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réputation dans toute l’Europe, sur-tout son histoire des Juifs, celle de l’Eglise depuis Jesus-Christ jusqu’à présent, & celle des Provinces-Unies, parce que ce sont des ouvrages d’une utilité générale.

Son traité de la conscience parut à Amsterdam en 1696, & fait deux volumes in-8°. L’histoire de l’Eglise vit le jour à Rotterdam 1699, en deux volumes in-folio. Un des morceaux le plus curieux de cet ouvrage, est celui où il prouve qu’on a placé sur les autels un grand nombre de saints qui n’ont jamais existé, & qu’on a multiplié les persécutions pour multiplier le nombre des martyrs.

Son histoire des Juifs a été faite pour servir de supplément à celle de Joseph. La premiere édition est à Rotterdam 1706, en cinq volumes in-12. Elle a été tellement augmentée depuis, qu’elle contient aujourd’hui quinze volumes in-12. Le pere Simon, bon juge en ces matieres, convient que c’est un des meilleurs ouvrages de l’auteur. Il y faut joindre ses antiquités judaïques, ou remarques critiques sur la république des Hébreux, Amsterdam 1713, in-8°. deux volumes. Il refute dans cet ouvrage l’opinion du pere Baltus sur les oracles opérés par les démons.

Ses annales des Provinces-Unies forment deux volumes in-fol. le premier parut à la Haye en 1719, & le second en 1726. Le pensionnaire Heinsius trouvoit que cet ouvrage, quoique fautif en quelques endroits, étoit le meilleur qu’on eût publié en ce genre.

M. Basnage avoit aussi beaucoup travaillé au thesaurus monumentorum ecclesiasticorum & historicorum de Canisius, grand & bel ouvrage que les Wetsteins ont publié Antuerpiæ 1725, in-fol. On trouvera dans le dictionnaire de Chaufepié la liste complette des écrits de M. Basnage, avec un abrégé de sa vie. On peut aussi consulter le pere Niceron, tom. IV. & tom. X. Il mourut en 1723, dans sa 71e. année.

Basnage de Beauval (Henri), son frere, avocat en Hollande, mais encore plus philosophe, a écrit de la tolérance des religions. Il a aussi donné l’histoire des ouvrages des savans, & le dictionnaire de Furetiere augmenté. Il mourut en 1710, à 53 ans.

Un de ses cousins, Basnage de Flottemanville (Samuel), qui avoit été ministre à Bayeux, se retira à Zutphen, où il publia en 1706, en trois volumes in-fol. une savante critique des annales de Baronius, sous le titre de annales politico-ecclesiasiici. Enfin tous les Basnages qui ont vécu depuis le commencement du xvij. siecle jusqu’à ce jour, soit en France, soit dans les pays étrangers, se sont illustrés dans les lettres.

Jean du Bosc, seigneur d’Esmendreville, président en la cour des aides de Rouen sa patrie, est auteur de quelques livres savans, entre autres de celui qui est intitulé, de legitimis nuptiis ; son ouvrage de Numæ Pompilii sacris, déplut beaucoup aux catholiques romains. Il avoit été employé dans des ambassades importantes, & cependant il fut condamné à perdre la tête par la main du bourreau en 1562, comme un des principaux auteurs de la résistance que Rouen avoit faite aux armes du roi, dans la premiere guerre civile sous Charles IX. « Digne d’une meilleure destinée, dit le Laboureur, il avoit été élevé comme les illustres de son tems, qui aspiroient à la possession des belles sciences, & principalement de la jurisprudence, qu’il alla puiser dans sa source, au voyage qu’il fit exprès en Italie ».

Bochart (Samuel), ministre de l’Evangile à Caën, & l’un des plus savans hommes du monde, naquit l’an 1599, d’une famille noble & féconde en personnes de mérite. Il savoit le grec, l’hébreu, l’arabe, l’éthiopien, & autres langues orientales. La reine de Suede l’attira en 1652 à Stockolm, où elle lui donna des marques publiques de son estime, tandis qu’il n’éprouva que de la jalousie de M. Bourdelot. Il fit

le voyage de Suede avec M. Huet, évêque d’Avranches, qui a donné en vers latins une relation fort gentille de ce voyage. De retour à Caën, il y reprit ses fonctions de ministre, & mourut subitement en parlant, dans l’académie de cette ville, en 1667, à 78 ans.

Il se fit une grande réputation en 1646, par la publication du Phaleg & du Chanaam, qui sont les titres des deux parties de sa géographie sacrée. Il y traite, 1°. de la dispersion des peuples, causée par la confusion des langues ; 2°. des colonies & de la langue des Phéniciens. Il se proposoit de travailler sur les animaux, sur les plantes, & sur les pierres précieuses de la Bible ; mais il n’a pû achever que ce qui regarde les animaux, ouvrage qu’on imprima à Londres en 1663, in-fol. sous le titre d’Hierozoïcon. Les deux ouvrages que nous venons de citer, sont remplis d’une érudition immense, & rendront la mémoire de M. Bochart immortelle dans la littérature.

Brumoy (Pierre) savant jésuite, qui se fit aimer par sa probité & les qualités de son cœur, mourut à Paris en 1742, âgé de 54 ans. Il a fait des poésies, mais son théâtre des Grecs est le meilleur ouvrage qu’on ait en ce genre. Il n’étoit peut-être pas si mal fondé qu’on le croit, à admirer le mérite & la supériorité du théâtre grec.

Brun Desmarets (Jean-Baptiste de), savant dans les recherches ecclésiastiques, se vit enveloppé dans la disgrace de Mrs de Port-royal, & fut mis à la bastille où il resta cinq ans. Il mourut à Orléans en 1731, dans un âge très-avancé. Il a donné, 1°. les breviaires d’Orléans & de Nevers ; 2°. une édition de saint Paulin ; 3°. voyages liturgiques de France, in-8°. livre rempli de recherches curieuses ; 4°. il avoit achevé une édition des œuvres de Lactance, que M. Langlet du Fresnoy a publiée avec des augmentations, en deux volumes in-4°.

Bulteau (Louis) fut secrétaire du roi, mais il se démit de cette charge au bout de quatorze ans, & passa le reste de ses jours chez les bénédictins. Il mourut d’apoplexie en 1693, à 68 ans. Il a publié quelques ouvrages anonymes & assez bien écrits. Les principaux sont, 1°. Essai de l’histoire monastique ; 2°. Abrégé de l’histoire de l’ordre de saint Benoît, deux volumes in-4°. 3°. Traduction des dialogues de saint Grégoire le grand, avec de savantes notes, &c.

Charleval (Jean-Louis Faucon de Ris, seigneur de) neveu, frere & oncle de Mrs Faucon de Ris, tous trois premiers présidens du parlement de Normandie, étoit d’une complexion si foible, qu’on ne croyoit pas qu’il dût vivre long-tems. Il ne mourut pourtant qu’en 1688, dans sa 80e. année ; & malgré la délicatesse de son tempérament, il dut au régime une assez bonne santé. Il étoit ami de Sarrasin & de Scarron, & l’étude des belles-lettres fit son plaisir ; mais il étoit peu communicatif. L’agrément de sa conversation le faisoit pourtant rechercher de tout le monde, & la plûpart des écrivains de son tems, ont loué la justesse de son style & la délicatesse de son goût : il portoit quelquefois cette derniere jusqu’au rafinement.

Nous n’avons qu’un petit nombre de ses écrits dispersés en différens recueils. Après sa mort les originaux de ses lettres & de ses poésies tomberent entre les mains de son neveu, le premier président, qui moins communicatif encore que Charleval lui-même, refusa de les laisser imprimer. Le peu qui nous reste de cet écrivain délicat, le fait juger digne d’occuper une place parmi nos auteurs agréables. La conversation du maréchal d’Hocquincourt & du pere Canaye, imprimée dans les œuvres de St. Evremont, est de Charleval, jusqu’à la petite dissertation sur le Jansénisme & sur le Molinisme, que St. Evremont y a ajoutée.

Choisi (François Timoléon de), l’un des quarante