Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 14.djvu/140

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Repos, (Peint.) c’est le contraste des clairs opposés aux bruns, & alternativement des bruns opposés aux clairs. Ces masses de grands clairs & de grandes ombres s’appellent repos, parce qu’en effet elles empêchent que la vue ne se fatigue par une continuité d’objets trop pétillans ou trop obscurs.

Il y a deux manieres de produire ces repos, l’une qu’on appelle naturelle, & l’autre artificielle. La naturelle consiste à faire une étendue de clairs ou d’ombres qui suivent naturellement & comme nécessairement plusieurs figures groupées ensemble, ou des masses de corps solides ; l’artifice dépend de la distribution des couleurs que le peintre donne telles qu’il lui plaît à certaines choses, & les compose de sorte qu’elles ne fassent point de tort aux objets qui sont auprès d’elle. Une draperie, par exemple, qu’on aura faite jaune ou rouge en certains endroits, pourra être dans un autre endroit de couleur brune, & y conviendra mieux pour produire l’effet que l’on demande. Les figures jettées en trop grand nombre, représentées sous des attitudes trop vives & trop bruyantes étourdissent la vue & troublent ce repos, ce silence qui doit regner dans une belle composition.

Sit procul iste fragor, placido sed in æquore telæ
Serpat amœna quies, & docta silentia regnent.


(D. J.)

Repos d’escalier, (Charpent.) on appelle ainsi les marches plus grandes que les autres, qui servent comme de repos dans les grands perrons où il y a quelquefois des palliers de repos dans une même rampe ; ces palliers doivent avoir du-moins la largeur de deux marches. Ceux qui sont dans les retours des rampes des escaliers, doivent être aussi longs que larges. (D. J.)

Repos, Reposer, (Jardinage.) il est si nécessaire aux végétaux de se reposer, que les arbres d’eux-mêmes prennent du relâche, en ne rapportant jamais abondamment deux années de suite.

Les terres sont de même, mais on leur donne des années de jachere tous les trois ans. Voyez Jachere.

Repos, (Horlogerie.) c’est dans l’échapement dit à repos l’excès de la force motrice sur le régulateur, qui, par son mouvement acquis suspend celui de la roue de rencontre.

Sans faire l’énumération des différens échapemens à repos, je ne parlerai que de ceux appellés à cylindre pour les montres, & à ancre pour les pendules.

Dans les premieres, l’on sait que l’axe de la roue de rencontre est parallele à l’axe du régulateur, & opere les vibrations sur le cylindre, qui n’est autre chose qu’un tube creux entaillé jusqu’au centre, & sur les tranches duquel agissent alternativement les dents de la roue qui porte une espece de plan incliné rentrant au-dedans de la circonférence de la roue, & agissant sur les tranches du cylindre du dehors au-dedans, & du dedans au-dehors, en faisant décrire des arcs de levée proportionnés à l’inclinaison des plans.

Je suppose que la roue poussant de l’une de ses dents la premiere tranche du cylindre du dehors au-dedans, elle lui fait décrire l’arc de levée ; après quoi cette dent abandonne la tranche du cylindre, & tombe sur la circonférence concave. Dans cet état le balancier qui a acquis du mouvement, continue l’arc commencé, qui devient cinq à six fois plus grand, & par-là suspend entierement le mouvement propre de la roue de rencontre : mais comme il reste cependant dans un mouvement relatif, eu égard à la position circulaire que la dent parcourt dans la concavité du cylindre ; c’est ce qui fait l’un des repos de cet échapement. La vibration étant achevée, la réac-

tion du ressort spiral ramene le balancier, & la dent parcourt à contresens le même espace circulaire, toujours par un mouvement relatif, & dans un repos absolu, jusqu’à ce que cette dent atteigne la seconde tranche du cylindre : alors reprenant son mouvement propre, elle fait décrire un arc de levée du dedans au-dehors : après quoi elle abandonne cette tranche, & la dent suivante tombe & appuie sur la circonférence convexe ; ce qui fait l’autre repos de cet échapement.

Dans cet état, le balancier continue son arc de vibration, qui devient aussi cinq à six fois plus grand ; & la dent parcourt sur la convexité un espace circulaire, comme elle l’a fait ci-devant dans la concavité.

La propriété de suspendre le mouvement de la roue de rencontre a fait croire à la plûpart des horlogers que le régulateur achevoit sa vibration avec une entiere liberté, & que par-là elle compensoit parfaitement l’inégalité de la force motrice. En l’examinant, l’on voit bien que cela n’est pas vrai : car la liberté de la vibration est gênée par le frottement de la dent sur les diametres extérieurs & intérieurs du cylindre ; c’est pourquoi dans cet échapement le régulateur est moins puissant que dans celui à recul.

Il est un autre échapement à repos appellé échapement à virgule, qui a un avantage sur celui à cylindre, surtout depuis que j’ai réduit les rayons des repos aussi courts qu’il étoit possible, & rendu par ce moyen la vibration plus libre, & par-là augmenté la puissance du régulateur. L’académie des Sciences a jugé favorablement & de l’échapement & de l’usage qu’on en a fait. Voyez Échapement.

Dans l’échapement à ancre & à repos dans les pendules, l’alternative des vibrations se fait comme dans celui à recul, avec cette différence, que pour être à repos, il faut que les dents de la roue, au lieu de tomber sur le dedans ou dehors des bras de l’ancre, qu’elle tombe sur les faces faites en portions circulaires & concentriques au centre du mouvement, pour rester en repos dessus, tandis que l’ancre décrit sa portion de cercle en achevant son oscillation.

Comme dans tous les échapemens à repos il se fait un frotement à double sens sur le repos ; il suit qu’il faut de l’huile pour en faciliter le mouvement : ainsi, le repos, bien loin de permettre l’entiere liberté de la vibration, est précisément ce qui la gêne. Article de M. Romilly.

REPOSÉE, s. f. terme de Chasse ; c’est le lieu où les bêtes fauves se mettent sur le ventre pour y demeurer, & y dormir.

REPOSER, v. act. & neut. c’est discontinuer le travail, l’action, le mouvement, se remettre de la fatigue ; s’arrêter. Donnez-lui le tems de se reposer de ses peines ; ici repose celui qui jamais ne se reposa. Laissez reposer cette terre, cette liqueur, l’esprit de cet homme. Le fils de l’Homme n’a pas où reposer sa tête. Les rois se reposent de la plus grande partie de l’administration sur leurs ministres.

REPOSOIR, s. m. (Décorat. d’architect.) c’est une décoration d’architecture feinte, qui renferme un autel avec des gradins chargés de vases, chandeliers & autres ouvrages d’orfévrerie, le tout accompagné de tapisseries, tableaux & meubles précieux pour les processions de la fête-Dieu. On fait des reposoirs magnifiques à l’hôtel des Gobelins à Paris, avec des meubles de la couronne. Daviler. (D. J.)

Reposoir, s. m. (Teinture.) nom qu’on donne dans l’Amérique à la troisieme cuve qui sert à la préparation de l’indigo. On l’appelle reposoir, parce que c’est dans cette cuve que l’indigo préparé dans les autres cuves, se sépare de l’eau pour se reposer au fond, d’où on le tire pour le mettre dans les sachets.