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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 13.djvu/783

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Rame, s. f. (Papeterie.) c’est un paquet de papier composé de vingt mains, chaque main de vingt-cinq feuilles, en sorte que la rame contient en tout cinq cens feuilles. La premiere & la derniere main doit être de même pâte & de même compte que le reste de la rame. Dict. de Trévoux.

Rame, mettre à la (terme de Librairie.) mettre un livre à la rame signifie ranger par rame une partie de l’impression d’un livre dont on a eu peu ou point de débit, pour le vendre de la sorte à vil prix aux épiciers & aux beurrieres, & à tous ceux qui en ont besoin, pour envelopper leurs marchandises, ou en faire autre usage. Richelet dit qu’Amelot pensa devenir fou, lorsqu’il apprit qu’on alloit mettre son Tacite à la rame. (D. J.)

Rame, (Manuf. en soirie.) faisceau de cordes de fil, au nombre de 400 dans les métiers ordinaires, de la longueur de 15 piés plus ou moins, auxquelles sont attachées les 400 cordes de semple, & qui ont au bout les arcades. L’endroit où les cordes du rame sont gansées & doublées sur le bâton, s’appelle la queue du rame.

RAME ou ROAMÉ, (Géogr. anc.) ville d’Italie dans les Alpes. L’Itinéraire d’Antonin la marque sur la route de Milan à Arles, en prenant par les Alpes cottiennes. Elle étoit entre Brigantio & Eburodunum, à 19 milles du premier de ces lieux, & à 18 milles du second. C’est maintenant un village du Dauphiné sur la Durance, à 2 lieues au-dessous d’Embrun, près du passage des Alpes appellé le Pertuis-Rostau.

Rame, adj. en termes de Blason, a la même signification que chevillé, & se dit des ramures d’une corne de cerf. Fredorf en Baviere, d’argent au cerf de gueules, ramé d’or.

RAMES, les, (Rubanier & autres ouvriers Tissutiers.) sont de longues ficelles de moyenne grosseur attachées aux arcades des bâtons de retour ; on en met jusqu’à 160 à chacune des arcades à chaque retour ; ainsi lorsqu’il y a 20 retours sur un métier, il y a par conséquent 3200 rames. On va donner la description d’une seule de ces rames qui suffira pour toutes les autres. Cette rame, comme toutes les autres, doit être assez longue pour passer au-travers du porte-rame de derriere, ensuite à-travers les nautes-lisses, puis traverser le porte-rame de devant, & descendre encore environ un pié & demi plus bas que le porte-rame, pour pouvoir y attacher les lissettes qu’elles doivent faire hausser.

RAMÉADES, (terme de Galeres.) ce sont deux postes auprès de l’éperon & de l’arbre du tinquet, hauts d’environ quatre piés & demi, sur chacun desquels quatorze ou quinze hommes peuvent se placer pour combattre.

RAMEAU, s. m. (Jardinage.) se dit d’une jeune branche.

Rameau, (Anatomie.) se dit de la subdivision des vaisseaux. Chaque artere se divise en différentes branches, & chacune de ces branches se subdivise en plusieurs rameaux.

Rameau, (Fortificat.) ce mot se dit des mines & de leurs divers conduits qui s’appellent aussi branches, canaux, retours, araignées, galeries. Les rameaux partent ou du chemin couvert, ou du fossé, & prolongent jusqu’au pié du glacis, ou même quelquefois jusque sur des ouvrages hors du glacis. De ces rameaux principaux il s’en tire d’autres à droite & à gauche sur le glacis, & le long du chemin couvert. On ne peut se parer de l’effet de ces mines qu’en découvrant leurs rameaux. Il faut toujours prendre le dessous de ces rameaux, sans quoi on n’est jamais en sûreté. Dict. milit.

Rameau, (Hydraul.) est une veine, un filet d’eau qui se détache d’une source ; ce peut être encore une

pierrée droite faite en forme de patte d’oie, pour ramasser le plus d’eau que l’on peut.

Rameau, (Hist. & Généalog.) il se dit dans les généalogies de diverses branches qui sortent d’un même tronc. Cette illustre famille s’est divisée en plusieurs rameaux dont les uns se sont portés en France, les autres en Italie.

Rameaux, s. m. pl. (terme de Mines.) ce mot se dit des mines d’or, d’argent & d’autres métaux qui se trouvent dans les mines, & qui sont plus ou moins abondantes en minérai. (D. J.)

RAMÉE, s. f. (Gramm. & Œconom. rustique.) assemblage de plusieurs branches d’arbres entrelacées naturellement ou par art. Il se dit aussi de plusieurs branches vertes, couvertes de feuilles & séparées de l’arbre. Au village on danse sous la ramée. On tapisse les rues de ramée aux grandes fêtes. Un bucheron courbé sous le faix de la ramée.

RAMENDABLE, (Comm.) ce qui peut se ramender, voyez Ramender.

RAMENDER, diminuer de prix, être à meilleur marché.

Ramender, v. act. (Arts méchan.) se dit aussi de toute besogne & ouvrage des artisans où ils sont obligés de retoucher pour les remettre en meilleur état ; lorsqu’ils sont poursuivis en justice pour un mauvais travail, ils sont tenus à ramender, si la chose est ramendable. Dict. du Comm. & de Trévoux.

Ramender, (terme de Doreur.) c’est réparer & recouvrir les endroits de l’or qui se sont gersés ou cassés en les appliquant. On ramende d’abord avec de petits morceaux du même or ; mais quand c’est pour finir l’ouvrage, on se sert d’or à coquille ; ce qui s’appelle boucher d’or moulu.

Pamender, (Teinture.) on dit ramender une étoffe, quand ayant été jugée défectueuse par les gardes & jurés, on est obligé de la remettre à la teinture. Une étoffe ramendée est toujours plus dure & moins bonne que celle qui a eu sa perfection des le premier teint. Dict. du Comm.

RAMENER, v. act. (Gramm.) on dit cet officier a rament plusieurs fois sa troupe à la charge ; alors c’est le reduplicatif d’amener ou conduire. On dit les bergers ramenent leurs troupeaux des champs ;& ramener signifie alors remettre à l’endroit d’où l’on est parti. C’est un correlatif d’amener dans ces phrases & autres, il a amené des marchandises de clinquaille, & il a ramené des vins. Il a encore une acception particuliere, lorsqu’on dit, il commandoit, dans cette action, huit cens hommes, dont il n’a ramené que deux cens. Le printems ramene l’hirondelle. Un sage conseil ramene un homme à son devoir. Un juge habile ramene les autres à son opinion. Il ne faut pas ramener tout à soi. C’est un esprit difficile à ramener. J’ai ramené cette affaire de loin.

Ramener, en termes de Manege, c’est faire baisser le nez à un cheval qui porte au vent, qui leve le nez aussi haut que les oreilles, qui ne porte pas en beau lieu. On met des branches hardies, ou la martingale aux chevaux pour les ramener. Voyez Branche, Martingale.

RAMENERET, trait, (Charpentier.) on tire un trait rameneret avec le cordeau, pour prendre la longueur des arrestiers.

RAMEQUIN, est en terme de Cuisinier, un appareil de roignons hachés avec du persil, un ail & un jaune d’œuf, qu’on étend sur du pain, & qu’on fait rôtir dans une poële, ou sur le gril ; on en fait de fromage, de sucre, &c. de la même maniere.

RAMER, voyez Nager & Rame.

Ramer, v. act. (Draperie.) terme qui signifie mettre une piece de drap encore toute mouillée sur une espece de machine ou instrument de bois que l’on appelle rame, pour, en tirant l’étoffe à force de