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Pomme de merveille, (Botaniq.) voyez Momordica.

Pomme de merveille, (Mat. méd.) balsamine mâle ou rampante. C’est de la haute opinion que les Pharmacolistes ont eue de la vertu vulnéraire balsamique de cette plante, que lui est venu le nom de balsamine, c’est-à-dire balsamique par excellence. Ce n’est cependant que son fruit dont on fait usage ; on ne l’emploie que sous une seule forme, & pour l’extérieur seulement : ce remede extérieur unique est une huile par infusion & par décoction préparée avec le fruit mûr & mondé de ses semences. Cette huile est fort vantée dans les livres, dans la piqûure des tendons, où il est clair qu’elle ne vaut rien ; & pour les hémorrhoïdes, les gersures des mamelles, les engelures, la brûlure, la chûte du fondement, &c. & encore donnée en lavement dans l’accouchement difficile, les coliques intestinales, violentes, &c. tous usages dans lesquels on peut mettre raisonnablement les succès, s’ils sont réels, sur le compte de l’huile comme telle. (b)

Pomme de terre, (Botan.) racine tubéreuse, oblongue, inégalé, quelquefois grosse comme le poing, couverte d’une écorce brune ou rouge, ou noirâtre, blanche en-dedans & bonne à manger ; C’est la racine de l’espece de solanum, nommée solanum tuberosum esculentum. C. B. P. 167. I. R. H. 149. Ray, Hist. 675.

Cette plante pousse une tige à la hauteur de deux ou trois piés, & même plus dans les pays chauds, grosse comme le pouce, velue, tachetée de petits points rougeâtres, creuse, cannelée, rameuse, pleine de suc. Ses feuilles sont rangées par paires le long d’une côte, velues, sans queues, entre-mêlées çà & là d’autres petites feuilles arrondies. Ses fleurs sont des rosettes découpées en cinq pointes, soutenues par un calice verdâtre, blanches, avec cinq étamines à fleurs jaunes dans leur milieu ; quand ces fleurs sont passées, il leur succede des fruits ronds, d’un rouge brun dans leur maturité, & plein de suc. Ils contiennent plusieurs semences menues & arrondies, semblables à celles de la morelle ordinaire.

Cette plante, dont la tige périt tous les ans, a été d’abord apportée de Virginie en Angleterre, d’où elle a passé dans les autres contrées de l’Europe. Elle se multiplie considérablement ; & c’est la seule espece de solanum dont l’usage intérieur soit sans mauvais effet.

Plusieurs Indiens, au rapport d’Acosta, vivent de la racine de cette plante qu’ils font cuire, & qu’ils assaisonnent à leur maniere ; lorsqu’ils la veulent conserver du tems, ils la coupent par tranches & la font sécher au soleil. Les Européens la cuisent sous la cendre, en ôtent ensuite la peau & l’assaisonnent ; son goût naturel approche de celui du panais. (D. J.)

Pomme de terre, Topinambour, Batate, Truffe blanche, Truffe rouge, (Diete.) cette plante qui nous a été apportée de la Virginie est cultivée en beaucoup de contrées de l’Europe ; & notamment dans plusieurs provinces du royaume, comme en Lorraine, en Alsace, dans le Lyonnois, le Vivarais, le Dauphiné, &c. Le peuple de ces pays, & sur-tout les paysans, font leur nourriture la plus ordinaire de la racine de cette plante pendant une bonne partie de l’année. Ils la font cuire à l’eau, au four, sous la cendre, & ils en préparent plusieurs ragoûts grossiers ou champêtres. Les personnes un peu aisées l’accommodent avec du beurre, la mangent avec de la viande, en font des especes de beignets, &c. Cette racine, de quelque maniere qu’on l’apprête, est fade & farineuse. Elle ne sauroit être comptée parmi les alimens agréables ; mais elle fournit un aliment abondant & assez salutaire aux hom-

mes, qui ne demandent qu’à se sustenter. On reproche

avec raison à la pomme de terre d’être venteuse ; mais qu’est-ce que des vents pour les organes vigoureux des paysans & des manœuvres ? (b)

Pomme d’Adam, en terme d’Anatomie, c’est une protubérance dans la partie antérieure de la gorge. Voyez Gorge.

Quelques-uns croient, par une imagination fort étrange, qu’elle a été ainsi appellée d’un morceau du fruit défendu que mangea Adam, & qui s’arrêtant en cet endroit, occasionna cette protubérance.

Mais ce n’est réellement que la partie convexe du premier cartilage du larynx, appellé scutiforme. Voyez Larynx & Scutiforme.

Pommes-de-pin, (Littérat.) elles étoient employées non-seulement dans les mysteres de Cybele, mais encore dans ceux de Bacchus, dans ses sacrifices, dans les orgies, & dans les pompes ou processions. On offroit même des sacrifices de pommes de pin, & on en voyoit souvent sur les autels de Cybele, de Bacchus & d’Esculape. (D. J.)

Pomme-de-pin, terme d’Architecture, est un ornement de sculpture, qui se met dans les angles du plafond de la corniche ionique de Vignole avec des denticules, ou sur les vases d’amortissemens, &c.

Pomme d’ambre, (Parfum.) on fait les pommes d’ambre avec des poudres odoriférantes, auxquelles on joint des huiles essentielles qu’on reçoit dans de la cire, du storax liquide, ou du mucilage de gomme adraganth, avec un peu de térébenthine pour les rendre ténaces au besoin ; ensuite, en les humectant de quelque liqueur convenable, on leur donne telle figure & telle grandeur qu’on juge à propos. On y mêle aussi quelquefois de l’ambre, dont elles ont pris leur nom. Cette espece de parfum n’est plus d’usage. (D. J.)

Pommes, (Marine.) ce sont certains ornemens faits comme de grosses boules de bois qu’on met sur mer aux flammes, aux girouettes & aux pavillons.

Pommes de flammes. Ce sont des manieres de pommes de bois que l’on tourne en rond ou en cul-de-lampe, & qui se mettent à chaque bout de bâton de la flamme.

Pommes de girouettes. Les pommes de girouettes sont en cul-de-lampe : on les met au haut des fers des girouettes, pour les empêcher de sortir de leur place. L’an 1666, l’électeur de Brandebourg, le prince d’Orange, & plusieurs autres princes & grands seigneurs étant allés visiter l’armée navale de Hollande, il y eut un matelot qui, pour les divertir, monta à la girouette du grand mât, & se mit sur la pomme la tête en-bas & les deux piés en l’air.

Pomme de pavillon. Les pommes de pavillon se mettent sur le haut du bâton de pavillon & d’enseigne, & sont tournées rondes & plates. Les pommes de pavillon du grand mât & celle d’enseigne, ou du pavillon de l’arriere, doivent avoir de diametre un pouce par chaque deux piés de la largeur du bâtiment.

Pommes de raque, voyez Raque.

Pomme, (Critique sacrée.) ce mot, dans l’Ecriture, s’étend à toutes sortes de fruits d’arbres bons à manger. Elles mangerent tout ce qui se trouva de fruits sur les arbres, quidquid pomorum in arboribus fuit, Exod. x. 15. Moïse, dans la bénédiction qu’il donne à la tribu de Joseph, lui souhaite poma cæli, solis, lunæ ac collium æternorum, Deuter. xxxiij. 14. c’est-à-dire les fruits qui croissent par les influences du ciel, par la chaleur du soleil & l’humidité de la lune, & qui viennent sur les montagnes & les collines : façon de parler orientale, qui désigne toutes sortes de prospérités. Le psalmiste se plaint de ce que les ennemis ont réduit Jérusalem, in pomorum custodiam, Ps. lxxviij. 1. c’est-à-dire, en un désert, en une cabane de sentinelle qui garde les fruits. Des vaisseaux chargés de