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enfin des alimens peu nourrissans qui ne fournissent qu’un suc nourricier léger & peu solide.

Les gens sanguins se reconnoissent plus à la maigreur qu’à l’embonpoint, à la grandeur des vaisseaux, à la couleur du visage, qui est d’un rouge tantôt fleuri, tantôt brun, tantôt livide. Le rouge livide marque le trop de sang & son épaississement ; il présage une évacuation & demande la saignée, si l’évacuation indiquée n’arrive pas au tems marqué & indiqué.

SANGUINAIRE, adj. (Gram.) qui se plaît à répandre le sang : c’est le plus affreux de tous les caracteres. On y incline les hommes par des combats publics, des spectacles de gladiateurs, des scènes de tragédies ensanglantées.

Sanguinaires, s. m. plur. (Hist. ecclésiast.) surnom de quelques anabaptistes, qui, dans le xvj. siecle, bûvoient du sang humain en faisant leurs sermens. Lindan.

SANGUINALIS LAPIS, (Hist. nat. Litholog.) nom donné par quelques auteurs au jaspe sanguin, soit parce qu’il est rempli de petites taches rouges comme du sang, soit parce qu’on étoit dans l’idée que cette pierre avoit la vertu d’arrêter les hémorrhagies ; d’autres ont donné ce nom à la pierre nommés héliotrope.

SANGUINARIA, s. f. (Botan.) genre de plante décrit par Dillenius, Hort. eltham. p. 262. Le spatha ou l’enveloppe qui renferme la fleur en guise de calice est composée de deux feuilles ; cette enveloppe est ovale, concave, & plus courte que la fleur qui est formée à huit pétales oblongs, obtus, & étendus de toutes parts ; les étamines sont plusieurs filets simples, plus courts que la fleur ; le germe du pistil est oblong & applati ; il n’y a point de stile. Le stigma est sillonné profondément de cannelures dans toute sa longueur ; le fruit est une capsule oblongue, composée de deux loges qui contiennent plusieurs graines rondes. Linn. gen. plan. p. 227. (D. J.)

SANGUINARIUS PONS, (Géog. anc.) pont d’Italie aux environs d’Otricoli, de Narni & de Spolette, entre ces villes & celle de Rome. Aurelius Victor, epitom. c. xlv. dit qu’il fut nommé le Pont-sanguinaire après qu’Emilien eut été assassiné, ayant a peine regné quatre mois. (D. J.)

SANGUINE, (Hist. nat.) nom que l’on donne à l’hématite. Voyez cet article.

SANGUINOLENT, adj. (Gram.) qui est mêlé de sang. On dit des crachats sanguinolens, du pus sanguinolent.

SANGUINUS, s. m. (Botan. anc.) nom donné par quelques anciens au bouleau à cause de la couleur rougeâtre foncée de ses verges ; Pline appelle aussi cet arbuste sanguineus frutex, & il l’oublie peu après ; les Italiens nomment encore aujourd’hui le bouleau sanguino. (D. J.)

SANGUISORBA, s. f. (Botan.) genre distinct de plante que Linnæus caractérise ainsi. Le calice particulier est composé de deux feuilles très-courtes, opposées l’une à l’autre, & qui tombent avec la fleur. La fleur est une seule feuille divisée en quatre segmens, de forme ovale pointue, & qui se touchent seulement à leur extrémité inférieure. Les étamines sont quatre filets larges dans leur partie supérieure, & de la même longueur que la fleur. Les bossettes des étamines sont petites & arrondies. Le germe du pistil est quarré & situé entre le calice & la fleur ; le stile est fort court & fort menu ; le stigma est obtus ; le fruit est une capsule contenant deux loges remplies de fort petites graines. Linn. gen. plant. p. 46. (D. J.)

SANHÉDRIN, (Critiq. sacrée.) mot qui vient du grec synédrion, assemblée ; c’étoit un tribunal chez les Hébreux, dont on fait remonter l’institution jus-

qu’à Moïse, qui, par l’avis de Jethro son beau-pere,

choisit soixante & dix des anciens d’Israël, pour lui aider à porter le poids du gouvernement, Nombre ij. 16. On élisoit les membres de ce conseil dans chaque tribu. Le chef s’appelloit hanasée, président ; le second ab, pere du conseil ; & le troisieme hacam, sage ; mais il y avoit encore chez les Juifs d’autres cours de justice subalterne, qu’on appelloit sanhédrins.

Pour donner au lecteur une idée de ces divers tribunaux tels qu’ils étoient quelque tems avant Jesus-Christ, il faut savoir que Gabinius ayant rétabli Hircan dans la souveraine sacrificature, fit de grands changemens dans le gouvernement civil, car il le rendit aristocratique de monarchique qu’il étoit. Jusques-là le prince avoit gouverné la nation par le ministere de deux especes de conseils ou cours de justice ; l’une de vingt-trois personnes, appellés le petit sanhédrin ; & l’autre de soixante-douze, qui étoit le grand sanhédrin. De la premiere espece, il y en avoit un dans chaque ville : Jérusalem seulement, à cause de sa grandeur & de la quantité d’affaires qui y survenoient, en avoit deux, qui se tenoient en deux salles séparées.

Quant au grand sanhédrin, il n’y en avoit qu’un pour toute la nation ; il tenoit ses assemblées dans le temple, & les y avoit toujours tenues jusqu’alors. Les petits sanhédrins prenoient connoissance de toutes les affaires qui regardoient la justice pour la ville, & le territoire dans lequel ils se tenoient. Le grand-Sanhédrin présidoit sur les affaires de la nation en général, recevoit les appels des cours inférieures, interpretoit les lois, & de tems en tems faisoit de nouveaux reglemens pour les mieux faire exécuter. Gabinius cassa tous ces tribunaux, & à leur place introduisit cinq différentes cours ou sanhédrins, dont chacune étoit indépendante des autres & souveraine dans son ressort. La premiere fut mise à Jérusalem ; la seconde, à Jéricho ; la troisieme, à Gadara ; la quatrieme, à Amathus ; & la cinquieme à Séphoris. Tout le pays fut partagé en cinq provinces ou départemens, & chaque province obligée de s’adresser pour la justice à une des cours qu’il venoit établir, c’est-à-dire à celle qu’il lui avoit assignée, & les affaires s’y terminoient sans appel.

La tyrannie d’Alexandre Jannée avoit dégoûté les Juifs du gouvernement monarchique. Ils s’étoient adressé à Pompée pour le faire abolir, quand il entra dans la discussion du démêlé des deux freres à Damas. Ce fut pour les contenter qu’il ôta le diadème & le nom de roi à Hircan, en lui rendant pourtant la souveraineté sous un autre nom, car il lui laissa toute la puissance ; mais dans cette rencontre ils obtinrent de Gabinius de lui en ôter le pouvoir, comme l’autre lui en avoit ôté le nom ; & il le fit par le changement dont je viens de parler. En effet, son reglement transportoit tout le gouvernement des mains du prince entre celles des grands qui entroient dans ces cinq cours souveraines ; la monarchie se trouvoit par-là changée en aristocratie. Dans la suite Jules César, en passant par la Syrie, redonna la souveraineté à Hircan, & remit les choses sur l’ancien pié.

Hérode étant monté sur le trône trente-sept ans avant Jesus-Christ, versa le sang de ceux de la faction qui lui étoit opposée, dont il avoit le plus à craindre le crédit & l’activité. Tous les membres du grand-sanhédrin se trouverent de ce nombre, à la réserve de Pollion & de Saméas, que Josephe appelle Hillel & Shammaï ; & de tous leurs docteurs de la misna, ce sont ceux dont il est le plus parlé. Les descendans d’Hillel furent présidens du sanhédrin pendant dix générations. Siméon son fils est celui qui prit l’enfant Jesus entre ses bras, quand on le présenta à Dieu dans le temple, & qui prononça le Nunc dimittis en le voyant. Luc