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tuels & que les eucologes des Grecs. Voyez Rituel & Eucologe.

Sacramentaires, s. m. pl. (Hist. ecclés.) nom qu’on donne à tous les hérétiques qui ont enseigné quelques erreurs capitales contre le sacrement de l’eucharistie, mais principalement à ceux qui l’ont attaqué dans sa substance, en niant la présence réelle ou la transubstantiation, comme ont fait dans le seizieme siecle les Luthériens, les Calvinistes, les Zuingliens, &c. Voyez Présence réelle & Transubstantiation.

SACRAMENTUM, JUSJURANDUM, (Litt.) Sacramentum étoit proprement le serment de fidélité que les soldats prêtoient en corps, lorsqu’ils étoient enrôlés. Jusjurandum étoit le serment formel que chacun faisoit en particulier. (D. J.)

Sacramentum, (Littérat.) c’étoit chez les Romains un dépôt que les plaideurs étoient obligés de consigner, & qui restoit dans le trésor selon Valere Maxime. La portion consignée par celui qui succomboit en justice, étoit confisquée, pour le punir de la témérité de sa contestation, & on l’employoit à payer l’honoraire des juges.

Le même usage s’observoit à Athènes, où l’on nommoit τὰ πρυτανεία ou αἱ πρυτανειαὶ, une certaine somme que les plaideurs devoient consigner avant que d’avoir audience ; & cette somme montoit selon quelques-uns, à la dixieme partie de l’objet de la contestation que le demandeur & le défendeur étoient obbligés de consigner ; mais, selon Démosthène & Isocrate qui devoient en être bien instruits, & selon le scholiaste d’Aristophane sur les nuées, la consignation n’étoit que de trois drachmes si le fonds étoit au-dessous de mille drachmes, & de trente drachmes s’il excédoit. (D. J.)

SACRANIENS, les, (Géog. anc.) Sacrani, ancien peuple d’Italie. Virgile, Æneid. l. VII. vers. 796. dit :

Et sacranæ acies, & picti scuta labici.

Festus fait ici cette remarque : on dit qu’un certain Corybante consacré à Cybèle, étant venu en Italie, occupa le canton qui est au voisinage de Rome, & que de-là les peuples qui tirent de lui leur origine, ont été nommés Sacrani. D’autres croyent que sacranæ acies étoient des soldats ardéates, qui autrefois étant affligés de la peste, vouerent un printems sacré, d’où ils furent appellés sacrani. Ce second sentiment rentre assez dans celui de Festus qui ajoute qu’on appelle sacrani ceux qui, venus de Riéti, chasserent des sept montagnes les Liguriens & les Sicules ; car ils étoient nés durant un printems sacré : le premier sentiment rapporté par Servius touchant les Corybantes, ne convient pas mal avec le culte de Cybèle établi à Riéti, selon Silius Italicus, l. VIII.


              Magnœque Reate dicatum
Cælicolum matri.

(D. J.)

SACRARIUM, (Antiq. rom.) On nommoit ainsi chez les Romains une espece de chapelle de famille, elle différoit du lararium, en ce qu’elle étoit consacrée à quelque divinité particuliere, au-lieu que le lararium étoit dédié à tous les dieux de la maison en général. (D. J.)

SACRE, s. m. (Hist. mod.) cérémonie religieuse qui se pratique à l’égard de quelques souverains, surtout des catholiques, & qui répond à celle que dans d’autres pays on appelle couronnement ou inauguration.

Cette cérémonie en elle-même est très-ancienne. On voit dans les livres saints dès l’établissement de la monarchie des Hébreux, que les rois étoient sacrés. Saül & David le furent par Samuël, & les rois de Juda conserverent cette pratique d’être consacrés

ou par des prophetes ou par le grand-prêtre. Il paroît aussi par l’Ecriture, que la cérémonie de cette consécration s’étoit conservée dans le royaume d’Israël malgré le schisme, puisque Jéhu fut sacré par un des enfans, c’est-à-dire des disciples des prophetes.

Sous la loi nouvelle, les princes chrétiens ont imité cet exemple pour marquer sans doute par cette cérémonie que leur puissance vient de Dieu même. Nous ne parlerons ici que du sacre du roi de France & de celui de l’empereur.

Le lieu destiné pour le sacre des rois de France est l’église cathédrale de Rheims. On remarque néanmoins que les rois de la seconde race n’y ont point été sacrés, si ce n’est Louis le Begue, roi & empereur ; mais ceux de la troisieme race ont préféré ce lieu à tout autre, & Louis VII. dit le Jeune, qui y fut sacré par le pape Innocent II. fit une loi pour cette cérémonie lors du couronnement de Philippe-Auguste son fils en 1179. Henri IV. fut sacré à Chartres, parce qu’il n’étoit pas maître de Rheims qui tenoit pour la ligue. La sainte-ampoule dont l’huile sert au sacre des rois, est gardée dans l’église de l’abbaye de S. Remi, & les ornemens dans le trésor de S. Denis. Le jour de cette cérémonie le roi entre dans l’église de Rheims, revêtu d’une camisole de satin rouge, garnie d’or, ouverte au dos & sur les manches, avec une robe de toile d’argent & un chapeau de velours noir, garni d’un cordon de diamans, d’une plume blanche & d’une aigrette noire. Il est précédé du connétable, tenant l’épée nue à la main, accompagné des princes du sang, des pairs de France, du chancelier, du grand-maître, du grand-chambellan, des chevaliers de l’ordre, & de plusieurs princes & seigneurs. Le roi s’étant mis devant l’autel dans sa chaire, le prieur de S. Remi monté sur un cheval blanc, sous un dais de toile d’argent porté par les chevaliers de la sainte-ampoule, apporte cette sainte ampoule au bruit des tambours & des trompettes ; & l’archevêque ayant été la recevoir à la porte de l’église, la pose sur le grand autel, où l’on met aussi les ornemens préparés pour le sacre, qui sont la grande couronne de Charlemagne, l’épée, le sceptre & la main de justice, les éperons & le livre de la cérémonie. Les habits du roi pour le sacre sont une camisole de satin rouge garnie d’or, une tunique & une dalmatique qui représentent les ordres de soudiacre & de diacre, des bottines, & un grand manteau royal, doublé d’hermine & semé de fleurs de lys d’or. Pendant cette auguste cérémonie, les douze pairs de France ont chacun leur fonction. L’archevêque de Rheims sacre le roi en lui faisant des onctions en forme de croix sur les épaules & aux deux bras par les ouvertures pratiquées pour cet effet à la camisole dont nous avons parlé. L’évêque de Laon tient la sainte ampoule ; l’évêque de Langres, le sceptre ; l’évêque de Beauvais, le manteau royal ; l’évêque de Châlons, l’anneau ; l’évêque de Noyon, le ceinturon ou baudrier. Entre les pairs laïcs, le duc de Bourgogne porte la couronne royale, & ceint l’épée au roi ; le duc de Guienne porte la premiere banniere quarrée ; le duc de Normandie, la seconde ; le comte de Toulouse, les épérons ; le comte de Champagne, la banniere royale ou l’étendart de guerre ; & le comte de Flandres, l’épée royale. Ces pairs ont alors sur la tête un cercle d’or en forme de couronne. Lorsque ces dernieres pairies étoient occupées par les grands vassaux de la couronne, ils assistoient en personne au sacre & y faisoient leurs fonctions, mais depuis que de ces six pairies cinq ont été réunies à la couronne, & que celles de Flandres est en partie en main étrangere, le roi choisit six princes ou seigneurs pour représenter ces pairs, & un autre pour tenir la place de connétable depuis que cette charge a été supprimée. C’est ainsi qu’on l’a pratiqué