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pitanate & de la terre de Labour. Ils avoient les Peligni & les Trentani au nord, la Pouille daunienne au levant, les Hirpini & la Campanie au midi, & les Marsi au couchant.

Le pays situé entre ces peuples étoit le vrai Samnium, & étoit partagé entre les Caraceni, à qui Ptolomée, l. III. c. j. attribue la ville d’Aufidenæ & les Pentri au midi, dont parle Tite-Live, qui dit que leur capitale étoit nommée Bovianum, l. IX. c. xxxj. indè victor exercitus Bovianum ductus ; caput hoc erat Pentrorum Samnitium, longe ditissimum atque opulentissimum armis, virisque.

Les Samnites furent nommés Sabelli ; & Strabon dit formellement que les Picentes & les Samnites tiroient leur origine des Sabins : le corps de ceux-ci fut partagé en deux : la partie établie à l’occident garda le nom de Sabins : celle qui s’étendit à l’orient s’appella d’abord Σαβινῖται, ensuite Σαβνῖται, dont les Grecs firent Σαννῖται, sur quoi les Romains les ont appellés Samnites. Le nom de Sabelli a été employé par Tite-Live, par Virgile, par Horace, & par d’autres écrivains de la bonne latinité, qui ont tous entendu par ce mot les Samnites.

Ce peuple étoit extrèmement belliqueux, & l’un des plus braves d’Italie. Il défendit sa liberté contre les Romains avec le plus grand courage, & fit plus de résistance que les plus grands rois. Rome fut cinquante ans (Tite-Live dit soixante-dix) à les subjuguer ; mais elle fit un si grand ravage dans leur pays, elle leur démolit tant de villes, que le Samnium, si puissant autrefois, n’étoit plus reconnoissable du tems de Florus. Il fournit aux généraux de Rome la matiere de vingt-quatre triomphes.

Les Samnites descendoient des Lacédémoniens, & respiroient comme eux la liberté. Entre leurs usages particuliers, je ne puis m’empêcher d’en citer un qui, dans une petite république, & sur-tout dans la situation où étoit la leur, devoit produire d’admirables effets. On assembloit tous les jeunes gens, & on les jugeoit. Celui qui étoit déclaré le meilleur de tous, prenoit pour sa femme la fille qu’il vouloit : celui qui avoit les suffrages après lui, choisissoit encore, & ainsi de suite. Il étoit admirable de ne regarder entre les biens des garçons que les belles qualités & les services rendus à la patrie. Celui qui étoit le plus riche de ces sortes de biens, choisissoit une fille dans toute la nation. L’amour, la beauté, la chasteté, la vertu, la naissance, les richesses même, tout cela étoit, pour ainsi dire, la dot de la vertu. Il seroit difficile d’imaginer une récompense plus noble, plus grande, moins à charge à un petit état, plus capable d’agir sur l’un & l’autre sexe. C’est une réflexion de l’auteur de l’Esprit des lois.

Les villes des Samnites, selon le P. Briet, étoient Beneventum, aujourd’hui Benevent ; Ausidena, aujourd’hui Alfidena. Triventinum, aujourd’hui Trivento. Bovianum, aujourd’hui Boiano ; Triventum, aujourd’hui Molisse ; Œsernia, colonie, aujourd’hui Isernia ; Alifæ, aujourd’hui Alifi ; Telesia, colonie, aujourd’hui Telèse ; Claudium, aujourd’hui Acrola selon les uns, ou le village d’Arpain selon les autres.

Leurs montagnes étoient Tubernus, aujourd’hui Tabor ; Furcæ caudinæ entre Acrola & Ste Agathe.

Leurs rivieres étoient Sabatus, aujourd’hui le Sabato ; Calor, aujourd’hui le Calore ; Tamarus, aujourd’hui le Tamaro. (Le chevalier de Jaucourt.)

Samnites, s. m. plur. (Littérature.) sorte de gladiateurs, ainsi nommés à cause de leurs armes, & que les Romains emploient d’ordinaire à la fin de leur festin pour amuser leurs convives ; quod spectaculum inter epulas erat, dit Tite-Live. C’étoit un divertissement domestique des Romains de faire battre alors aux flambeaux des gladiateurs équipés en guerre, comme les anciens Samnites ; mais comme

ils n’avoient pour armes offensives que des fleurets, ils ne pouvoient pas se faire grand mal, & ils se disputoient long-tems la victoire. C’est pourquoi Horace, epist. II. l. II. vers. 98. appelle cet exercice militaire lentum duellum. Il compare fort plaisamment les fausses louanges que les poëtes se donnoient à l’envi, aux coups sans effet que se portoient les gladiateurs samnites. (D. J.)

SAMOGITIE, la, (Géog. mod.) en latin Samogitia, province de Pologne. Elle est bornée au nord par la Curlande ; au midi, par la Prusse royale ; à l’orient, par la Lithuanie ; & à l’occident, par la mer Baltique. Elle a 70 lieues de longueur, & environ 50 de largeur.

La Samogitie étoit anciennement habitée par les Æstiens, partagés en diverses nations idolâtres. Jagellan étant devenu roi de Pologne, ramena une partie de ce peuple au Christianisme, & établit en 1413 un siege épiscopal à Midnick. Après sa mort, les chevaliers teutons acquirent la Samogitie du roi Casimir en 1446. Enfin Albert de Brandebourg, grand-maître de leur ordre, s’étant emparé de la Prusse, cette province fut incorporée au royaume de Pologne. La façon de vivre des Samogitiens a tenu de celle des Tartares jusqu’au regne de Sigismond-Auguste, qui eut peine à leur persuader de bâtir des maisons & de vivre en société. Ces maisons sont un méchant toit de terre, de paille & de claie. Le feu se fait au milieu, & la fumée sort par une ouverture qui est en-haut.

La Samogitie est un pays de bois & de montagnes presque inaccessibles, où on nourrit beaucoup de bétail & d’excellens chevaux. On y recueille du miel en abondance, & on trouve dans les forêts toutes sortes de bêtes fauves.

La province est divisée en trois gouvernemens, qui tirent leur nom des villes de Rosienne capitale du pays, de Midnick sur le Wiwits, & de Ponicwiefs. Elle a un staroste pour le temporel & pour le spirituel, un évêque qui réside à Midnick, autrement Womie ; cet évêque est suffragant de l’archevêque de Gnesne. (D. J.)

SAMOJEDES, les (Géograph. mod.) Voyez Samoyedes.

SAMOLOIDES, s. f. (Botan. exot.) genre de plante dont voici les caracteres. Sa fleur est d’une seule piece divisée en quatre parties presque jusqu’au fond, & en forme d’étoile. De son centre s’éleve un pistil dont la base est entourée de filets déliés accompagnés de quatre étamines. Ce pistil se change en un fruit de figure oblongue à deux panneaux qui contient des semences applaties. Cette plante est commune à la Jamaïque & dans plusieurs autres endroits des Indes occidentales, où les chevres la broutent avec délices. (D. J.)

SAMOLUS, s. m. (Botan.) cette plante se nomme communément en françois le mouron d’eau, voyez-en l’article au mot Mouron, Botan. (D. J.)

Samolus, s. m. (Botan.) selon Pline, l. XXIV. c. xj. il y avoit une herbe appellée par les Gaulois, samolus, qui naissoit dans les lieux humides, qu’ils faisoient cueillir de la main gauche par des gens qui fussent à jeun : celui qui la cueilloit ne devoit point la regarder ; il ne lui étoit pas permis de la mettre autre part que dans les canaux où les animaux alloient boire, & il la broyoit en l’y mettant. Moyennant toutes ces superstitieuses précautions, ils croyoient que cette herbe avoit de grandes vertus contre les maladies des animaux, sur-tout celles des bœufs & des cochons. (D. J.)

SAMONIUM PROMUNTORIUM, (Géog. anc.) promontoire de l’île de Crete dans sa partie orientale, selon Ptolomée, l. III. t. xvij. qui met de ce côté là deux promontoires Samonium & Zephyrium,