Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 13.djvu/459

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font l’effet de cz, tch, sch, ts ou tz ; le mot czar se prononce tzaar. Ils prononcent les cinq voyelles de la même maniere que les autres peuples ; leur u fait ou. Les Russes ont l’y, l’êta des Grecs, qu’ils prononcent de même qu’eux ; c’est l’E bêlant ou ai : l’V consonne, ainsi que le double W au commencement d’un mot se prononce comme en françois, mais à la fin d’un mot il se prononce toujours comme un F ; czerniskew se prononce tchernichef, vasili ostrow fait vazili ostrof. La langue russe fait usage du χ des Grecs, il se prononce avec une aspiration gutturale, & fait l’effet du ch des Allemands ; le G demande une aspiration moins sensible. Les Russes font usage du lambda ou λ des Grecs, qui fait l’effet des deux LL mouillées. Le son de l’N, lorsqu’elle précede ia ou ie, se prononce comme gn en françois dans le mot soigner. Chez les Russes le C fait toujours S, & ne se confond jamais avec le K, comme dans les autres langues. Ils ont une lettre qui répond au φ ou phi des Grecs, & qui se prononce de même. Le Z des Russes se prononce comme l’j consonne en françois dans le mot jamais ; zemla fait jemla.

Telles sont en abrégé les principales différences qui se trouvent dans la prononciation de la plûpart des langues qui se parlent en Europe. Un grand nombre de volumes suffiroit à peine si l’on vouloit entrer dans les détails de tous les mots de chaque langue ; il n’y a qu’un long usage & l’habitude qui puissent apprendre les irrégularités & les exceptions que la prononciation rencontre chez les différens peuples. On finira donc par observer qu’il n’y a point de langue en Europe qui prononce moins comme elle écrit que la langue françoise, vérité dont on sera forcé de convenir pour peu que l’on y fasse attention. (—)

PRONTEA, (Hist. nat.) nom d’une pierre qui ressemble, dit-on, à la tête d’une tortue. On croit que c’est la même que la pierre appellée brontia, ou pierre de tonnerre.

PRONUBA, (Littérat.) on appelloit pronuba chez les Romains, toutes les femmes qui étoient chargées des apprêts des nôces ; celles mêmes qui ménageoient les mariages, & celles enfin qui prenoient soin de deshabiller & de mettre au lit les nouvelles mariées ; mais dans la fable, c’est Janon qu’on nommoit pronuba par excellence. On lui offroit une victime dont on ôtoit la vésicule du fiel, pour marquer le symbole de la douceur qui doit régner entre les deux époux. (D. J.)

PROODIQUE, Vers, (Poésie.) ce terme en poésie signifie un grand vers par rapport à un plus petit. Dans un distique composé d’un hexametre & d’un pentametre, le vers hexametre est le proodique, & le pentamerre est l’épode. Dans les vers saphiques, les trois premiers vers de chaque strophe sont proodiques par rapport au petit qui est épode. (D. J.)

PROPAGANDE, s. f. (Hist. ecclés.) société établie en Angleterre pour la propagation de la Religion chrétienne. Les Anglois ayant pénétré dans le nouveau monde, penserent à attirer les Indiens à leur religion, & à instruire les colonies qu’ils envoyoient dans leurs nouvelles conquêtes. Ainsi, par ordonnance du mois de Juillet 1643, fut érigée une société pour la propagation de l’Evangile dans la nouvelle Angleterre. Charles II. la confirma par lettres-patentes en 1661, & plusieurs personnes, entre autres Robert Boyle, donnerent de grandes sommes pour soutenir cette entreprise. Charles II. avoit établi Boyle gouverneur de cette société, qui prit une forme plus parfaite sous le regne de Guillaume III. qui par ses lettres-patentes du 16 Juin 1701, fixa le nombre des membres de la propagande à 90 personnes, tant ecclésiastiques que laïques, sous la présidence de l’archevêque de Cantorbéry. La société se choisit des lieutenans, des trésoriers, des auditeurs des comp-

tes, & un secrétaire, & chacun avança une somme en argent comptant, ou par voie de souscription. Quantité de particuliers concoururent à augmenter les fonds de la société, obligée de faire de grands frais ; & celle-ci envoya dans les colonies des missionnaires, qui n’y firent pas grand fruit, tant à cause des préventions des Indiens, qu’à cause des obstacles qu’ils rencontrerent de la part des Anglois mêmes. Cette société de la propagande a un bureau qui s’assemble au-moins une fois la semaine dans le chapitre de saint Paul à Londres ; & ce qui a été préparé par ce bureau est ensuite proposé à la société même qui s’assemble dans la bibliotheque que l’archevêque de Cantorbéry a établie à saint Martin de Westminster : ces assemblées se tiennent tous les mois. L’assemblée anniversaire du trois Février, s’est ordinairement tenue dans le revertiaire de l’église de Bowchurch à Londres, on prêche devant cette assemblée sur la matiere qui occupe cette société. Le roi de Danemarck en a établi une pareille pour le Tranquebar depuis 1705. La Crose, hist. du Christianisme des Indes, supplément de Moréry, tome II.

PROPAGATION, s. f. multiplication par voie de génération. Voyez Génération.

Propagation, (Gouvernement politique.) voyez Population.

Propagation de l’Evangile, société pour la, (Hist. d’Anglet.) société établie dans la grande-Bretagne pour la propagation de la religion chrétienne dans la nouvelle Angleterre, & les pays voisins. Voyez l’article Propagande.

Nous avons dans notre royaume plusieurs établissemens de cette nature, des missionnaires en titre, & d’autres qui font la même fonction, par un beau & louable zele d’étendre une religion hors du sein de laquelle ils sont persuadés qu’il n’y a point de salut. Mais un point important que ces dignes imitateurs des Apôtres devroient bien concevoir, c’est que leur profession suppose dans les peuples qu’ils vont prêcher, un esprit de tolérance qui leur permette d’annoncer des dogmes contraires au culte national, sans qu’on se croie en droit de les regarder comme perturbateurs de la tranquillité publique, & autorisé à les punir de mort ou de prison. Sans quoi ils seroient forcés de convenir de la folie de leur état, & de la sagesse de leurs persécuteurs. Pourquoi donc ont-ils si rarement eux-mêmes une vertu dont ils ont si grand besoin dans les autres ?

PROPEMPTICON, s. m. (Poésie.) προπεμπτικὸν, piece de poésie, dans laquelle on faisoit des vœux pour la santé de quelqu’un qui partoit pour un voyage ; telle est l’ode d’Horace, od. 3. l. I. adressée à Virgile lors de son départ pour Athènes. Malheureusement on peut regarder cette piece comme les derniers adieux d’Horace à Virgile. Il satisfait au devoir que l’amitié exigeoit de lui, en se séparant d’un illustre & intime ami, qui s’embarquoit pour la Grece ; (c’étoit en 735) & ils ne se virent plus depuis. Quand Horace auroit prévu ce qui devoit arriver, il ne pouvoit guere exprimer ses regrets d’une maniere plus sensible qu’il l’a fait dans ce propempticon, tout rempli de force, de sentiment, & d’expression.

PROPETIDES, s. f. (Mythol.) c’étoient des femmes de l’île de Chypre, qui prodiguoient leurs faveurs dans le temple de Vénus. Cette déesse, dit Ovide, les avoit jettées dans cet écart, pour se venger de leurs mépris : il ajoute, que dès qu’elles eurent ainsi foulé aux piés les lois de la pudeur, elles devinrent tellement insensibles, qu’il ne fallut qu’un léger changement pour les métamorphoser en rochers : cette idée est fort ingénieuse. (D. J.)

PROPHETE, s. m. PROPHETIE, s. f. (Gramm.) ce terme a plus d’une signification dans l’Ecriture-sainte & dans les auteurs. Si l’on s’arrête à son étymo-