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âcres ; sa tige est quarrée : sa fleur ressemble à celle du basilic, & sa semence à celle du marrube. Sa racine est noire, ronde, faite comme une petite pomme. Quelques botanistes croient que c’est l’espece de morelle que C. Bauhin appelle solanum tuberosum esculentum ; & d’autres imaginent que c’est la succia glabra du même Bauhin, espece de scabieuse. La vérité est que nous ne reconnoissons plus la plûpart des plantes dont parlent les anciens.

PYCNOSTYLE, s. m. (Archit.) c’est le moindre entrecolonnement de Vitruve, qui est d’un diametre & demi, ou de trois modules. Ce mot est fait du grec πυκνὸς, serré, & στῦλος, colonne. (D. J.)

PYCNOTIQUES, adject. (Médecine.) ou incrassans, médicamens d’une nature aqueuse, qui ont la vertu de rafraîchir & de condenser, ou d’épaissir les humeurs. Voyez Condensation. Ce mot est francisé du grec πυκνωτικὸν, qui signifie épaississant, qui a la vertu d’épaissir.

Le pourpier, le nénuphar ou lys aquatique, le solanum, &c. sont des pycnotiques.

PYCTA, (Gym. des Grecs.) πυκτὰ, mot grec qui veut dire un athlete qui combattoit au pugilat ; mais il semble que ce mot désigne proprement celui qui remportoit le prix à cette espece de combat. (D. J.)

PYDNA, (Géog. anc.) nom commun à trois villes, la premiere étoit une ville de Macédoine, dans la Piérie, selon Ptolomée, l. III. c. xiij. & Etienne le géographe, qui dit qu’on la nommoit aussi Cydna. Cette ville étoit sur la côte du golfe Chermaïque, maintenant golfe di Salonichi ; à quelques milles au nord de l’embouchure d’Aliacmon. Ce fut auprès de cette ville que les Romains gagnerent sur Persée la bataille qui mit fin au royaume de Macédoine. Diodore de Sicile, l. XIX. c. xliv. Tite-Live, l. XLIV. c. xliij. & Justin, l. XIV. c. vj. font aussi mention de cette ville. Les habitans sont nommés πυδναῖοι, par Etienne le géographe, & pydnœi, par Tite-Live, l. XLIV. c. xlv. La seconde Pydna est une ville des Rhodiens, selon Strabon, l. X. p. 472. La troisieme, selon le même auteur, est une ville & colline de Phrygie, au voisinage du mont Ida. (D. J.)

PYGARGITES, s. f. (Lithol. des anc.) nom donné par Pline, & quelques autres anciens naturalistes, à la pierre d’aigle lorsqu’elle est tachetée de blanc à la maniere de la queue de l’espece d’aigle nommée pygargue. Quelques-uns ont appellé pygargites, une pierre qui imite la couleur de celle de l’aigle, & qui par-conséquent differe tout-à-fait de celle dont nous parlons ; il est arrivé de-là qu’on a confondu ensemble deux pierres entierement différentes ; mais comme les vertus qu’on attribue à l’une & à l’autre sont purement imaginaires, il importe fort peu de savoir les distinguer. (D. J.)

PYGARGUE, s. m. (Hist. nat. Ornyth.) en latin pygargus, & par quelques auteurs albicilla, & ilianularia, espece d’aigle fiere, cruelle, & de la taille d’un gros coq. Son bec est jaune, crochu, & couvert à la base d’une membrane jaune. L’iris de son œil est couleur de noisette, & la prunelle noire. Ses jambes sont jaunes, sans plumes ; ses serres sont extrèmement fortes & aiguës. Sa tête est blanche, chauve, & garnie seulement de quelques cheveux fins entre les yeux & les narines. La partie supérieure du cou est d’un brun rougeâtre. Le croupion est noir ; les aîles sont en partie noires, en partie cendrées. Tout le reste du corps est de couleur de rouille. Sa queue est longue, noire à l’extrémité, & blanche dans la partie supérieure ; c’est de cette couleur blanche de la queue qu’elle a été nommée albicilla.

Les descriptions des trois ornythologistes varient sur cet oiseau ; par exemple, le pygargue d’Aldrovande, differe de celui qu’on vient de décrire ; & le

pygargue prior de Bellon paroît être le mâle de l’espece d’aigle particuliere nommée par les Anglois heu-harrier, en françois le pygargue-épervier. (D. J.)

PYGELA, (Géog. anc.) ville de l’Asie mineure, dans l’Ionie. Strabon dit que c’étoit une petite ville où il y avoit un temple de Diane munichienne. Selon Suidas, Pygela étoit sur la côte, & dans le lieu où l’on s’embarquoit pour passer dans l’île de Crète, mais au-lieu de Pygela il écrit Phygella.

PYGMALION, s. m. (Mythol.) roi de Chypre, qui ayant fait une belle statue, en devint amoureux, jusqu’au point de prier Vénus de l’animer, afin qu’il en pût faire sa femme. Il obtint l’effet de sa priere, & l’ayant épousée, il en eut Paphus. On peut croire que ce prince trouva le moyen de rendre sensible quelque belle personne qui avoit la froideur d’une statue.

Il ne faut pas confondre, comme a fait Ovide, Pygmalion, roi de Chypre, avec Pygmalion, roi de Tyr, en Phénicie, dont on connoit la passion pour Elise, devenue si célebre sous le nom de Didon ; elle sortit de Tyr 247 ans après la prise de Troie ; ses sujets lui rendirent les honneurs divins, & lui établirent un culte religieux. (D. J.)

PYGMÉES, s. m. pl. (Hist. anc.) peuples fabuleux qu’on disoit avoir existé en Thrace, & qu’on nommoit ainsi à cause de leur petite taille qu’on ne supposoit que d’une coudée, car πυγμὴ en grec signifie le poing ou une coudée, & de ce mot on avoit fait πυγμαῖος, nain, personne d’une taille extrèmement petite.

Les Pygmées, selon la tradition fabuleuse, étoient des hommes qui n’avoient au plus qu’une coudée de haut. Leurs femmes accouchoient à 3 ans & étoient vieilles à huit. Leurs villes, leurs maisons n’étoient bâties que de coquilles d’œufs ; à la campagne ils se retiroient dans des trous qu’ils faisoient sous terre & coupoient leurs blés avec des coignées, comme s’il se fût agi d’abattre des forêts. On raconte qu’une de leurs armées ayant attaqué Hercule endormi & l’assiégeant de toutes parts avec beaucoup d’ordre & de méthode, ce héros enveloppa tous les combattans dans sa peau de lion & les porta à Euristée ; on les fait encore combattre contre les grues leurs ennemis mortels, & on les arme à proportion de leur taille ; les modernes ont ressuscité cet fable dans celle des habitans de Lilliput, mais il y ont semé beaucoup plus de morale que les anciens.

Les Grecs qui reconnoissoient des géans, c’est-à-dire des hommes d’une grandeur extraordinaire, pour faire le contraste parfait imaginerent ces petits hommes qu’ils appellerent Pygmées. Peut-être, dit M. l’abbé Banier, l’idée leur en vint de certains peuples d’Ethiopie appellés Pechiniens (nom qui a quelque analogie avec celui de pygmée), & ces peuples étoient d’une petite taille comme sont encore aujourd’hui les peuples de Nubie. Les Grecs se retirant tous les hivers dans les pays les plus méridionaux, ces peuples s’assembloient pour les chasser & les empêcher de gâter leurs semailles, & de-là la fiction du combat des Pygmées contre les grues. Plusieurs historiens ont parlé des Pygmées, mais on croit qu’ils n’ont été que les copistes ou les amplificateurs d’Homere, qui n’en avoit fait mention que dans un membre de comparaison qui ne peut jamais fonder une certitude historique.

Pygmées, (Critiq. sacrée.) il est souvent fait mention des Pygmées dans l’Ecriture. Le prophete Ezéchiel, c. xxvij. v. 11. après avoir parlé des avantages de la ville de Tyr, de ses forces & de ses armées, ajoute, suivant la vulgate, sed & Pigmæi, qui erant in turribus tuis, pharetras suas suspenderant in muris tuis per gyrum, ipsi compleverunt pulchritudinem tuam. Les interpretes ont paru fort embarrassés à expli-