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libages, qui ne font presque jamais liaison avec les parpins. On pourroit, en opérant ainsi, donner au corps quarré de la pile une moindre épaisseur, sans cependant diminuer l’empatement, en faisant les retraites à chaque assise plus grandes, ou en en faisant un plus grand nombre.

Récapitulation abregée de la scie de M. de Vauglie. La scie dont nous parlons est un assemblage de plusieurs pieces de fer + Pl. XXI. représenté dans le fond d’une riviere, suspendu par quatre barres de fer A, d’environ 15 à 18 piés de longueur, portant chacune, dans presque toute leur longueur, des especes de broches appellées goujons, qui avec les pignons B qui s’y engrainent, mus par une clé, & retenus dans un petit chassis de fer C, attaché de vis sur le plancher, font monter & descendre horisontalement & à la hauteur que l’on juge à propos l’assemblage + : à ces pignons B sont assemblées des petites roues D, près desquelles sont des cliquets E pour les retenir, qui ensemble empêchent ce même assemblage de descendre de soi-même : à l’extrémité inférieure des quatre barres A sont des mouffles à patte, F partie à vis & partie à demeure sur un chassis de fer composé de plusieurs longrines & traversines garnies des deux côtés G & H de forte tôle ou fer applati, sur lesquelles vont & viennent des roulettes I pour soutenir la portée des branches K, qui d’un côté font mouvoir le chassis double L de la scie M, avancé & reculé, selon le besoin, par une espece de té à deux branches N, évuidées par un côté, & mues par un tourne-à-gauche O, placé à l’extrémité supérieure de la tige P, d’une des deux roues dentées Q, & de l’autre arrêtées par les crampons d’une coulisse R, dont les vibrations se font par la branche S, d’un té retenu par son tourillon à l’extrémité supérieure d’un support à quatre branches T, les deux autres branches V du té correspondantes par le moyen des tringles ou tirans X aux leviers Y, dont les points d’appui sont arrêtés à la mouffle d’un trépié Z, arrêté de vis sur le plancher, se meuvent alternativement de bas en haut & de haut en bas, en sens opposé l’un à l’autre par le secours des leviers Y ; a sont deux autres tourne-à-gauche, arrêtés solidement à l’extrémité supérieure de deux tiges de fer b qui descendent jusqu’en bas, embrassent par leur extrémité inférieure c, en forme de croissant, chacun des pieux d que l’on veut scier. Il faut observer que pour faire mouvoir tout cet équipage & le conduire dans tous les endroits où il y a des pieux à scier, il est retenu, comme nous l’avons vû, par quatre tiges de fer A, Pl. XX. & XXI. a un chassis formé de chassis c, & de plate-formes f, allant & venant en largeur sur des rouleaux g par le moyen des treuils h, suivant les directions de i en k & de k en i, posés sur un autre chassis, mais plus grand, occupant toute l’espace entre les deux échafauds à demeure lm & roulant dessus aidé de ses rouleaux n, suivant les directions de l en m & de m en l.

Les pieux dont nous avons parlé ci-dessus étant coupés par cette machine dans le fond de l’eau à égale hauteur, reste à poser maintenant un grillage surmonté de la maçonnerie d’une pile ; pour y parvenir on fait ce grillage à l’ordinaire & de même maniere que celui que nous avons vû Pl. XIX. recouvert de plate-formes ou madriers bien ajustés près l’un de l’autre & bien calfatés ensemble afin que l’eau n’y puisse passer, ce qui fait le fond d’une espece de bateau Pl. XXII. que l’on met en chantier sur des cales A posées sur des pieces de bois B, appuyées sur d’autres C posées sur des pieux D placés sur les bords de la riviere, ce grillage est bordé de plusieurs sortes de pieces de bois E qui y sont adhérantes, entaillées par leurs extrémités moitié par moitié, surmontées d’autant de costieres, composées

chacune de forts madriers F, de 5 à 6 pouces d’épaisseur sur 10 à 12 pouces de hauteur, en plus ou moins grande quantité, selon la profondeur des rivieres, assemblés les uns sur les autres à rainure & languette, dont les joints sont bien calfatés & garnis de lanieres de cuir de vache détrempées ; ces madriers sont retenus a demeure de quatre en quatre, pour la facilité de leur transport, par des pieces de bois extérieures & intérieures G, & par des sortes vis prises dans leur épaisseur, formant ensemble des costieres dont les joints sont serrés de haut en bas avec de grands boulons à vis H traversant leur épaisseur, & dont l’ensemble est retenu intérieurement & extérieurement de pieces de bois I, arrêtées haut & bas à d’autres K & L, faisant l’office de moises garnies de calles M & vis N, les costieres des extrémités ne pouvant être retenues de la même maniere à cause de leur obliquité, les pieces de bois L sont assemblées solidement par l’autre bout à une longue piece O, ou à plusieurs liées ensemble, allant d’un bout à l’autre qui les retiennent ensemble ; ceci fait, il faut avoir grand soin de boucher exactement tous les trous, & lorsque l’on est prêt de lancer à l’eau, on supprime les cales A, après y avoir substitué par-dessous, & de distance à autre des rouleaux, & on le fait ensuite rouler dans la riviere, ou ce qui est beaucoup mieux, on le lance à l’eau comme on le fait pour les vaisseaux sur les bords de la mer. Voyez le traité de la Marine.

Ce bateau ainsi lancé à l’eau, on le conduit bien juste sur les pieux que l’on a plantés, & où l’on veut construire la pile ; on bâtit dans le fond qui est le grillage jusqu’à ce que s’enfonçant à mesure qu’il se trouve chargé, il vienne se poser de soi même sur les pieux ; ensuite posé & appuyé solidement on desserre les écroux des boulons H, les vis N, on défait les moises K & L, les cales M, les pieces de bois I, & on enleve les madriers pour les assembler de nouveau à un grillage de charpente pour une autre pile.

Il faut remarquer ici qu’il n’a pas été question jusqu’à présent de faire des costieres pour ces grillages autrement qu’on n’a jamais eu coûtume de les faire pour toute sorte de bateaux, & qu’ainsi faites, elles ne peuvent servir qu’une fois ; dépense, que l’on peut diminuer par cette machine à proportion de la quantité des piles que l’on a à construire, car une fois faite on peut s’en servir à tous les grillages de charpente, & par conséquent pour toutes les piles que l’on a à bâtir.

Des moutons & de leur construction. L’usage des moutons, vulgairement appellés sonnettes, parce que leur manœuvre est à-peu-près semblable à celle des cloches, est d’enfoncer les pieux. Il en est de différente espece, & plus commodes les uns que les autres, selon les occasions que l’on a de les employer.

Celui marqué * Pl. XX. est composé d’un billot de bois E, appellé mouton ou bélier, parce qu’il est le principal objet de cet instrument, fretté & armé de fer attaché à un cable F roulant sur une poulie G, que plusieurs hommes tirent par l’autre bout H, divisé en plusieurs cordages, & laissant retomber alternativement de toute sa pesanteur sur les pieux D pour les enfoncer : cette poulie G qui porte tout le fardeau de cette machine est arrêtée solidement à un boulon dans une chappe () appuyée d’un côté sur l’extrémité d’un support ou montant I entretenu de contre-fiches K, posés sur le devant d’un assemblage L, appellé fourchette, & d’un autre support en contrefiche M, posé sur le derriere de la fourchette L, soutenu dans son milieu par une piece de bois debout N, dans l’intervalle de laquelle & du montant I est un treuil O avec un cordage P pour remonter avec peu de force le mouton E, en cas de nécessité la partie supérieure de la poulie est retenue au chapeau Q