Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 14.djvu/471

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

SACAURAQUES, (Géogr. anc.) Sacauraci, ancien peuple d’entre les Scythes. Lucien, in Macrobiis, dit que Sinatoclès, roi des Parthes, étant ramené de son exil par les Sacauraques, scythes, à l’âge de 90 ans, commença de regner, & regna encore 7 ans. Ce sont les Saragaucæ de Ptolomée, l. VI. c. xiv. dans la Scythie, en-deçà de l’Imaüs, entre le Iaxarte & l’Oxus. (D. J.)

SACCADE, s. f. en terme de Manége, est une violente secousse que le cavalier donne au cheval en levant avec promptitude les deux rênes à-la-fois. On s’en sert lorsque le cheval pese trop sur la main ou qu’il s’arme. Voyez S’armer.

La saccade est une correction dont on fait rarement usage dans la crainte de gâter la bouche du cheval. Voyez Bouche.

Saccade, (Ecriture.) se dit, dans l’écriture, des inégalités de traits, des tourbillons d’ancre, des passes trop longues, accidens causés par une plume dont le mouvement est trop rapide & nullement reglé, ou par des soulevées de bras & de poignet trop considérables.

SACCADER, v. act. (Maréchal.) c’est mener un cheval en lui donnant continuellement des saccades. Voyez Saccade.

SACCAGE, (Droit de Seigneurs.) on appelle ainsi dans quelques coutumes ce qu’on appelle en d’autres minage, c’est-à-dire le droit que les seigneurs se sont attribués de prendre en nature, une certaine quantité de grains ou de légumes sur chaque sachée de ces marchandises qui s’exposent en vente dans leurs marchés. (D. J.)

SACCAGER, v. act. (Gram.) c’est abandonner une ville aux soldats quand elle est prise. Rome a été saccagée plusieurs fois. Nous nous en servons pour des désordres moins grands. Lafontaine a dit du vieillard qui avoit deux maîtresses, l’une vieille, l’autre jeune, que celle-là saccageoit tous les poils noirs & l’autre tous les poils gris. Ce vieillard est l’image de ceux qui n’ont point d’opinion à eux, ils sont dépouillés à mesure qu’ils tombent sous différentes mains.

SACCAI, (Géogr. mod.) Kempfer ne dit rien de cette ville, peut-être parce qu’elle ne subsistoit plus de son tems ; mais les auteurs de l’ambassade des Hollandois au Japon, en parlent fort au long, & nous la donnent pour une des cinq villes impériales du Japon, dans l’île de Nipon, sur la côte orientale de la baie d’Osacca, à 3 lieues au midi de cette ville. Longit. 152. 27. latit. 35. 46. (D. J.)

SACCARII, s. m. pl. (Littérature.) on nommoit ainsi chez les Romains, une compagnie de portefaix, qui avoit seule le privilege de transporter toutes les marchandises du port dans les magasins, personne n’ayant droit d’employer à cet effet ses propres esclaves, & moins encore les esclaves d’autrui. (D. J.)

SACCHI, SACCHO ou SACS, s. m. pl. (Com.) mesure des grains, dont on se sert à Livourne ; quarante sacchi font le last d’Amsterdam. Le saccho de blé pese environ 150 livres poids de Livourne. Voyez Last. Dict. de Commer.

SACCILAIRE, s. m. (Gram. & Divinat.) ceux qui sembloient se servir de magie & de maléfice pour s’approprier l’argent des autres.

SACCOMEUSE, s. f. (Gram.) Voyez Cornemuse.

SACCOPHORES, s. m. (Hist. ecclés.) secte d’anciens hérétiques, ainsi nommés parce qu’ils se couvroient de sacs, & faisoient profession de mener une vie pénitente.

Ce mot est grec σακκοφοροι, formé de σακκος, un sac, & φερω, je porte.

Il y a apparence que ces saccophores étoient les mêmes que les Encratites & les Messaliens. Théo-

dose fit une loi contre les Saccophores & les Manichéens. Voyez Encratites & Messaliens.

SACCOTTAY, (Géog. mod.) ville d’Asie au royaume de Siam, située vers les montagnes qui séparent le Siam & le Pégu. (D. J.)

SACÉES, s. f. pl. (Hist. anc.) en grec σακαια ; fêtes qu’on célébroit autrefois à Babylone en l’honneur de la déesse Anaïtis. Elles étoient dans l’Orient ce qu’étoient à Rome les saturnales, une fête instituée en faveur des esclaves ; elle duroit cinq jours pendant lesquels, dit Athénée, les esclaves commandoient à leurs maîtres ; & l’un d’entre eux revêtu d’une robe royale qu’on appelloit zogane, agissoit comme s’il eût été le maître de la maison. Une des cérémonies de cette fête étoit de choisir un prisonnier condamné à mort, & de lui permettre de prendre tous les plaisirs qu’il pouvoit souhaiter avant que d’être conduit au supplice. Voyez Saturnales.

SACELLAIRE, s. m. (Empire grec.) c’étoit dans l’empire grec, le nom de celui qui avoit soin de la bourse de l’empereur, ou comme nous parlerions aujourd’hui, de la cassette du prince, & qui donnoit à la cour, aux soldats, aux ouvriers, aux officiers du prince, & dans l’Église aux pauvres, leurs gages, ou les aumônes que l’empereur leur faisoit. Le pape a eu aussi un sacellaire jusqu’à Adrien. Ce mot vient de saccus, un sac, une bourse. (D. J.)

SACER, SACRA, SACRUM, (Littér.) le mot sacer signifie deux choses bien différentes ; ou ce qui est consacré à la religion, ou ce qui est exécrable.

Sacrum, regarde ce qui étoit consacré aux dieux par les pontifes ; sanctum, ce qui étoit saint & inviolable ; religiosum, concerne les tombeaux & les sépulcres des mânes.

Sacer sanguis, est le sang des victimes ; ædes sacra, un temple consacré à quelque dieu ; sacrum ritu, un rite consacre.

J’ai dit que sacer désignoit aussi ce qui est exécrable. De-là vient que Virgile a dit au figuré auri sacra fames, exécrable faim des richesses. Servius prétend que l’étymologie du mot sacer, en tant qu’il veut dire exécrable, vient d’une ancienne coutume des habitans de Marseille. « Lorsque la peste, dit-il, régnoit dans cette ville, on choisissoit un mendiant, un misérable, qui après avoir été nourri & engraissé pendant quelque tems aux dépens du public, étoit promené par les rues, & ensuite sacrifié. Tout le peuple lui donnoit avant son sacrifice mille malédictions, & prioit les dieux d’épuiser sur lui leur colere. Ainsi cet homme, comme sacer, c’est-à-dire dévoué au sacrifice, étoit maudit & exécrable ». (D. J.)

Sacer, (Géog. anc.) cet adjectif latin pour le genre masculin, veut dire sacré ; on sait qu’il fait au féminin sacra, & au neutre sacrum. Les grecs l’exprimoient en leur langue, par ἱερος, ἱερα, ἱερον ; mais ces mots, soit latins, soit grecs, deviennent noms propres & particuliers à un lieu, lorsqu’ils sont attachés à quelqu’autre mot qui les détermine à ce lieu : en voici quelques exemples.

1°. Sacer ager, la campagne sacrée, lieu de l’Asie mineure, au voisinage de Clamozène, selon Tite-Live, lib. I. ch. xxxix.

2°. Sacer campus, le champ sacré, lieu dans une île du Nil, auprès des montagnes d’Ethyopie & d’Egypte, en un endroit nommé Philès, selon Diodore de Sicile, lib. I. ch. xxij. Le tombeau d’Osiris qui étoit dans cette île, a bien pu donner le nom de sacré à cet endroit.

3°. Sacer collis, la colline sacrée, colline d’Italie, qui selon Tite-Live, lib. II. ch. xxxij. étoit à 3 milles de Rome, sur l’autre bord du Téverone.

4°. Sacer fons, la fontaine sacrée, fontaine de l’Epire, selon Solin, ch. vij. « Il y a, dit-il, en Epire une fontaine sacrée, plus froide qu’aucune autre eau,