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avoit été précédée de tout un siecle par celle qu’avoit faite de cet ouvrage Jean de Meun, surnommé Clopinel, parce qu’il clopinoit ou boitoit, mais plus connu encore par sa continuation du fameux roman de la Rose commencé par Guillaume de Lorris ; il dédia sa traduction de la consolation philosophique de Boëce à Philippe le Bel, en ces termes : « A ta royale majesté..... jaçoit ce que entendes bien le latin, » &c. (Le Chevalier de Jaucourt.)

POLIIFOLIUM, (Botan.) genre de plante décrit par Buxbaum ; ses fleurs sont monopétales, du genre de celles qui sont faites en cloches sphéroïdes ; le vaisseau séminal est divisé en cinq parties, & contient plusieurs semences arrondies. Les feuilles sont semblables à celles du polium de montagne, d’où lui vient son nom ; les fleurs ressemblent à celles de l’arboisier, & le fruit à celui de ciste. Cette plante est connue depuis long-tems, mais mal nommée, & confondue avec d’autres genres ; c’est celle que Ray nomme sedum arbuti flore ; ce genre appartient proprement à celui des plantes qui s’élevent en arbrisseaux, & qui portent des fruits secs ; ainsi on peut le placer communément après les chamœrhododendros. Il y en a une autre espece africaine, dont les fleurs sont plus courtes & plus arrondies.

POLIMATRIUM ou POLIMARTIUM, (Géog. anc.) ville d’Italie, l’une de celles dont les Lombards se rendirent maîtres, & que l’exarque de Ravenne reprit. Elle subsiste encore aujourd’hui, & se nomme par corruption Bornarzo.

POLIMENT, (Art. méchan. & Gram.) l’art de polir, consiste à donner aux choses un vernis ou un lustre, particulierement aux pierres précieuses, au marbre, aux glaces, aux miroirs, ou à quelque chose de semblable. Voyez Lustre, &c.

Le poliment ou poli des glaces, des lentilles, &c. se fait après qu’on les a bien frottées pour en ronger les inégalités. Voyez Action de moudre, voyez aussi Glaces, Lentille, &c.

Le poliment ou poli est la derniere préparation que reçoit un miroir, avec de la poudre d’émeri ou de la potée. Voyez Miroir, quant au poli des diamans, &c. Voyez Lapidaire, &c.

Poliment, s. m. (Joaill. Sculpt. &c.) c’est l’action qui donne le lustre & l’éclat à quelque pierre ; il se dit aussi du lustre même & de l’éclat qu’une chose a reçû de l’ouvrier qui l’a polie. Cette émeraude a pris un beau poliment ; le poliment de ces marbres est parfait. (D. J.)

Poliment des statues, (Sculpt. antiq.) il n’est pas douteux qu’on donnoit chez les anciens le poli aux statues de marbre en les cirant. Pline nous l’apprend liv. VII. ch. ix. mais nous ne connoissons plus cette pratique ; plus cette couche de cire étoit mince, plus les statues conservoient l’esprit du travail du sculpteur : & c’étoit apparamment dans ce sens, que Praxitelle donnoit la préférence à celles de ses statues auxquelles Nicias, artiste expérimenté, avoit ainsi donné cette espece de poli. Il est vrai que nous ne voyons dans les statues antiques qui subsistent, aucune trace de cette espece de poliment ; mais cela ne doit point surprendre ; le tems l’a dû effacer ; la croute étoit trop mince pour être de durée. J’ajouterai néanmoins que le poliment des anciens paroît préférable à celui dont nous nous servons ; car il étoit exempt de frottement dans l’opération, & différent en cela de celui de la pierre-ponce que nous pratiquons, qui doit nécessairement émousser certaines petites arêtes, dont la vivacité ne contribue pas peu à rendre un travail ferme & spirituel. (D. J.)

POLIMITES, s. m. (Manufact.) nom que les Flamands donnent à certaines étoffes fort légeres, qui ne sont autre chose que des especes de petits camelots de la fabrique de Lille, dont la largeur est d’un

quart & demi, ou trois huitiemes d’aune de Paris. Il s’en fait de différentes longueurs, les unes toutes de laine, les autres de laine mêlées de fil de lin, d’autres dont la chaîne est de laine & la trame de poil, & d’autres toutes de poil de chevre.

POLIMUR, ou POLINEUR, (Géogr. mod.) ville des états du Turc dans l’Anatolie sur le bord de la mer de Marmora, au fond du golfe de Montagna, à l’occident d’Isnich, ou Nicée.

POLINO, ou L’ILE BRULÉE, (Géog. mod.) petite île de l’Archipel, sur la côte de l’île de Milo, du côté de l’orient septentrional ; elle s’appelloit anciennement Polyegos. (D. J.)

POLIR, v. act. (Gramm.) en général c’est ôter les inégalités, applanir la surface, & lui donner de l’éclat. Ce mot se dit au simple & au figuré. On polit le marbre, on polit l’acier ; on polit les mœurs, on polit l’esprit ; on ne polit pas le cœur, on en exerce & augmente la sensibilité.

Polir les Aiguilles, terme d’Aiguillier, qui signifie leur donner le poli nécessaire pour qu’elles puissent glisser aisément dans les étoffes ou toiles lorsqu’on s’en sert pour coudre. Voyez Aiguille.

Polir, en terme d’Epinglier-Aiguilletier, est l’action d’ôter tous les coups de la lime douce d’une aiguille : voici comme on s’y prend. On enferme les aiguilles dans un morceau de treillis neuf, on en fait un rouleau que l’on lie avec des cordes serrées le plus qu’il a été possible. On y met de l’huile & de l’emeri ; ensuite, à l’aide d’une planche attachée & suspendue par chaque bout à une corde qui tombe du plancher, & recouverte d’une grosse pierre, on le frotte fort long-tems en roulant cette planche sur les aiguilles qui sont posées sur une table.

Polir, terme d’Arquebusier, c’est rabattre les inégalités qui sont sur le bois d’un fusil ou d’un pistolet après qu’il a été sculpté. Les arquebusiers se servent pour cela de pierre-ponce & de prêle.

Polir, en terme de Boutonnier, c’est l’action de rendre unis & égaux les moules de boutons planés en les frottant tous ensemble à force de bras dans une corbeille avec de la cire jaune.

Polir, en terme de Bijoutier, c’est comme dans tout autre art, effacer les traits que peuvent avoir faits les différens outils dont on s’est servi ; toutes les pierres, potées, ou autres ingrédiens dont on se sert à cet effet, ne font que substituer des traits plus fins à ceux qu’ils enlevent, & tout l’art consiste à se servir de pierres ou poudres qui en laissent de tellement fins & tellement raccourcis que l’œil ne puisse les appercevoir.

Le poliment de l’or se fait ainsi. On se sert d’abord de pierres vertes qui se tirent de Bohème, pour dresser les filets, gravures, ornemens & les champs d’iceux du dessus des tabatieres.

Pour les dedans des tabatieres, également de grandes pierres vertes & larges, & de grosses pierres de ponce ; après cette opération, qui a enlevé les traits de la lime & les inégalités de l’outil, on se sert de pierre-ponce réduite en poudre, broyée & amalgamée avec de l’huile d’olive qui adoucit les trais de la pierre, & de la grosse ponce ; à cette seconde opération succede celle du tripoli : rien n’est plus difficile que le choix de la pierre de tripoli & sa préparation ; il faut la choisir douce, & cependant mordante ; il faut la piler bien proprement, la laver de même, & ce n’est que du résultat de sept à huit lotions faites avec grand soin, dont on se sert, & que l’on conserve bien proprement ; le moindre mélange de mal-propreté nuit, & fait qu’on est souvent obligé de recommencer : on emploie cette poudre fine de tripoli avec du vinaigre, ou de l’eau-de-vie, lorsqu’on a avec cette poudre effacé les traits de la ponce à l’huile, on termine par donner le vif à l’ouvrage.