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noms des deux familles de Rome qui étoient employées dans les sacrifices, & dont les chefs Potitius & Pinarius avoient été choisis par Evandre, roi d’Italie, pour être les ministres des sacrifices qu’il offrit à Hercule. On dit qu’au commencement les potitiens seuls avoient droit de boire des liqueurs qu’on présentoit aux dieux, & qu’en conséquence leur nom venoit du grec ποτίζειν, qui signifie boire. Ils mangeoient aussi seuls des victimes immolées aux quelles les Pinariens n’avoient point de part : ce qui fait qu’on tire le nom de ceux-ci de πεινᾶν, avoir faim, ne point manger. Ces familles devinrent si puissantes, qu’elles mépriserent ces offices, & les abandonnerent à des esclaves.

POTIVOL ou PUTIVOL, (Géog. mod.) petite ville de l’empire russien, dans la partie méridionale du duché de Séverie, sur la riviere de Sent, un peu au-dessus de son confluent avec le Nevin : elle est située entre Baturin, capitale des Cosaques, & Rylsk, à l’orient de la premiere, & au couchant de la seconde. Delisle atlas. (D. J.)

POTNIADES, s. f. (Mythol.) déesses qui n’étoient propres qu’à inspirer la fureur ; on croit que c’est un surnom des Bacchantes qu’elles prirent de la ville de Potnia en Béotie, où elles avoient des statues dans un bois consacré à Cérès & à Proserpine. On leur faisoit des sacrifices dans un certain tems de l’année ; & après ces sacrifices, on laissoit aller en quelques endroits du bois, des cochons de lait qui, suivant les gens du pays, se retrouvoient l’année suivante à pareil tems, paissant dans la forêt de Dodone. On disoit encore que dans le temple de ces déesses à Potnie, il y avoit un puits dont l’eau rendoit furieux les chevaux qui en buvoient.

POTNIES, (Géog. anc.) Potniæ, ville de Bæotie, selon Etienne le géographe, qui dit que quelques-uns l’appelloient Hypothebæ. Pausanias, l. IX, c. 18, écrit que de son tems on voyoit les ruines de cette ville, au milieu desquelles subsistoient les bois sacrés de Cérès & de Proserpine. Glaucus, fils de Sisyphe, étoit de Potnies. Ayant voulu empêcher ses jumens d’être sautées par des étalons, croyant qu’elles deviendroient par ce moyen plus vigoureuses & plus légeres à la course, il fut puni par Venus, qui rendit ses cavales si furieuses, qu’elles mirent en pieces leur propre maître ; c’est Virgile qui nous le dit, & j’aime mieux sa fable que celle d’Hygin, qui est ridicule.

Scilicet ante omnes furor est insignis equarum,
Et mentem Venus ipsa dedit quo tempore Glauci
Potniades, malis membra absumpsere quadrigæ.

Georg. l. III. v. 266.

POTOSI le, (Géog. mod.) ville du Pérou, dans la province de los Charcas ou de la Plata, au pié d’une montagne qui est faite comme un pain de sucre, & dont la couleur est d’un brun rouge.

Cette ville est renommée dans tout le monde par les immenses richesses qu’on en a tirées, & qu’on tire encore de la montagne, au pié de laquelle elle est bâtie. Les églises y sont en grand nombre, ainsi que les prêtres & les moines. Les Espagnols & Créoles qui l’habitent, y possedent de grandes richesses, & vivent avec encore plus de mollesse. Ils voyagent dans des branles à la façon des Portugais de San-Salvador & de Rio-Janeyro. Quatre indiens supportent ordinairement ce branle sur leurs épaules. Les femmes reçoivent les visites couchées sur des lits de repos, où elles jouent de la guitarre, disent leur chapelet, & régalent les personnes qu’elles invitent, de la teinture de l’herbe du Paraguai, ou du coca.

Les mines d’argent de la montagne du Potosi ne furent découvertes qu’en 1545. Elles sont si riches que depuis l’année de leur découverte jusqu’en 1638, elles avoient fourni, suivant le calcul qui en a été

fait, trois cens quatre-vingt-quinze millions, six cens dix-neuf mille piastres ; elles commencent aujourd’hui à s’épuiser ; car la monnoie ne bat plus que le dixieme de ce qu’elle faisoit il y a cent ans ; mais on ne doute point qu’il n’y ait encore d’autres mines d’or & d’argent dans la province de la Plata. Les malheureux indiens qu’on force de travailler aux mines, les exploitent toujours nuds, afin qu’ils ne puissent rien cacher, & cependant les lieux où ils travaillent, sont extrèmement froids.

Les mines du Potosi ont attiré dans la ville tous les espagnols qui courent après les richesses. Elle est habitée par environ soixante mille ames qui y sont interessées, sans compter les travailleurs indiens. Le roi d’Espagne retire le quint du produit ; la France, l’Angleterre & la Hollande profitent du reste de ce commerce. Long. 312, 50, latit. méridionale 20, 40. (D. J.)

POTRIMPOS, (Idolat. du Nord.) nom d’une idole des anciens Prussiens qu’ils adoroient sous des chênes, comme le percunos & le picolos, & auxquels ils offroient des sacrifices de leurs ennemis. Mém. de l’acad. de Berlin, tom. II. p. 458.

POTTLE, s. f. (Com.) mesure d’Angleterre, qui contient deux quartes d’Angleterre. Voyez Mesure.

Deux de ces mesures, en fait de matieres liquides, font un galon ; mais pour les matieres seches, trois de ces mesures ne font qu’un galon.

Le pottle est environ deux pintes ou une quarte de Paris.

POTUA ou POTINA, s. f. (Mytholog.) déesse qui présidoit à la boisson.

POU, POUIL, POUL, s. m. (Hist. nat. Ins.) pediculus, Pl. XXIII, fig. 6, insecte qui vit & qui se multiplie sur le corps de l’homme, & principalement sur la tête : les enfans ont des poux plus communément que les personnes d’un certain âge. La plûpart des quadrupedes, des oiseaux, des insectes & même des poissons, ont aussi des poux qui different entr’eux selon les diverses especes d’animaux. Le pou de l’homme a la tête un peu oblongue par devant, & arrondie par derriere ; elle est recouverte d’une peau dure, comme du parchemin, tendue, transparente & hérissée de poils. La trompe, ou plûtôt l’aiguillon qui lui tient lieu de bouche, est située à l’extrémité antérieure de sa tête ; cet aiguillon est presque toujours caché en-dedans, & on ne le voit au-dehors que lorsque le pou l’enfonce dans la peau pour en tirer sa nourriture. Si on observe cet insecte au microscope, dans ce moment on voit très-distinctement le sang qu’il pompe, passer dans sa tête, & tomber ensuite dans l’estomac. Les deux antennes sont aussi revêtues d’une peau dure & semblable à du parchemin ; elles sont situées sur les côtés de sa tête, & elles ont chacune cinq articulations. Les yeux se trouvent derriere les antennes. Le cou est fort court, & se joint au corcelet. Le pou a six jambes attachées à la partie inférieure du corcelet ; elles ont chacune six parties de différentes grandeurs, distinguées les unes des autres par des articulations ; il y a à chaque pié deux ongles ou crochets d’inégale longueur, au moyen desquels cet insecte grimpe le long d’un cheveu, en le saisissant avec ses crochets. Le ventre est divisé en six anneaux, & son extrémité inférieure se termine par une sorte de queue fourchue.

Le pou n’a point d’aîles ; il acquiert sa forme parfaite dans l’œuf qu’on nomme lente ; dès qu’il en est sorti, il n’éprouve plus d’autre changement que celui qui est causé par un simple accroissement pendant lequel il quitte sa peau plusieurs fois. La lente est terminée du côté de la tête par un limbe ovale. Lorsque le pou qui est renfermé dans l’œuf, a pris assez de consistance & de force pour sortir de sa coque ; alors le limbe ovale se sépare du reste de la coque dans la