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que les prises de possession. Voyez les preuves des libertés de l’église gallicane ; le tome XI. des mémoires du clergé ; le président Guymier, sur la pragmatique ; le président le Maître, dans son traité des régales ; Chopin, lib. II. de domanis, cap. ix. Buzée & Probus ; Pasquier, liv. III. de ses recherches, ch. xxvij. xxviij. & xxix. Pinson, traité de la régale ; du Perray, sur le concordat ; les lois ecclésiastiques, de Héricourt ; Drapier, recueil de décision, & la déclaration du 18 Avril 1673.

Régale signifie aussi dans quelques coutumes, la perte des fruits de l’héritage, ou le droit que le seigneur féodal a de prendre, & appliquer à son profit les fruits des héritages de fief ou côtiers à faute de les relever & droiturer, comme en la coutume d’Artois, articles 23 & 24. Voyez le glossaire de M. de Lauriere au mot régale, & l’auteur des notes sur Artois, article 24.

Régales au pluriel, ou droits régaliens, sont tous les droits qui appartiennent au roi à cause de sa souveraineté.

On distingue deux sortes de régales, les grandes & les petites.

Les grandes régales, majora regalia, sont celles qui appartiennent au roi, jure singulari & proprio, & qui sont incommunicables à autrui, attendu qu’elles ne peuvent être séparées du sceptre étant des attributs de la souveraineté, comme de se qualifier par la puissance de Dieu, de faire des lois, de les interpreter ou changer, de connoître en dernier ressort des jugemens de tous magistrats, de créer des offices, faire la guerre ou la paix, traiter par ambassadeurs, faire battre monnoie, en hausser ou baisser le titre & la valeur, mettre des impositions sur les sujets, les ôter ou en exempter certaines personnes, donner des graces & abolitions pour crimes, accorder d’autres dispenses de la rigueur des lois, naturaliser les étrangers, faire des nobles, ériger des ordres de chevalier & autres titres d’honneur, légitimer les bâtards, donner des lettres d’état, amortir les héritages tombés en main-morte, fonder des universités, ériger des foires & marchés publics, instituer des postes & couriers publics, assembler les états généraux ou provinciaux, &c.

Les petites régales, minora regalia, sont celles qui n’étant point nécessairement inhérentes à la couronne, peuvent en être séparées, au moyen de quoi elles sont communicables & cessibles ; telles sont les grands chemins, les grandes rivieres, les péages & autres droits semblables. Voyez le recueil des ordonnances de la troisieme race ; le Bret, traité de la souveraineté ; Dargentré, sur l’article 56. de la coutume de Bretagne. (A)

Régale, eau, (Chimie.) l’eau régale est un acide composé de deux autres, le nitreux & le marin. La plus grande & la plus remarquable de ses propriétés est de pouvoir dissoudre le roi des métaux, sans toucher à l’argent dont il fait le départ ; si ces deux substances sont unies, on observera ici que pour peu qu’un des deux acides domine, une partie de l’argent sera entraînée dans la dissolution, sur-tout si c’est le nitreux.

On a plusieurs manieres de préparer l’eau régale : 1° on fait fondre dans l’esprit-de-nitre du sel ammoniac, l’acide marin s’unit avec le nitreux, pendant que l’alkali volatil dégagé par ce dernier acide, comme ayant avec lui plus d’affinité, forme le nitre brûlant : 2° on mêle de l’esprit-de-sel à l’eau-forte : 3° on verse dans une cornue l’acide nitreux sur du sel marin décrépité, & on les fait distiller : 4° on fait distiller ensemble du nitre & du sel marin mêlés avec une terre bolaire. La méthode la plus suivie, parce qu’elle est plus simple & moins dispendieuse, est la pre-

miere, mais la meilleure est la seconde.

De toutes les substances solubles dans les acides, l’argent est presque la seule qui ne soit point dissoute dans l’eau régale. C’est ici que les merveilles inexplicables se présentent bien. Les deux acides qui composent l’eau régale, dissolvent séparément l’argent, & ne l’entament pas seulement quand ils sont unis.

On a peu travaillé sur cet acide, on n’a examiné avec soin aucun des sels qu’il peut produire, à peine sait-on qu’il en donne avec l’or. On n’a point tenté de le dulcifier, & encore moins d’en retirer un éther qui auroit pû conduire peu-à-peu à l’éther marin, en diminuant successivement la quantité de l’acide nitreux, & observant ce qui arriveroit dans ces différentes combinaisons. Cet acide peut, comme les autres, former des savons étant uni avec les huiles ; les procédés qu’il faudroit suivre ne sont point connus. Enfin nous ne soupçonnons pas qu’il ait jamais été d’aucun usage médicinal ; il peut donc devenir le sujet d’une multitude de recherches & de découvertes.

Régale, s. f. (Musiq.) sorte d’ancien instrument composé de plusieurs bâtons de bois résonnant, attachés près-à-près, & qui vont en augmentant ; on les touche avec une boule d’ivoire, qui est au bout d’un petit bâton. Il est dit dans la satyre Ménippée : « Le charlatan espagnol étoit monté sur un petit échafaud, jouant des régals ». Surquoi M. Dupuy fait cette note : Régal est une épinette organisée, autrement un petit jeu d’orgue & de flûte, fort commun en Espagne & en Italie. En France, cet instrument s’appelle un positif. (D. J.)

RÉGALEMENT, s. m. (Jurisprud.) signifie ce que l’on fait pour égaler des personnes qui se trouvoient partagées inégalement. Ce régalement a lieu sur-tout dans les successions lorsque des enfans ont reçu des dots inégales, ou que les uns ont été dotés, & que les autres ne l’ont pas été. Voyez Dot, Partage, Succession. (A)

Régalement, s. m. (Architect.) c’est la réduction d’une aire, ou de toute autre superficie, à un même niveau ou à sa pente. Daviler. (D. J.)

RÉGALER, v. act. (Gram.) c’est faire un régal. Voyez l’article Régal.

Régaler, v. act. (Architect.) ou applanir, c’est, après qu’on a enlevé les terres massives, mettre à niveau, ou selon une pente réglée, le terrein qu’on veut dresser. On appelle régaleurs ceux qui étendent la terre avec la pelle à mesure qu’on la décharge, ou qui la foulent avec des battes. Daviler. (D. J.)

Régaler, c’est, en terme de Blanchisserie, etendre avec une fourchette de bois la cire plus également, qu’on ne l’avoit fait avec les mains.

Régaler, (Jardinage.) se dit d’un terrein qui n’est pas encore dressé, où la terre n’est pas encore répandue par-tout ; ainsi régaler un terrein veut dire le dresser, l’unir.

RÉGALEUR, s. m. termes de riviere, ouvrier qui a soin lorsqu’on apporte des gravois sur les remparts ou autres décharges publiques, de les étendre avec la pelle ; il a des gages de la ville, & une bandouliere en ceinture.

RÉGALIENS, adj. (Jurisprud.) droits régaliens. Voyez le mot Régales au plurier.

REGARD, s. m. (Gram.) action de l’œil. Jetter un regard au loin. Le regard est tranquille ou passionné, doux ou colere, inquiet ou paisible, distrait ou attentif, indifférent ou curieux.

Regard, s. m. (Hydraul.) est un quarré de maçonnerie en forme de cheminée, très-différent du soupirail, en ce qu’il est toujours renfermé dans les terres & couvert d’une dalle de pierre, jusqu’au moment que le fontainier est obligé de visiter si l’eau roule par toute une conduite, & ne s’arrête nulle part.