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mes des romains, & dont la plûpart en avoient déja eu des enfans, se jetterent au milieu des combattans, & par leurs prieres & leurs larmes, suspendirent l’animosité réciproque. On en vint à un accommodement ; les deux peuples firent la paix ; & pour s’unir encore plus étroitement, la plûpart de ces sabins qui ne vivoient qu’à la campagne, ou dans des bourgades & de petites villes, vinrent s’établir à Rome. Ainsi, ceux qui le matin avoient conjuré la perte de cette ville, en devinrent avant la fin du jour, les citoyens & les défenseurs. Romulus associa à la souveraineté Tatius roi des Sabins ; cent des plus nobles de cette nation furent admis en même tems dans le sénat. Cet événement qui ne fit qu’un seul peuple des Sabins & des Romains, arriva l’an 7 de Rome, 747 avant Jesus-Christ. (Le Chevalier de Jaucourt.)

SABIONCELLO, (Géog. mod.) presqu’ile de la Dalmatie, dans les états de la république de Raguse, sur la côte du golfe de Venise ; elle est bornée au nord par le golfe de Narenta, & au midi par l’île de Cursola. On lui donne environ 20 milles de tour ; mais dans toute cette étendue elle ne contient que quelques villages, & un couvent de dominicains. (D. J.)

SABIONETA, (Géog. mod.) ville forte d’Italie, sur les confins du duché de Mantoue & du Cremonese, capitale d’un duché de même nom, à 15 milles de Parme, & à 25 de Crémone. Par le traité d’Aix-la-Chapelle*, la maison d’Autriche l’a cédée en 1748 à dom Philippe duc de Parme. Long. 27. 58. lat. 45. 4.

Gérard de Sabioneta, écrivain célebre du xij. siecle, mais moins connu sous le nom de Sabioneta, que sous celui de Gérard de Crémone, étoit un ecclésiastique versé dans les langues grecque, latine & arabe. Il s’attacha néanmoins particulierement à la Médecine, & l’exerça avec succès en Italie & en Espagne. Il traduisit du grec & de l’arabe en latin divers ouvrages considérables, & en composa lui-même quelques-uns.

Entre ses traductions de l’arabe & du grec, il faut mettre d’abord les œuvres d’Avicenne, avec des commentaires imprimés à Venise, chez les Juntes, en 1544 & 1555, deux vol. in-fol. 2°. Les œuvres de Rhasis Basileæ, en 1544, in-fol. 3°. Serapiones practica, Venet. 1497, in-fol. 4°. La chirurgie d’Albucasis, imprimée à Venise en 1500, in-fol. 5°. Gebri arabis astrologiæ, lib. IX. Norimbergæ, 1533, in-folio. La seule version latine faite du grec par Gérard de Crémone, est l’Ars parva de Galien.

Cet homme rare dans son siecle par ses études, ne se contenta pas de traduire, il composa même plusieurs ouvrages en Médecine, entr’autres, 1°. Commentarius in pronostica Hippocratis ; 2°. Commentarius in Viaticum Constantini africani, monachi Cassinensis ; 3°. Modus medendi ; 4°. Geomantia astronomica, car il s’appliqua aussi à l’Astrologie. Son style est assurément fort dur & fort barbare, au point qu’il dégoûte les lecteurs les plus patiens ; mais enfin c’étoit beaucoup dans le xij. siecle de pouvoir écrire en latin, & ce qui est plus étonnant, d’entendre le grec & l’arabe. (D. J.)

SABIS, s. m. (Mythol.) nom d’un dieu des anciens Arabes. Ces peuples payoient la dixme au dieu Sabis. On croit que c’est le même que Sabazeus & Sabur.

SABLE, arena, sabuium, glarea, (Hist. nat. Minéralogie.) le sable n’est autre chose qu’un amas de petites pierres détachées ; il est rude au toucher, & insoluble dans l’eau. De même qu’il y a des pierres de différentes especes, il y a aussi du sable de différentes qualités ; il varie pour la figure, la couleur & la grandeur des parties qui le composent. Le sable le plus grossier se nomme gravier. Voyez cet article. Le sable le plus fin s’appelle sablon : ce dernier paroît n’être autre chose qu’un amas de petits cailloux ar-

rondis, ou de crystaux transparens, dont souvent

les angles ont disparu par le frottement. C’est à cette substance que l’on doit proprement donner le nom de sable : tel est celui que l’on trouve sur le bord de la mer ; il est très-fin, très-mobile, & très-blanc, lorsqu’il n’est point mêlé de substances étrangeres ; tel est aussi le sable que l’on trouve dans une infinité de pays ; l’on a tout lieu de conjecturer qu’il a été apporté par les inondations de la mer, ou par le séjour qu’elle a fait anciennement sur quelques portions de notre globe, d’où elle s’est retirée par la suite des tems.

On a dit que c’étoit à cette derniere substance que convenoit proprement le nom de sable : en effet, les autres substances à qui on donne ce nom, n’ont point les mêmes caracteres ; elles paroissent n’être que de la terre, produite par les débris de certaines pierres, & dont les parties n’affectent point de figure déterminée, & qui ne differe en rien de la poussiere. Wallerius a mis le sable dans une classe particuliere distincte des terres & des pierres ; il en distingue plusieurs especes ; mais ses distinctions ne sont fondées que sur des circonstances purement accidentelles ; telles que la couleur, la finesse des parties, & les substances avec lesquelles le sable est mêlé. Il appelle le vrai sable ou sablon dont nous avons parlé en dernier lieu, arena quarzosa ; peut-être eût-il été plus exact de l’appeller arena crystallisata.

Quoi qu’il en soit, c’est-là le sable dont on se sert pour faire du verre ; le sablon d’Etampes & celui de Nevers sont de cette espece ; il varie pour la finesse, la blancheur, & la pureté : celui dont les parties sont les plus déliées, s’appelle glarea mobilis, sable mouvant.

Presque tous les sables sont mêlés de parties étrangeres qui leur donnent des couleurs & des qualités différentes ; ces parties sont des terres, des parties végétales, des parties animales, des parties métalliques, &c.

Le sable noir des Indes, qui est attirable par l’aimant, dont parle M. Muschenbroeck, est un sable mêlé de parties ferrugineuses ; en joignant à ce sable mis dans un creuset un grand nombre de matieres grasses, ce savant physicien n’a fait que réduire ces parties ferrugineuses en fer ; c’est pour cela qu’il a trouvé que ce sable étoit devenu plus attirable par l’aiman qu’auparavant. Les Physiciens, faute de connoissances chimiques, ne savent pas toujours apprécier les expériences qu’ils font.

Le sable verd qui, suivant la remarque de M. Rouelle, se trouve assez constamment au-dessous des couches de la terre, dans lesquelles on trouve des coquilles & des corps marins, semble redevable de sa couleur à la destruction des animaux marins qui l’ont ainsi coloré.

Outre le sable que nous avons décrit, il s’en trouve qui est composé de fragmens ou de petites particules de pierres de différente nature, & qui ont les propriétés de ces sortes de pierres ; tel est le sable luisant qui est un amas de petites particules de mica ou de talc ; il est infusible & ne se dissout point dans les acides. On sent aussi que le sable spatique ou calcaire doit avoir d’autres propriétés : en général, il paroît que les Naturalistes n’ont considéré les sables que très-superficiellement ; ils ne sont entrés dans aucun détail sur leurs figures, qui ne peuvent être observées qu’au microscope, ni sur leurs qualités essentielles, par lesquelles ils different les uns des autres ; il semble que l’on ne se soit occupé que des choses qui lui sont accidentelles. Cependant une connoissance exacte de cette substance pourroit jetter un grand jour sur la formation des pierres, vu qu’un grand nombre d’entre elles ne sont que des amas de