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gument, ni un discours, ni une narration, ni une apologie.

Préface est aussi une partie de la messe que le prêtre chante sur un ton particulier & noble avant que de réciter le canon. Voyez Messe.

L’usage des préfaces est très-ancien dans l’Eglise, & on conjecture qu’il est du tems des Apôtres, par quelques passages de S. Cyprien, de S. Chrysostome & de S. Augustin.

La préface de la messe a eu autrefois & en différentes églises, différens noms. Dans le rit gothique ou gallican on l’appelloit immolation ; dans le rit mozarabique, illation ; chez les Francs anciennement, contestation ; dans l’église romaine seule, préface.

PRÉFECT, s. m. (Ant. rom.) les préfects étoient des officiers au-dessus des lieutenans que les gouverneurs des provinces employoient comme ils le jugeoient à propos. Plusieurs personnes prenoient cette qualité comme un simple titre d’honneur, & sans exercer aucune fonction. Atticus lui-même avoit été nommé préfect par plusieurs gouverneurs, sans être jamais allé avec eux dans leurs provinces. (D. J.)

Préfect de Rome, (Hist. rom.) c’étoit un des premiers magistrats de Rome qui la gouvernoit en l’absence des consuls & des empereurs. Il avoit l’intendance des vivres, de la police, des bâtimens & de la navigation. Son pouvoir s’étendoit à mille jets de pierre hors de Rome, selon Dion. On jugeoit devant lui les causes des esclaves, des patrons, des affranchis & des citoyens turbulens. Au premier jour de l’année il faisoit un présent à l’empereur au nom de tout le peuple, de coupes d’or avec cinq sous de monnoie : vobis solemnes pateras cum quinis solidis ut numinibus integritatis offerimus, dit Symmachus.

Dente Romulius fut choisi par Romulus pour être prefect de la ville de Rome. Ce prince lui attribua le droit d’assembler le sénat, & de tenir les comices. Ses fonctions tomberent lorsqu’on eut créé la charge de préteur, & l’on ne fit alors de préfect à Rome que pour y célébrer sur le mont Alban les fêtes latines instituées par Tarquin le Superbe en l’honneur de Jupiter. Mais Auguste fit revivre la charge de préfect de la ville, & lui attribua de si grandes prérogatives, que dans la suite cette charge absorba dans Rome l’autorité de toutes les autres magistratures. (D. J.)

Préfect des ouvriers, (Art milit. des Rom.) en latin præfectus fabrum, emploi militaire & important chez les Romains. Cette charge avoit dans son détail l’armement des troupes, les machines de guerre, la construction des camps, les équipages, les voitures & généralement tous les ouvrages des charpentiers, des maçons, des forgerons, des pionniers & des mineurs. Il n’y avoit point de charge plus lucrative à l’armée ; César la donna à Balbus en Espagne, & à Mamura dans les Gaules, & tous deux y acquirent des richesses immenses. (D. J.)

Préfect de l’Egypte, (Antiq. rom.) surnommé augustalis. Ulpien nous apprend par la loi unique, que le préfect de l’Egypte conservoit toujours sa préfecture, jusqu’à ce que son successeur fût entré dans Alexandrie ; quoique suivant la regle générale, le successeur au gouvernement exerçât sa charge dès qu’il étoit dans la province. Il jouissoit de tous les honneurs des proconsuls, à la réserve des faisceaux & de la robe bordée de pourpre, appellée prætexta. Son principal soin étoit d’envoyer à Rome la quantité de blé que l’Egypte devoit fournir tous les ans. Le jurisconsulte Modestin a décidé dans la loi xxi. ff. de manumiss. vindict. que le préfect d Egypte pouvoit affranchir les esclaves. Et Ulpien dans la loi j. ff. de tutor. dat. ab his qui jus dandi habent, qu’il pouvoit donner des tuteurs. (D. J.)

Préfect des cohortes nocturnes, (Hist.

rom.) les incendies étant très-fréquens à Rome, l’empereur Auguste établit, au rapport de Dion Cassius, un certain nombre de cohortes (les uns disent cinq, & les autres sept), pour veiller pendant la nuit aux incendies, & empêcher le progrès qu’ils faisoient en différens quartiers de la ville. Il y avoit auparavant des personnes à qui on en confioit de tems en tems le soin : mais l’empereur jugea à-propos de rendre fixes les cohortes, qu’il disposa en différens quartiers, sous la conduite d’un préfet appellé præfectus vigilum ; & ordonna en même tems que celui qui les commanderoit auroit la connoissance & la punition de quelques crimes, expliqués dans la loi iij. ff. de offic. præfec. vigil. Mais malgré cette prérogative, on regarda avec mépris les cohortes, soit par rapport à leur emploi, soit parce qu’elles étoient composées de vils affranchis ; & c’est dans cette prévention peu favorable que Juvenal a dit, sat. iv. lib. V.

Dispositis proedives hamis vigilare cohortem
Servorum noctu Licinus jubet.

Ce fut aussi par cette raison qu’on donna aux soldats le titre de sparteoli, parce qu’ils portoient des souliers faits de joncs appellés sparti, selon la remarque de Baudouin, de calceo antiquo, cap. iij. & de Casaubon sur Suétone dans la vie d’Auguste, cap. xxx. où il dit que les pauvres faisoient des souliers avec des cordes appellées spartæ.

Baudouin remarque que le préfect marchoit toute la nuit, calceatus cum hamis & dolabris. Sa chaussure étoit selon les apparences, d’un cuir capable de résister à la pluie & à la neige ; il faisoit porter des vaisseaux propres à y mettre de l’eau, & semblables à nos seaux de cuir dont on se sert dans les incendies, qu’on appelloit hamæ. Il est vrai que quelques interpretes croient que hama veut dire harpago, un croc, qui n’est pas inutile dans ces occasions ; & quant à dolabra, il signifie une doloire, une hache, dont on se sert aussi fort utilement.

Préfect de soldats, (Art milit. des romains.) præfectus militum ; il y en avoit de trois sortes dans les armées ; savoir préfect d’une cohorte, prefect du camp, & préfect d’une légion. La jurisdiction du premier ne s’étendoit que sur sa troupe ; le ministere du second étoit d’asseoir & de fortifier le camp, & d’avoir inspection sur les tentes & sur les machines de guerre ; le troisieme étoit le juge ne de la légion, il faisoit toutes les fonctions du lieutenant général lorsque celui-ci étoit absent, & il avoit une grande autorité sur tous les officiers inférieurs de l’armée. Les armes, les chevaux, la discipline, la jurisdiction, les magasins, les punitions & les graces étoient de son ressort. Voyez Végece & Pomponius, loet. l. I. c. xij.

Préfect du trésor public, (Hist. rom.) le soin du trésor public fut d’abord donné à des questeurs ; mais cet emploi a souvent changé de nom & de pouvoir, comme Tacite l’a remarqué. Auguste permit au sénat de préposer un préfect de l’ordre des prétoriens, & ordonna qu’on l’éliroit par le sort. Le tems ayant fait connoître les inconvéniens de cette sorte d’élection, Néron rétablit les questeurs.

Prefect du prétoire, (Hist. rom.) chef des gardes prétoriennes, lesquelles veilloient à la conservation des empereurs. Plusieurs habiles hommes qui ont écrit en francois, ont dit en latin, præfectus prætorio. Dans les tems que les consuls furent établis à Rome, on appelloit tous les magistrats & ceux qui avoient des dignités militaires, prætores : d’où est venu le nom de prætorium, pour la résidence du préteur, soit aux champs, soit à la ville. Le pavillon même, ou la tente du magistrat aux camps militaires, se nommoit prætorium ; de l’usage de ce mot, les palais des empereurs dans les villes, ou leurs pavillons au milieu de la campagne, ont été nommés prætoria, & les soldats des