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des especes de potagers, dont la culture s’est perfectionnée de plus en plus. Un potager est de tous les jardins le plus nécessaire à la vie ; ce mot vient de ce qu’on y cultive les herbes nécessaires pour faire les bons potages ; on y éleve aussi des racines, des salades, des plantes bulbeuses, des légumes, & des fruits de plantes potageres.

On le doit bien exposer, en amander les terres, & quant à la culture, une vigne ne doit pas être mieux entretenue qu’un potager, mieux fumée, mieux labourée, mieux sarclée, l’eau sur-tout ne doit pas manquer ; s’il y en a trop, on fera faire une grande pierrée dans le milieu, bâtie à pierres seches où se viendront rendre quantité de petites rigoles imperceptibles qu’on pratiquera pour amasser les eaux des plates-bandes & des allées.

Si ce potager est coupé de murs pour multiplier les espaliers, il faut que les quarrés aient du moins 15 à 20 toises de tout sens pour y ménager des plates-bandes, des allées au pourtour, & un quarré au milieu pour y dresser de grandes planches.

Le jardinier intelligent distribuera différemment ses plantes dans un terrein sec que dans un terrein gras & humide ; il espacera plus au large ses légumes dans un pays gras où ils viennent plus forts, que dans un pays sec où on a assez de peine à les élever : dans un pays gras il tiendra ses planches un peu élevées, afin qu’elles s’égouttent dans les allées ; dans un terrein sec c’est tout le contraire. Cet habile homme profitera des différentes natures de terre qui se trouvent souvent dans un même potager ; s’il a quelque endroit bas & un peu humide, il y mettra des artichaux, bétraves, scorsoneres, salsifis, carottes, panais, choux, épinars, &c. Les endroits plus secs seront remplis de laitues, chicorées, cerfeuil, estragon, basilic, pimprenelle, baume, pourpier, ail, échalotes, &c. s’il trouve quelque terrein meilleur entre le sec & l’humide, il y élevera des asperges, des fraises, cardons, céleri, passe-pierre, &c.

Potager, (Maçonn.) c’est dans une cuisine, une table de maçonnerie à hauteur d’appui, où il y a des réchauds scellés. Les fourneaux ou potagers sont faits par arcades, de deux piés de large, posés sur de petits murs de huit à neuf pouces d’épaisseur, & dont l’aire est retenue par ses bords, par une bande de fer sur le champ, recourbée d’équerre, & scellée dans le mur. (D. J.)

POTAKI, (Comm. du Levant.) c’est ainsi qu’on nomme à Constantinople, les cendres & potasses qui viennent de la mer Noire. Les potaki font une partie du négoce des Anglois & des Hollandois dans cette échelle ; ces deux nations en enlevent tous les ans une très-grande quantité pour l’apprêt de leurs draps, ces sortes de cendres étant très-propres pour les dégraisser.

POTAMIDES, s. f. (Mythol.) nymphes des fleuves & des rivieres ; ποταμὸς est un fleuve.

POTAMOGEITON, s. m. (Botanique.) aux caracteres de ce genre de plantes par Tournefort, joignons ceux du système de Linnæus. La fleur du potamogeiton n’a point de calice, mais est composée de quatre pétales ouverts, creux, arrondis, & obtus, lesquels tombent avant la maturité des graines ; les étamines sont quatre filets extrèmement courts, obtus, & applatis ; les bossettes des étamines sont courtes & doubles. Le pistil a quatre germes ovales & pointus ; ils n’ont point de stile, mais des stigmates obtus : le fruit consiste en quatre graines arrondies, applaties & pointues qui succedent à chaque fleur.

Le potamogeiton est nommé vulgairement en françois épic d’eau, en anglois pond-weed ; Tournefort en établit douze especes, entre lesquelles nous décrirons seulement celle qui est à feuilles rondes, potamogeiton rotundi folium, C. B. P. 193. Ray, Hist. j.

188. Tourn. I. R. H. 233. Boerh. Ind. alt. 196.

C’est une plante aquatique qui pousse plusieurs tiges longues, grêles, rondes, nouées, rameuses. Ses feuilles qui naissent dans l’eau, sont d’abord étroites & s’élargissent en s’élevant au-dessus de l’eau ; elles sont de figure presque ovale, pointues, nerveuses, vertes, pâles, luisantes, nageant sur la surface de l’eau comme celles du nenuphar, & attachées à de longues queues. Il s’éleve d’entre ces feuilles des pédicules qui soutiennent des épics de fleurs à quatre pétales, disposées en croix, de couleur rougeâtre ou purpurine. Il succede à ces fleurs des capsules ramassées en maniere de tête, oblongues, pointues par un bout, remplies de quelques graines blanches.

Cette plante croît dans les marais & dans les étangs ; elle fleurit au mois de Juin & de Juillet ; on n’emploie que ses feuilles, auxquelles les Médecins donnent une qualité rafraichissante & incrassante.

Son nom potamogeiton est formé des mots grecs, ποταμὸς, fleuve, & γείτων, voisin, à cause qu’elle croît sur le bord des fontaines.

L’espece de potamogeiton, flosculis ad foliorum nodos. I. R. H. 233. est le myriophylon, aquaticum, minus, de Clusius. Hist. 352. en anglois, the water milfoil. (D. J.)

POTAMOPITIS, (Botan.) genre de plante établi sous ce nom par Buxbaum, dans les Mémoires de l’académie de Pétersbourg ; sa tige s’éleve environ à la hauteur de quatre pouces ; elle est formée de plusieurs nœuds qui s’emboîtent les uns dans les autres, comme autant de calices ; chaque nœud est garni de feuilles découpées en étoile à huit rayons ou environ ; elles sont plus étroites au bas de la tige, plus larges au sommet, mais rares, & quelquefois seulement au nombre de deux à chaque nœud. Les fleurs sortent des aisselles des feuilles, elles sont blanches, à quatre pétales disposés en croix, & soutenues par un calice à quatre feuilles, & elles n’ont point de pédicule. Le pistil occupe le centre de la fleur, & est environné de quatre étamines. Le vaisseau séminal est arrondi, divisé en quatre loges, & rempli de semences grêles, faites en croissant : cette plante fleurit en Mai ; elle est commune aux lieux marécageux de la Thrace, près du Bosphore. Hist. Petropol. vol. I. pag. 243.

POTAMOS ou POTAMUS, (Géog. anc.) bourg du Péloponnèse, dans l’Attique. C’étoit un bourg maritime de la tribu Léontide, au-delà du promontoire Sunium, en regardant du côté de l’Europe, & c’est ce qu’on appelle maintenant le port de Raphti, où il n’y a aucune habitation : c’étoit là qu’on voyoit le monument d’Ion, fils de Xuthus. A Athènes on lit, dans l’église d’Agioi apostoli, un fragment d’inscription, où il est fait mention des citoyens de ce bourg… ΣΤΡΑΤΟΚΛΕΟΥΣ ΠΟΤΑΜΙΟΥ… ΘΥΓΑΤΗΡ. Les habitans de Potamos furent autrefois l’objet des railleries du théâtre d’Athènes, par leur facilité & leur inconstance à créer de nouveaux magistrats. Ce bourg est le même que Pausanias, liv. VII. ch. j. appelle la tribu des Potamiens. 2°. Potamos ou Potamus, lieu maritime dans la Galatie. Arrien, dans son Périple du Pont-Euxin, pag. 15. le met entre Stephanes & Leptes-acra, à 150 stades du premier de ces lieux, & à 120 stades du second. Ce Potamos pourroit bien être le Potamia de Strabon. (D. J.)

POTASSE, ou POTASCHE, s. f. (Chimie, Comm. & Arts.) ce mot est originairement allemand ; il signifie cendre de pot, & a été adopté en françois & en anglois, pour désigner un sel alkali fixe qui se tire des cendres de différens bois brûlés, on donne aussi le nom de potasse à la cendre même qui contient ce sel alkali fixe ; cette cendre est rendue compacte & solide comme une pierre, parce qu’on l’humecte pour cet effet avec de l’eau, après quoi on la calcine pour