend sa naissance dans les pays chauds, qui nous vient par les vaisseaux chargés de marchandises empestées en Turquie, en Egypte, où la peste est trois ou quatre mois l’année, à cause des débordemens du Nil.

Les pestiférés, ou les ballots empestés débarqués dans nos ports, nous causent & nous attirent la peste ; telle que la derniere peste de Marseille, qui fut occasionnée par un vaisseau qu’on avoit pris sur les Turcs, & que l’on avoit amené à Marseille. Ou bien elle nous vient par la communication de l’Allemagne & de la Hongrie avec la Porte-ottomane ; c’est ainsi que les Allemands ont apporté la peste chez eux au retour des campagnes qu’ils avoient faites en Hongrie contre les Turcs.

De cette façon la peste naît & prend son origine dans les pays orientaux, & nous l’allons chercher chez eux. La peste agit sur nos humeurs, & nous ne savons pas comment.

Les causes sont internes & externes, prochaines & éloignées. Les internes sont le vice des parties, la corruption du sang & des autres humeurs. Les passions, le chagrin & la crainte de la part de l’ame ; le