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dessus des pepins, & reprend la forme de canal pour aller aboutir à l’ombilic ou à la tête de la poire ; il y trouve le tissu pierreux auquel il s’unit, & tous deux ensemble forment un rocher très-sensible.

Cela n’empêche pas qu’il n’y ait des parties jettées çà & là moins régulierement dans le reste du corps de la poire ; elles sont liées par une substance plus molle & plus douce ; il y en a, mais de beaucoup plus petites, jusque dans les poires que l’on appelle fondantes. Ces pierres ne sont pas sensibles dans les fruits nouvellement noués ; ce ne sont que de petits grains blancs sans solidité, mais ils durcissent ensuite & grossissent à tel point, que les fruits encore fort petits, ne sont presque que des pierres, moins dures cependant qu’au tems de la maturité, mais en plus grand nombre, par rapport au volume du fruit ; car à mesure que le fruit croît depuis un certain point, les pierres ou croissent moins ou ne croissent plus, & même il en disparoît. Quand elles sont dans leur parfaite grosseur, on peut voir quantité de filets ou qui y entrent ou qui en sortent ; leur substance n’est point formée par lames ou par couches, mais par grains.

La quatrieme enveloppe qui fait partie de la peau de la poire, & qui est posée sur le tissu pierreux, paroît formée d’un entrelacement perpétuel de vaisseaux anastomosés les uns avec les autres ; nous les nommons vaisseaux par analogie, car on n’y voit aucune cavité, mais seulement une espece de duvet remplissant l’intérieur de ce vaisseau, qui n’est donc plus qu’un simple filet solide ; cependant l’idée de vaisseaux est trop nécessaire pour être abandonnée.

Il nous reste à considérer la partie la plus importante de tout le fruit, celle à laquelle tout le reste paroît subordonné, parce qu’elle assure la perpétuité de l’espece : ce sont les pepins ou semences de la poire dont je veux parler. Ils sont logés deux à deux en cinq capsules, vers le milieu de l’axe, & même de tout le corps du fruit. Il est à remarquer que les filets ou vaisseaux qui font de ce milieu une espece de globe qu’ils enveloppent, ont dix branches plus grosses que les autres, dont cinq répondent assez exactement aux capsules des pepins, & les cinq autres aux intervalles qu’elles laissent entr’elles : de sorte que toute la poire divisée selon la position & dans le sens de ces vaisseaux, le seroit en dix parties égales. Mais la méchanique des pepins & de tout ce qui leur appartient, n’est point connue ; le fin de tout le mystere, la maniere dont se fait la génération du fruit, échappe à tous les yeux. Cependant le lecteur trouvera des choses bien curieuses sur cette matiere, dans Malpighi, dans Grew, Leewenhoek, Ruysch, & dans trois mémoires sur l’anatomie de la poire, par M. Duhamel, insérés dans le recueil de l’académie des Sciences, années 1730, 1731, & 1732, avec figures.

Poire des Indes, (Botan. exot.) nom donné par divers botanistes au fruit d’un grand arbre des Indes orientales. L’écorce de cet arbre est fort unie, rougeâtre en-dehors & blanche en-dedans. Ses feuilles sont petites, épaisses, d’un verd pâle. Sa fleur est composée de trois longs pétales irréguliers, qui, quand ils sont fermés, représentent une espace de fausse pyramide, dont l’odeur est très-désagréable. Son fruit est de figure conique, de la grosseur du doigt, & d’une contexture ligneuse ; il se partage en plusieurs filamens qui s’étendent & percent dans toute sa substance. Ce fruit acquiert en murissant une écorce ou plûtot une peau rouge, lisse & fine, ce qui est tout le contraire des autres fruits des Indes, qui ont presque toujours la peau fort épaisse, pour les mettre en état de soutenir la grande chaleur du climat. L’intérieur de ce fruit est une pulpe blanche, douce au toucher, sucrée, agréable au goût, & qu’on enleve avec une cuiller ; il contient au milieu, com-

me nos poires européennes, plusieurs pepins lisses &

noirs. Quand ce fruit a passé le tems de sa parfaite maturité, sa partie pulpeuse s’échappe de ses fibres, lesquelles demeurent dans cet état long-tems attachées, & pendantes au pédicule. (D. J.)

Poire de terre, (Botan.) voyez Topinambour & Pomme de terre, Botan.

Poire, (Balancier.) ou autrement dite masse ou contrepoids, est ce morceau de métal ordinairement de cuivre ou de fer, attaché à un anneau, qu’on coule le long de la verge romaine ou peson, pour trouver la pesanteur des marchandises qu’on met au crochet de cette balance.

Poire à bourse, en terme de Boutonnier, c’est une piece d’ouvrage tournée en ventre diminué d’un bout, & long & étroit par l’autre. On s’en sert pour faire des glands de bourses, dont elles ont tiré leur nom.

Poires secretes, (terme d’Eperonnier.) c’est une sorte d’embouchure du mords d’un cheval.

Poires, s. f. (terme de Chasseur.) fournimens faits de carton couvert d’un cuir mince coloré, qui sert à mettre de la poudre à canon ou à giboyer. Il y a de grosses & de petites poires ; les unes qu’on met dans la poche, les autres qu’on porte pendues en écharpe avec une grosse tresse de soie. On les nomme poires, parce qu’elles ont assez la figure du fruit à qui on a donné ce nom. Ce sont les marchands merciers-quincailliers qui en font le négoce. Ils les tirent presque toutes de Rouen. (D. J.)

POIRÉ, ou Cidre de poire, s. m. (Boisson artific.) liqueur vineuse, claire, approchante en couleur & en goût du vin blanc ; elle est faite avec le suc tiré par expression de certaines poires acerbes & âpres à la bouche, lesquelles on cultive en Normandie. Ce suc en fermentant devient vineux comme le cidre & le vin, parce que son sel essentiel atténue, rarefie, & exalte ses parties huileuses & les convertit en esprit ; il enivre presqu’aussi vîte que fait le vin blanc, & l’on en tire une eau-de-vie par la distillation. Il contient un sel tartareux qui peut le réduire en vinaigre par une seconde fermentation quand il est vieux. Le poiré est apéritif. (D. J.)

POIREAU, s. m. (Hist. nat. Botan.) porrum, genre de plante à fleur liliacée, presque en forme de cloche, & composée de six pétales. Le pistil occupe le milieu de cette fleur, & devient dans la suite un fruit arrondi & divisé en trois loges, qui renferme des semences arrondies. Ajoutez aux caracteres de ce genre que les étamines sont larges, applaties & terminées par trois filamens ; celui du milieu a un sommet. Les fleurs sont rassemblées en un bouquet presque rond : enfin les racines sont longues, cylindriques & composées de tuniques qui deviennent des feuilles plates ou quelquefois pliées en gouttiere. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.

Le poireau est incisif, pénétrant, apéritif, resolutif ; il excite le crachat, les urines & les mois aux femmes ; il est propre contre la morsure des serpens, pour guérir la brûlure, les hémorrhoïdes, le bruissement d’oreille, pour aider à la suppuration : on s’en sert à l’intérieur & à l’extérieur.

Poireau, (Maréchall.) les Maréchaux appellent ainsi une verrue ou excroissance de chair spongieuse qui vient aux paturons de derriere des chevaux ; elle est grosse à-peu-près comme une noix, & jette & suppure des eaux rousses & puantes. Le poireau ne se guérit que pour un tems, il revient toujours.

POIRÉE, s. f. (Hist. nat. Botan.) beta, genre de plante dont la fleur est composée de plusieurs étamines qui sortent d’un calice à cinq feuilles. Plusieurs fleurs se réunissent en forme de tête, & leurs calices deviennent dans la suite un fruit presque rond qui renferme des semences. Tournefort, Instit. rei herb. Voyez Plante.