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La plaie composée est celle qui se trouve jointe à quelqu’autre indisposition qui ne demande pas un traitement différent de celui de la plaie simple. Telle est, par exemple, une plaie faite aux parties molles par un instrument tranchant, qui en la divisant, a aussi divisé les os.

La plaie compliquée est celle qui se trouve jointe à quelqu’autre indisposition, ou à laquelle il survient des accidens qui demandent un traitement différent de celui de la plaie simple.

La plaie est compliquée avec la cause, ou avec quelque maladie, ou avec quelque accident.

Lorsque l’instrument qui a fait la plaie, est resté dans la partie blessée, la plaie est compliquée avec sa cause. Voyez Tumeur par la présence des corps étrangers.

Si quelque apostème survient à la partie blessée, ou qu’il y ait fracture, en même tems la plaie est compliquée avec maladie.

Enfin la douleur, l’hémoragie, la convulsion, la paralysie, l’inflammation, la fievre, le dévoiement, le reflux de matiere purulente, sont des complications accidentelles des plaies. Voyez ces mots.

La douleur, la convulsion, l’inflammation & la fievre viennent assez ordinairement de la division imparfaite de quelques parties aponévrotiques, nerveuses ou tendineuses : le moyen le plus efficace pour faire cesser ces accidens, consiste à débrider les étranglemens formés par le tiraillement des fibres de ces parties.

Le reflux des matieres purulentes, soit qu’on le regarde comme un vrai retour des matieres épanchées, soit qu’il vienne de l’érétisme ou retrécissement des orifices des vaisseaux, qui empêche les sucs de s’échapper ; ce reflux, dis-je, peut être occasionné par l’exposition d’une plaie à l’air, par le mauvais régime, par les passions de l’ame, par l’application des remedes qui ne conviennent pas à l’état de la plaie, par un pansement dur & peu méthodique. Voyez Bourdonnet.

Les signes qui caractérisent le reflux des matieres purulentes, sont la diminution de la suppuration, l’affaissement des bords de la plaie, sa pâleur, la mauvaise qualité du pus trop liquide ou trop épais, jaune & de mauvaise odeur, les frissons irréguliers suivis de fievre & de sueur froide, la petitesse du pouls, enfin les symptomes d’un dépôt à la tête, à la poitrine ou au foie. Voyez Dépot, Delitescence, Metastase.

Les signes des plaies peuvent être divisés en commémoratifs, en diagnostics & en prognostics.

Les signes commémoratifs des plaies sont les circonstances qui ont accompagné la blessure lorsqu’elle a été faite, comme la situation du blessé, & celle de la personne ou de la chose qui l’a blessé ; la grosseur & la figure de l’instrument qui a fait la plaie.

Les signes diagnostics des plaies sont sensuels ou rationels. Par la vûe on reconnoît la grandeur extérieure d’une plaie, & si elle est avec perte ou sans perte de substance ; par le toucher, soit avec le doigt, soit avec la sonde, on en découvre la direction, la profondeur & la pénétration ; par l’odorat on sent les excrémens qui peuvent sortir par les plaies de certaines parties ; par le goût on peut s’assurer de la qualité des liqueurs qui sortent de certaines plaies.

Les sens ne font pas toujours appercevoir ce qu’il y a à connoître sur une plaie ; la raison nous fait juger qu’une plaie s’étend jusqu’à certains endroits, par la lésion de l’action d’une certaine partie, par la situation de la plaie & de la douleur, par les excrémens qui sortent de la plaie, ou qui ne s’évacuent pas comme à l’ordinaire. Avec des connoissances anatomiques on trouvera très-facilement dans les plaies l’application de toutes ces choses.

Les signes prognostics des plaies se tirent des parties où elles sont situées, de leur cause, & de leur différence essentielle.

En considérant les parties où les plaies se trouvent, on les regarde comme légeres, ou comme graves, ou comme mortelles. Les plaies légeres sont celles de la peau, de la graisse, & des muscles ; elles ne demandent que la réunion, lorsque d’ailleurs elles ne sont point compliquées d’accidens. Voyez Réunion.

Les plaies graves sont celles des parties membraneuses, tendineuses, aponévrotiques, & en particulier celles des articulations. Le succès de leur cure est quelquefois douteux, à cause des accidens dont elles sont souvent accompagnées.

On appelle plaies mortelles celles des gros vaisseaux & des parties intérieures, quoique certaines puissent guérir. On entrera dans un plus grand détail du prognostic des plaies des parties intérieures, en parlant des plaies en particulier.

Les plaies faites par instrument tranchant sont moins fâcheuses que celles qui sont faites par un instrument piquant ; celles qui sont faites par un instrument contondant sont plus fâcheuses que celles qui sont faites par un instrument tranchant ou piquant. Les plaies simples ne sont point dangereuses, les composées le sont davantage ; mais les compliquées sont toujours fâcheuses, plus ou moins, suivant la nature de la complication.

On distingue quatre états ou tems dans la durée des plaies. Le premier est celui où elle saigne ; le second est celui où elle suppure ; le troisieme est celui où se fait la régénération des chairs ; & le quatrieme est celui où se fait la cicatrice.

La cure des plaies consiste dans la réunion des parties divisées par les moyens dont on traite au mot Réunion. Mais lorsqu’une plaie est avec une perte de substance si considérable qu’on ne peut en rapprocher les levres, on fait suppurer légérement cette plaie dans le premier & dans le second tems avec des suppuratifs doux ; dans le troisieme tems, on la déterge avec des sarcotiques ; enfin, dans le quatrieme tems, on la desseche & on la cicatrise avec les dessicatifs & les cicatrisans.

Une chose essentielle dans la cure des plaies est d’éloigner les accidens qui pourroient empêcher la nature de procurer la guérison de la plaie : on met la partie dans une situation qui favorise le retour des liqueurs, & l’on garantit la plaie & la partie des impressions de l’air par l’appareil & les médicamens convenables. La saignée & le régime empêchent l’engorgement & l’embarras des liqueurs aux environs de la plaie ; enfin, on remédie aux accidens par l’usage des remedes convenables à leur espece.

Des plaies en particulier. Les plaies sont divisées par rapport aux parties où elles arrivent, en celles de la tête, du col, de la poitrine, du ventre, & des extrémités.

Des plaies de tête. Les plaies de la tête different entr’elles en ce que les unes sont faites aux parties contenantes, & les autres aux parties contenues.

Celles de la peau du crâne sont avec division ou sans division. Les premieres sont l’effet de l’action d’un instrument tranchant ou piquant. Celles qui sont sans division forment une tumeur qu’on appelle vulgairement bosse, elles sont faites avec des instrumens contondans. Voyez Contusion.

Les plaies faites au péricrâne par des instrumens tranchans simples, sont ordinairement simples comme celles qui sont faites à la peau par les mêmes instrumens. Mais celles qui sont faites par un instrument contondant ou piquant, sont quelquefois suivies d’accidens fort violens.

La contusion du péricrâne s’annonce par les signes suivans : une douleur fort vive, mais extérieure ; l’as-