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sans les crever, on les met doucement sur le sarment jusqu’au bondon ; ensuite on recommence un autre lit de sarment sur lequel on met encore des raisins jusqu’au pié près de l’extrémité d’en haut : enfin, on fait un troisieme lit de sarment, & en même tems on a soin de bien foncer ce tonneau ; on le porte doucement dans le lieu où on veut qu’il reste, après l’avoir rempli d’un bon gros vin rouge, à trois doigts du bord, pour lui donner la facilité de bouillir sans beaucoup de déchet. On l’entretient dans le commencement de même que le vin, en évitant qu’il ne s’évente. (D. J.)

Rapé de copeaux, (Econ. rustiq.) c’est ainsi qu’on appelle le rapé qui se fait avec des copeaux qu’on met dans une futaille pour éclaircir le vin. Rien n’est plus innocent, ni mieux imaginé.

Les copeaux qu’on emploie doivent être longs & secs ; on laisse tremper ces copeaux quelques jours dans l’eau, qu’on rechange deux ou trois fois par jour pour ôter le goût du bois ; ensuite on les égoutte, & on les fait bien sécher à l’air ; après quoi on les met dans un tonneau qu’on remplit légerement jusqu’à un doigt près du bord, & on ferme le tonneau de maniere que le vin qu’on doit mettre dedans ne se perde point.

Les copeaux étant bien préparés, & le tonneau foncé, avant que de le remplir de vin, on y met une chopine & plus d’eau-de-vie ; on bouche le tonneau d’un bondon, puis on le roule jusqu’à ce qu’on juge que les copeaux sont bien imbibés de toute l’eau-de-vie. Cela fait, on porte le tonneau dans l’endroit de la cave qu’on lui destine, & on le remplit incessamment de vin. On gouverne le rapé comme tout autre vin nouvellement entonné ; les rapés ne souffrent point long-tems la vuidange, il faut les remplir à mesure qu’ils se vuident. Lorsqu’on s’apperçoit que les rapés de copeaux font trop long-tems à s’éclaircir, c’est une marque que la lie y est trop abondante ; il faut, pour y remédier, défoncer la futaille, en ôter les copeaux, les remplacer par d’autres tout semblables & pareillement imbibés d’eau-de-vie. (D. J.)

Rapée, s. f. terme de riviere, il se dit d’une gare où l’on met les bateaux chargés, jusqu’à ce qu’ils aient leur tour d’arrivage dans les ports. Il y a à Paris rapée d’amont & rapée d’aval.

RAPER, v. act. (Gramm.) il a deux acceptions assez différentes ; dans l’une il désigne l’action de réduire en poudre avec la rape, & c’est en ce sens qu’on dit raper du sucre & du tabac ; dans l’autre, l’action de donner avec le même instrument à un corps la forme qu’on se propose en usant sa surface ; c’est ainsi qu’on le rend concave, plat, uni, &c.

RAPERSWIL, (Géog. mod.) ville de Suisse aux confins du canton de Zurich, sur une langue de terre qui s’avance dans le lac de Zurich. Elle fut bâtie l’an 1091, & a eu long-tems ses comtes particuliers. Elle est à présent sous la domination des cantons de Zurich & de Berne, qui s’en rendirent les maîtres en 1712, & sous la protection de qui le traité d’Aran régla qu’elle demeureroit à l’avenir, en conservant ses droits & ses privileges.

On a trouvé dans son territoire en 1689 & 1690, quantité de médailles romaines. Il y en avoit entr’autres de Valérien, de Claude II. d’Aurélien, de Sévérine sa femme, de Probus, & de quelques-uns des trente tyrans. Long. 26. 30. lat. 17. 22.

Je ne connois que deux hommes de lettres nés à Raperswil ; un théologien, protestant, du xvj. siecle, nommé Placius (Conrad-Wolfgang), mais dont on ne lit plus les ouvrages ; & Spener (Philippe-Jacques), qui a donné plusieurs livres de piété en allemand, outre son opus heraldicum. Il est mort à Berlin en 1705, âgé de 70 ans. (D. J.)

RAPETASSER, v. act. c’est raccommoder avec

des pieces. Au simple, on ne rapetasse guere que de vieilles hardes ; au figuré, il se dit d’un discours, d’une piece de vers & de tout autre ouvrage de littérature.

RAPHANIS, s. m. (Hist. nat. Botan. anc.) nom que les Athéniens parmi les Grecs donnoient au raifort, raphanus ; & ce mot raphanus, ou, comme ils disoient, raphanos, désignoit dans la langue attique le chou, brasica. Tous les autres Grecs s’accordoient au contraire à appeller le raifort raphanus, & le chou crambe. Voilà d’où vient que tant d’auteurs ont confondu ces deux plantes, quoique si différentes dans leurs ports & dans leur usage ; mais il suffira d’observer que toutes les fois que Théophraste emploie le mot raphanus, il entend le chou, ainsi que tous les autres écrivains d’Athènes, ou qui ont fait usage de l’idiome d’Athènes. Pline, faute d’avoir fait cette remarque, a été trompé par le mot raphanos de Théophraste ; & en le traduisant mot-à-mot, il a attribué au raphanus les détails de l’auteur grec qui concernoit le chou. (D. J.)

RAPHANISTRUM, s. m. (Hist. nat. Botan.) genre de plante à fleur en croix, composée de quatre pétales. Le pistil sort du calice de cette fleur, & devient dans la suite un fruit ou une silique articulée, qui renferme dans chaque articulation une semence arrondie. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

Pour caractériser ce genre de plante en deux mots, il suffit de dire avec Rai, que sa silique est divisée en jointures, comme une colonne ornée d’une fusée & d’un filet, & que chaque jointure est pleine de semences rondes. Tournefort en compte cinq especes, dont aucune n’a besoin de description particuliere. (D. J.)

RAPHANUS, s. m. (Hist. nat. Botan.) Tournefort compte quatre especes de ce genre de plante, le grand rond, le même à fleur blanche, le noir & le petit des jardins.

Le grand est le raphanus major hortensis, orbicularis, vel rotundus, I. R. H. 229. en anglois, the great round radish, en françois radis.

Sa racine est longue, charnue, plus ou moins grasse & tortue, de couleur brune ou noirâtre, qui a d’abord la figure d’un petit navet, & qui en vieillissant grossit beaucoup, est charnue, d’un goût très piquant, mais sans être desagréable.

Elle pousse des feuilles grandes, rudes vertes, découpées profondément, ressemblantes à celles de la rave. Il s’éleve d’entre ces feuilles, des tiges à la hauteur d’environ un pié & demi, rondes & rameuses ; elles portent des fleurs à quatre feuilles purpurines, disposées en croix. Lorsque les fleurs sont tombées, il leur succede des fruits formés en maniere de corne, spongieux en-dedans, qui renferment ordinairement deux rangs de semences presque rondes, rouges, plus grandes que celles du chou & de la moutarde, âcres au goût.

On cultive cette plante dans les jardins potagers, où elle fleurit d’assez bonne heure, & l’on retire sa racine de terre principalement au printems, pendant qu’elle est tendre, succulente, facile à rompre & bonne à manger ; car elle ne s’emploie qu’en cuisine.

Le raphanus minor, oblongus, I. R. H. 229. en françois le raifort, n’est distingué du précédent que par ses racines longues, qui sont à l’extérieur de couleur rouge vif, blanches en-dedans, d’un goût moins fort que le radis, & plus agréable ; on la mange nouvellement semée, & on la cultive beaucoup pour les tables ; on l’appelle improprement rave à Paris, car ce nom ne convient qu’à la rave du Limousin, qu’on cultive dans les champs, & que les Botanistes nomment rapa ou rapum. Voyez Rave.

Le grand raifort appellé vulgairement le crate, la moutardelle, est le raphanus rusticanus de C. B. & le raphanus sylvestris de J. B. M. de Tournefort l’a ran-