Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 14.djvu/179

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les résolutifs savonneux sont les sels volatils spiritueux, aromatiques & huileux ; les savons chimiques, qui consistent en huiles distillées, & en alkalis fixes ; le savon commun qui est fait avec des huiles tirées sans feu & un alkali fixe ; enfin, les préparations de sucs mûrs de fruits d’été. On peut administrer toutes ces choses sous différentes formes pour les maladies chroniques ; & à la longue dans des mains habiles, comme dans celles de M. Tronchin, ce sont d’excellens remedes. (D. J.)

Résolutifs, adj. terme de Chirurgie concernant la matiere médicale externe. Ce sont des médicamens qui ont la vertu de dissiper les humeurs qui embarrassent les parties, & les distendent contre l’ordre naturel. La résolution est la terminaison la plus favorable des tumeurs contre nature. Il n’y a que les tumeurs critiques, qu’il est plus à propos de faire suppurer, de crainte que l’humeur morbifique rentrant dans le sang, ne se porte sur des parties intérieures où elle seroit moins favorablement placée.

Les humeurs arrêtés dans une partie, ne peuvent se résoudre qu’en rentrant dans la voie de la circulation par le moyen de l’action organique des vaisseaux. Il faut donc, pour obtenir la résolution, que les humeurs soient assez fluides pour reprendre cette voie ; & l’on doit exciter l’action des vaisseaux avec des remedes plus ou moins stimulans, suivant le degré de tension qu’ils ont. Ainsi, dans certains cas où les solides sont tendus & crispés, il faut avoir recours aux émolliens avant que de songer à l’administration des résolutifs ; & il faudra commencer par les plus doux, en les associant d’abord aux émolliens. Dans d’autres cas où l’action organique des solides est très-foible ; on se sert d’abord des résolutifs stimulans les plus actifs. En général on ne peut les employer avec connoissance de cause, qu’ayant égard, comme nous venons de le faire remarquer, aux dispositions relatives des solides & des fluides dans chaque espece de tumeur, dont on se propose de procurer la résolution.

Les résolutifs les plus doux qui possedent des parties actives, capables d’atténuer les humeurs, & de donner du ressort aux vaisseaux, joints à des mucilages adoucissans & émolliens, sont les fleurs de mélilot, de sureau, de camomille, de safran ; les farines de lin, de froment, de seigle, d’orobes, de lupins, de féves. Les plantes vulnéraires & légerement aromatiques viennent ensuite : & enfin les aromatiques astringens, & tous les remedes corroborans & toniques, qui donnent beaucoup de ressort aux vaisseaux, sont des résolutifs plus actifs. Le camphre est un excellent remede, atténuant, calmant & résolutif. Tous les livres enseignent la méthode de formuler ces médicamens, & d’en faire des fomentations, des cataplasmes, &c. Les emplâtres fondantes sont résolutives, telles que les emplâtres de ciguë, de savon, de diabotanum, de vigo, avec ou sans mercure. Le mercure est le plus puissant résolutif qu’on connoisse : il y a des cas où son application en pommade est seule spécifique.

Les sels alkalis fixes doivent être mis au rang des résolutifs les plus efficaces. On sait que dans l’usage intérieur le sel alkali fixe est un puissant diurétique & diaphorétique. Ce sel mis en mouvement par l’action des vaisseaux agité sur les humeurs crues & glutineuses, & même sur les sucs albumineux ou lymphatiques ; il les incise, les dissout & les rend plus fluides ; il excite l’action des vaisseaux, & donne par-là du mouvement aux liquides. On ne peut donc employer de meilleur résolutif que le sel alkali fixe, pour donner de la fluidité & du mouvement aux humeurs qui séjournent dans les vaisseaux d’une partie affoiblie, comme dans les anciens œdemes, dans les ulceres avec empâtement, dans les congestions qui

restent à la suite des grandes plaies contuses, telles que celles par armes à feu. On se sert alors avec beaucoup de succès des eaux minérales sulfureuses, fournies d’alkalis fixes naturels ; ou bien on a recours aux lessives de cendres de bois ou de plantes qui fournissent beaucoup de sel alkali, comme le sarment de vigne. Le sel alkali dissout dans de l’eau, à la dose de deux gros sur pinte, a la même propriété que l’infusion des cendres dont on vient de parler. On se sert de ces dissolutions ou de ces lessives en forme de bains chauds & de douches. Voyez Douches.

Tous les alkalis n’ont pas la même activité. Ceux des eaux thermales, c’est-à-dire, les alkalis naturels, sont plus foibles que les artificiels ; cependant les eaux minérales sont de puissans résolutifs, parce que ces eaux augmentent beaucoup la vertu de ces sels.

La dissipation de l’engorgement est le signe que la résolution se fait ; & dans les tumeurs inflammatoires, elle s’anonnce par les rides de la peau sur la partie tendue. Le recueil des pieces qui ont concouru pour le prix de l’académie royale de Chirurgie, tome premier, contient des mémoires instructifs sur les médicamens résolutifs.

Les résolutifs seroient sans effet, si l’on n’avoit l’attention de procurer des déplétions convenables qui favorisent & déterminent la résolution. Voyez Résolution, Chimie. (Y)

RESOLUTION, DÉCISION, s. f. (Synonym.) la décision est un acte de l’esprit & suppose l’examen ; la résolution est un acte de la volonté, & suppose la délibération. La premiere attaque le doute, & fait qu’on se déclare ; la seconde attaque l’incertitude, & fait qu’on se détermine.

Nos décisions doivent être justes pour éviter le repentir ; nos résolutions doivent être fermes pour éviter les variations.

Rien de plus desagréable pour soi-même & pour les autres, que d’être toujours indécis dans les affaires, & irrésolu dans les démarches.

On a souvent plus d’embarras & de peine à décider sur le rang & sur la prééminence, que sur les intérêts solides & réels. Il n’est point de résolutions plus foibles que celles que prennent au confessional & au lit, le malade & le pécheur ; l’occasion & la santé rétablissent bien-tôt la premiere maniere de vivre.

Il semble que la résolution emporte la décision, & que celle-ci puisse être abandonnée de l’autre ; puisqu’il arrive quelquefois qu’on n’est pas encore résolu à entreprendre une chose pour laquelle on a déja décidé : la crainte, la timidité, ou quelque autre motif, s’opposant à l’exécution de l’arrêt prononcé.

Il est rare que les décisions ayent chez les femmes d’autre fondement que l’imagination & le cœur : en vain les hommes prennent des résolutions ; le goût & l’habitude triomphent toujours de leur raison. Il y a bien loin d’un projet à la résolution, & de la résolution à l’éxécution.

En fait de science, on dit la décision d’une question, & la résolution d’une difficulté.

C’est ordinairement où l’on décide le plus, qu’on prouve le moins ; quoiqu’on réponde dans les écoles à toutes les difficultés, on y en résout très peu. Girard, Synonymes. (D. J.)

Résolution, & plus communément Solution, terme de Mathématique, c’est l’énumération des choses qu’il faut faire pour obtenir ce que l’on demande dans un problème. Voyez Problème.

Wolff admet trois parties dans un problème ; la proposition, qui est proprement ce que nous appellons problème ; la résolution, & la démonstration. Voyez Proposition.

Dès qu’un problème est démontré, on peut le