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chantes de celles du buis, rayées des deux côtés, nerveuses, d’un goût astringent, accompagné d’amertume ; ces feuilles sont attachées à des rameaux ligneux, longs d’un pié, couverts d’une écorce mince & facile à séparer ; ses fleurs naissent en grappes aux sommités des branches, formées en grelots, de couleur rouge : lorsqu’elles sont passées, il leur succede des baies presque rondes, molles, rouges, renfermant chacune cinq osselets, rangés ordinairement en côte de melon, arrondis sur le dos, applatis dans les autres côtés ; ces baies ont un goût styptique. Cet arbrisseau croît aux pays chauds, comme en Espagne, en Italie,& autres contrées méridionales. (D. J.)

Raisin de renard, herba Paris ; genre de plante à fleur en croix, composée de quatre pétales, & d’autant d’étamines pour l’ordinaire. Le pistil sort du calice & devient dans la suite un fruit mou, presque rond, divisé en quatre loges, qui renferme des semences le plus souvent oblongues. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.

Raisin de renard, (Mat. méd.) cette plante est alexipharmaque, cephalique, résolutive & anodine, s’il faut en croire certains auteurs ; & elle est venimeuse, s’il faut en croire certains auteurs qui paroissent avoir été trompés par les noms de solanum & d’aconitum, que quelques Botanistes lui ont donné. Quoi qu’il en soit, elle est presque absolument inusitée pour l’usage intérieur, & fort rarement employée dans l’usage extérieur. Plusieurs auteurs recommandent pourtant beaucoup l’application extérieure des feuilles & des baies de raisin de renard, contre les bubons pestilentiels, les phlegmons, l’inflammation des bourses, des testicules & de la verge. Ettmuller propose, comme un excellent remede pour calmer les douleurs atroces du cancer, l’application des feuilles de cette plante pilées dans un mortier de plomb. (b)

Raisin sec, (Botan.) les raisins secs sont des fruits mûrs de la vigne, qu’on a séchés au soleil ou au four. On les nommoit autrefois passes en françois, uva passa en latin, & par Dioscoride σταφίς, qui désigne tout raisin séché. Les anciens Grecs en distinguent de deux sortes ; savoir, les raisins dont on coupoit légerement avec un couteau le pédicule, jusqu’à la moitié, ou qu’on lioit fortement & qu’on laissoit au cep, afin qu’ils se séchassent au soleil ; c’est ce qu’ils appelloient σταφυλαὶ πατηθεῖσαι ; mais ceux que l’on séparoit du cep & que l’on faisoit sécher au soleil dans un lieu particulier, ils les nommoient θηλυπεδευθεῖσαι σταφυλαί. Dioscoride se sert très-souvent de ce mot, & Columelle nous a indiqué les soins que l’on prenoit pour cette opération ; θηλυπέδον signifie l’endroit où l’on faisoit sécher les raisins.

On distingue chez les Epiciers trois principales sortes de raisins secs ; savoir, ceux de Damas qui sont les plus gros ; ceux qui tiennent le milieu, tels que les nôtres ; & ceux qui sont les plus petits, ou ceux de Corinthe.

Les raisins de Damas se nomment dans nos auteurs, uvæ passæ maximæ, seù passulæ damascenæ, vitis damascena, dans Tournefort I. R. H. zibib chez les Arabes. Ce sont des raisins desséchés, ridés, applatis, d’environ un pouce de longueur & de largeur, bruns, à demi-transparens, charnus, couverts d’un sel essentiel semblable au sucre, contenant peu de graines ; leur goût, quoique doux, n’est pas agréable.

On les appelle raisins de Damas, parce que l’on les recueille & qu’on les prépare dans la Syrie, aux environs de Damas ; cette ville fameuse qui subsistoit dès le tems d’Abraham, qui a souffert tant de révolutions, & qui est enfin tombée avec toute la Syrie en 1516, sous la domination de l’empire Ottoman. On nous les envoye dans des bustes, especes

de boîtes de sapin à demi rondes, & de différentes grandeurs, du poids depuis quinze livres jusqu’à soixante.

Ces raisins tels qu’on les apporte en France, sont égrenés, plats, de la longueur & grosseur du bout du pouce, ce qui doit faire juger de leur grosseur extraordinaire quand ils sont frais, & empêcher qu’on trouve tout-à-fait incroyable, ce que des voyageurs ont écrit dans leurs relations, qu’il y a des grappes de ces raisins qui pesent jusqu’à douze livres. Nous pouvons d’autant moins leur refuser croyance, que nous avons en Provence & en Languedoc, des grappes de raisin du poids de six livres.

On aime les raisins de Damas, nouveaux, gros, bruns, charnus & bien nourris ; on rejette ceux qui sont trop gras, qui s’attachent aux doigts, qui sont couverts de farine, cariés, & sans suc. Au lieu de raisins de Damas, on nous vend quelquefois des raisins de Calabre, ou des raisins aux jubis, applatis, & mis dans des bustes ou boîtes des véritables Damas ; la fourberie n’est pas difficile à découvrir pour peu qu’on s’y connoisse. Les raisins de Damas sont gros, grands, secs & fermes, d’un goût fade & désagréable : ceux de Calabre aussi-bien que les jubis, sont gras, mollasses, & d’un goût sucré. De plus, il est facile de distinguer dans les boîtes, des raisins qui y ont été mis exprés & après coup, d’avec ceux qui n’ont jamais été remués, & qui ont été empaquetés en Syrie. Après tout, la tricherie n’est mauvaise que dans le prix ; car pour l’usage, les raisins de Calabre méritent la préférence.

La vigne qui porte le raisin de Damas, s’appelle vitis damascena, H. R. R. elle differe des autres especes de vignes, sur-tout par la grosseur prodigieuse de ses grains, qui ont la figure d’une olive d’Espagne, ou qui ressemblent à une prune. Il n’y a que quelques curieux qui cultivent en Europe ce raisin par singularité, parce qu’il déplaît au goût, & qu’il ne mûrit qu’à force de chaleur.

Les raisins passes ou passerilles, ou raisins de Provence s’appellent en latin uvæ passæ minores, seu vulgares ; ce sont des raisins séchés au soleil, semblables aux premiers, mais plus petits, doux au goût, agréables & comme confits ; on les substitue aux raisins de Damas, & ils valent bien mieux. On les prépare en Provence & en Languedoc, mais non pas de la même espece de vigne précisément ; car les uns prennent les raisins muscats, ou les fruits de la vigne appellée vitis apiana, C. B. P. 298 ; d’autres se servent des picardans, d’autres des aujubines, &c.

Les habitans de Montpellier attachent les grappes deux à deux avec un fil, après en avoir ôté les grains gâtés avec des aiseaux ; ils les plongent dans l’eau bouillante, à laquelle ils ont ajoûté un peu d’huile, jusqu’à ce que les grains se rident & se fanent ; ensuite ils placent ces grappes sur des perches pour les sécher, & trois ou quatre jours après, ils les mettent au soleil. Pour qu’ils soient de la qualité requise, ils doivent être nouveaux, secs, c’est-à-dire les moins gras & les moins égrenés qu’il se pourra, en belles grappes, claires, luisantes, d’un goût doux & sucré. Les raisins muscats sont de moyenne grosseur, d’un goût musqué & fort délicat ; ils se tirent de Languedoc, particulierement des environs de Frontignan, en petites boîtes de sapin arrondies, qui pesent depuis cinq livres jusqu’à quinze. Les raisins picardans approchent assez des jubis, mais ils sont petits, secs, arides, & de qualité inférieure. Voilà nos meilleurs raisins de France qui servent au dessert, en collation de carême, & dont on peut faire des boissons & des décoctions pectorales, convenables dans toutes les maladies qui naissent de l’acrimonie alkaline des humeurs. On peut employer au même but des raisins de Calabre qui nous viennent par