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La robe triomphale est appellée dans quelques auteurs, togula palmata, parce qu’on y représentoit apparemment des palmes, symbole de la victoire. Ciceron nomme cette robe togula picta, robe peinte, pictæ vestis considerat aurum ; on représenta depuis sur cette robe, des personnages faits à l’aiguille, comme on le voit dans différens endroits de Claudien, dans Chorippus, lib. I. mim. 15. & dans ce passage de Juvenal, sat. 6.

Illic barbaricas flexâ cervice phalanges,
Occisos reges, subjectas que ordine gentes,
Pictor acu tenui multâ formaverat arte.

Enfin, les empereurs romains avilirent la distinction éclatante de cette robe, en accordant à leurs favoris, soit qu’ils eussent triomphé ou non, la permission de la porter. (D. J.)

Robes-neuves, (Hist. de France.) on nommoit ainsi dans le douzieme & treizieme siecle, les habits que nos rois donnoient suivant l’usage à leurs officiers, au tems des grandes fêtes, comme à la fête de Noël. (D. J.)

Robe d’une coquille, (Conchyl.) c’est la couverture ou superficie de la coquille, après qu’on a levé l’épiderme. (D. J.)

Robe, en terme de Blondier, c’est une enveloppe de carte ou de parchemin dont on entoure les fuseaux pour ne point sallir la piece qu’on travaille.

Robe, (Jardinage.) on dit la robe d’un oignon, laquelle est à proprement parler, son enveloppe, sa pellicule.

Robe, (Maréchalerie.) se dit dans certaines occasions pour le poil en général. Par exemple, on dit du poil de cheval lorsqu’il frappe agréablement les yeux, qu’il a une belle robe.

Robe, (Mesure de liquides.) en Espagne la robe fait huit sommes, la somme quatre quarteaux. Les vingt-huit robes font une pipe ; la botte est de trente robes, & la robe pese vingt-huit livres. Savary. (D. J.)

Robe, (Manuf. de tabac.) ce sont les plus grandes feuilles de tabac que l’on destine à mettre les dernieres sur le tabac qu’on file, pour le parer & donner plus de consistence à la corde. Savary. (D. J.)

ROBER, v. act. terme de Chapelier ; c’est enlever le poil d’un chapeau de castor avec la peau de chien marin. Autrefois on ne se servoit que de la pierre-ponce pour cet usage, ce qu’on appelloit poncer ; mais depuis que la maniere de rober est passée d’Angleterre en France, on ne ponce presque plus les chapeaux. Les habiles fabriquans estiment que les peaux de chiens marins affinent davantage que la ponce. Dictionn. de Commerce. (D. J.)

Rober, le (Géogr. mod.) riviere d’Allemagne qui coule dans l’archevêché de Trèves, & qui se jette dans la Moselle à Trèves même ; c’est l’Erubrus, ou l’Erubris d’Ausone. (D. J.)

ROBERVALLIENNES, Lignes, (Géométrie.) c’est le nom qu’on a donné à de certaines lignes courbes qui servent à transformer les figures ; elles sont ainsi appellées du nom de leur inventeur M. de Roberval. Ces lignes contiennent des espaces infinis en longueur, & néanmoins égaux à d’autres espaces fermés de tous côtés. Les propriétés de ces lignes sont expliquées par M. de Roberval à la fin de son traité des indivisibles, imprimé en 1693 dans le recueil intitulé divers ouvrages de Mathématique & de Physique, par MM. de l’académie royale des Sciences.

L’abbé Gallois, dans les mém. de l’académie des Sciences de Paris, pour l’année 1693, prétend que la méthode de transformer les figures, expliquée à la fin du traité des indivisibles de M. de Roberval, est la même qui a été publiée depuis par M. Jacques Gregory, dans sa géométrie universelle, & après lui par Barrow, dans son livre intitulé lectiones geometricæ,

& qu’il paroît par une lettre de Toricelli, que M. de Roberval étoit l’inventeur de cette méthode de transformer les figures, par le moyen de certaines lignes que Toricelly appelle lignes robervalliennes.

L’abbé Gallois ajoute qu’il est fort vraissemblable que M. Jacques Gregory, dans le voyage qu’il fit à Padoue en 1668, y apprit cette méthode, qui étoit connue en Italie dès 1646, quoique l’ouvrage de Roberval n’ait été publié qu’en 1692.

M. David Gregory, zélé pour l’honneur de son frere, a tâché de réfuter cette imputation ; sa réponse à l’écrit de l’abbé Gallois est insérée dans les Transactions philosophiques de l’année 1694 ; & celui-ci a répliqué dans les mémoires de l’académie des Sciences de Paris 1703. Chambers. (O)

ROBERTINE, s. f. terme de l’Ecole ; c’est le nom d’une these que soutiennent ceux qui veulent être de la maison de Sorbonne. Elle a pris son nom de Robert Sorbon, instituteur de la Sorbonne.

ROBIA HERBA, (Hist. nat. Botan. anc.) nom donné par Paul Æginete & autres anciens, à une plante qu’on employoit en teinture. La grande ressemblance de ce nom avec le rubia que nous appellons garance, a fait croire à plusieurs modernes que le robia des anciens étoit notre rubia ; mais on n’a pas pris garde qu’ils l’employoient pour teindre en jaune, & que notre garance ne teint qu’en rouge. Le robia herba est vraissemblablement le lutia herba des Latins, notre herbe jaune, autrement dite gaude, dont les Teinturiers font grand usage pour teindre en jaune. (D. J.)

ROBIAS, (Hist. nat.) pierre dont parle Pline, & que l’on croit être une pierre composée de particules globuleuses semblables à des œufs de poisson ou à des graines. Voyez Oolite & Pisolite.

ROBIGALES, ou RUBIGALES, s. f. pl. (Antiq. romaines.) en latin robigalia ou rubigalia ; fête instituée par Numa, la onzieme année de son regne, & que les Romains célébroient en l’honneur du dieu Robigus, pour le prier d’empêcher la nielle de gâter leurs blés ; cette fête se faisoit le septieme jour devant les calendes de Mai, c’est-à-dire le 25 d’Avril, parce que dans ce tems-là la constellation du chien, qui est une constellation malfaisante, se couche, & que de plus c’est vers ce tems-là que la rouille ou la nielle a coutume d’endommager les blés qui sont sur terre. (D. J.)

ROBIGUS, ou RUBIGUS, s. m. (Mithologie.) dieu de la campagne & de l’Agriculture chez les anciens Romains. C’étoit ce dieu qu’on invoquoit pour le prier de garantir les blés de la nielle, en latin robigo ou rubigo, & c’est de-là qu’il avoit pris son nom. On lui sacrifioit les entrailles d’un chien & celles d’une brebis, selon Ovide ; & selon Columelle, un petit chien nouvellement né. Numa Pompilius avoit lui-même institué une fête & des sacrifices à ce dieu. Onuphrius Panvinius dit qu’il avoit à Rome un temple & un bois dans la cinquieme région de la ville. Il avoit encore un autre temple sur la voie Nomentane, hors la porte Capene.

Les Rhodiens invoquoient Apollon contre la nielle ou rouille des blés, & ils donnoient à ce dieu le nom de Erythibius, de ἐρυθίϐη, qu’ils disoient au lieu de ἐρυσίϐη, qui signifie la nielle des blés. (D. J.)

ROBINET, s. m. (Hydr.) est une clé ou canelle de cuivre qui s’emboîte dans un boisseau du même métal, que l’on tourne pour ouvrir ou fermer l’issue de l’eau qui va faire jouer une fontaine.

Il y a de plusieurs sortes de robinets ; ceux à tête quarrée, à branches ou à potence, & à deux ou trois eaux ; ensorte que fermant un jet, ils en ouvrent un autre. Il est essentiel que les ouvertures des robinets soient proportionnées au diametre de la conduite ; ensorte qu’il passe par le trou ovale de la canelle,