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piter. Le premier acheve sa révolution en 1 jour 21 heures 18 minutes 27 secondes ; le second en 2 jours 17 heures 44 minutes 22 secondes ; le troisieme en 4 jours 12 heures 25 minutes 12 secondes ; le quatrieme en 15 jours 22 heures 34 minutes 38 secondes ; & le cinquieme en 79 jours 7 heures & 47 minutes. Supposant le demi-diametre de l’anneau 1, celui de l’orbe du premier est de près de deux, celui du second de 2 , du troisieme de , du quatrieme de 8, du cinquieme 23. Le diametre de Saturne est d’environ 20 secondes, celui de l’anneau 45 ; ainsi le diametre de l’orbe du premier satellite est d’une minute 27 secondes ; le second d’une minute 52 secondes ; le troisieme de 2 minutes 36 secondes ; le quatrieme de 6 minutes ; le cinquieme 17 minutes 25 secondes. Les quatre premiers décrivent des ellipses apparentes, semblables à celles de l’anneau, & sont dans un même plan. Leur inclinaison à l’écliptique est de 30 à 31 degrés. Le cinquieme décrit un orbe incliné de 17 à 18 degrés à l’orbe de Saturne, son plan étant entre l’écliptique, & ceux des autres satellites, &c.

Les tems des révolutions des satellites de Saturne, suivant M. Cassini, sont tels qu’il suit :

1e satell. 1 jour. 21 h. 18′. 31″.
2e 2 17 h. 41′. 27″.
3e 4 13 h. 47′. 16″.
4e 15 22 h. 41′. 11″.
5e 74 7 h. 53′. 57″.

Les distances de ces satellites au centre de Saturne, selon le même astronome, sont :

1e satell. 4 1/8 demi-diam. de Saturne 1 diam. de l’anneau de Saturne.
2e
3e 8
4e 18 4
5e 54

La grande distance qu’il y a entre le quatrieme & le cinquieme satellite, sait croire à M. Huyghens qu’il pourroit bien y en avoir quelqu’autre entre deux, ou qu’au moins le cinquieme satellite pourroit avoir lui-même un satellite qui tournât au-tour de lui comme centre.

M. Halley a donné dans les Transactions philosophiques, une correction de la théorie du mouvement du quatrieme satellite, qui est celui de M. Huyghens. La vraie période de ce satellite est, suivant M. Halley, de 15 jours 22 heures 41 minutes 6 secondes ; son mouvement diurne, de 22° 34′ 38″ 8‴ ; sa distance au centre de Saturne, de 4 diametres de l’anneau ; & son orbite, qui n’est que peu ou point distante du plan de l’anneau, coupe l’orbite de Saturne sous un angle de 23 degrés & demi. Les satellites tournent aussi, selon toutes les apparences, au-tour de leur axe. Voici les preuves qu’on peut en donner.

1°. Dans les conjonctions des satellites avec Jupiter, on y voit quelquefois des taches, & quelquefois on n’y en voit point, la révolution les faisant sans doute reparoître & disparoître tour-à-tour. 2°. Le même satellite dans les mêmes circonstances, paroît quelquefois plus grand & quelquefois plus petit. Le quatrieme satellite paroît souvent plus petit que les trois autres, & quelquefois plus grand que les deux premiers, quoique son ombre paroisse toujours plus grande sur Jupiter, que celle de ces deux. Le troisieme satellite paroît le plus souvent plus grand que tous les autres, & quelquefois il paroît égal aux deux premiers ; sans doute que les taches tantôt paroissant, & tantôt disparoissant, entraînées par la révolution, en diminuent, ou en augmentent alternativement les apparences. 3°. Le même satellite n’emploie pas toujours le même tems à entrer dans Jupiter, ou à en sortir, y mettant quelquefois 6 & tantôt jusqu’à 10 minutes ; ce qu’on juge venir des taches qui alterent la partie claire en divers endroits. Il est vrai que ces

taches pourroient se former & se dissiper ; mais dans l’Astronomie on doit toujours préférer les hypotheses du mouvement local à celles des générations & des destructions.

Nous sommes redevables à M. Pound d’un grand nombre d’excellentes observations sur les satellites, tant de Jupiter que de Saturne. On peut voir dans les institutions astronomiques de M. le Monnier, p. 29. & suiv. le détail de ces observations.

Les éclipses des satellites, sur-tout celles des satellites de Jupiter, sont de la plus grande utilité dans l’Astronomie. En premier lieu, on peut se servir de ces éclipses pour déterminer assez exactement la distance de Jupiter à la Terre : cette méthode est expliquée dans le livre dont nous venons de parler, p. 294 Un second avantage encore plus considérable qu’on a tiré de ces éclipses, c’est la preuve du mouvement successif de la lumiere. Il est démontré par les éclipses des satellites de Jupiter que la lumiere ne vient pas à nous dans un moment (comme les sectateurs de Descartes l’ont si long-tems prétendu), quoiqu’à la vérité son mouvement soit fort rapide. En voici la preuve. Si la lumiere ne venoit pas à nous successivement, mais qu’elle fût instantanée, il est évident que la Terre étant dans la plus grande distance de Jupiter, on appercevroit l’éclipse du satellite au même instant que si la Terre étoit dans la plus petite distance de Jupiter ; au contraire si la propagation de la lumiere se fait successivement & d’une maniere qui puisse être sensible à de fort grandes distances ; il est évident qu’un observateur étant placé plus près de Jupiter, de tout le diametre de l’orbite terrestre, il appercevra plutôt l’éclipse du satellite ; ensorte que, par le moyen de la différence entre le tems ou on apperçoit l’éclipse & celui où on doit l’appercevoir suivant les tables, on connoîtra la vîtesse de la lumiere qui convient au diametre de la Terre. Or c’est précisément ce que les observations ont fait découvrir, puisque toutes les fois que la Terre s’approche de Jupiter, les éclipses des satellites arrivent tous les jours un peu plutôt que quand elle s’en éloigne : car on s’apperçoit peu-à peu d’une différence entre le calcul & les observations qui devient assez considérable. C’est M. Roëmer qui a le premier fait cette découverte, confirmée depuis par la théorie ingénieuse de l’observation. Voyez Observation.

Le troisieme & le plus grand avantage qu’on retire des observations des éclipses des satellites, c’est la connoissance des longitudes sur Terre. En effet, je suppose que deux observateurs, dont l’un est, par exemple, à Paris, l’autre à Constantinople, observent une éclipse du premier satellite de Jupiter, il est certain que cette éclipse arrivera dans le même moment pour chacun des observateurs ; mais comme ils sont placés sous différens méridiens, ils ne compteront pas la même heure : l’un, par exemple, comptera neuf heures du soir, pendant que l’autre n’en comptera que huit : or de-là on déduit l’éloignement des deux méridiens, & par conséquent la longitude. Voyez Longitude.

Les cercles que les satellites décrivent autour de leurs planetes principales ne sont pas fort excentriques ; M. le Monnier nous a donné dans les institutions astronomiques des tables de leurs mouvemens aussi exacts qu’on peut le desirer, dans une matiere dont la théorie est jusqu’à présent si peu connue & si imparfaite. En effet, il est certain par les observations, que les satellites agissent les uns sur les autres, & qu’ils alterent réciproquement leurs mouvemens ; ensorte que la loi de ces mouvemens est extrèmement difficile à découvrir ; on en peut juger par la difficulté de la théorie de la Lune qui est pourtant le seul satellite de la Terre, & dont le mouvement