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fête des oignons de mer. On la célebroit en Sicile, & elle tiroit son nom d’une joute qu’y faisoit la jeunesse avec des oignons de mer ; le prix étoit un taureau que le gymnasiarque donnoit au vainqueur. Potter. Archæol. græc. t. I. p. 431. (D. J.)

SCILLUNTE, (Géog. anc.) ville du Péloponnèse, dans la Triphylie. Pausanias écrit Scillus.

Quand, dit-il, l. V. c. vj. on a côtoyé quelque-tems l’Anigrus, & qu’on a passé des sables, où l’on ne trouve que quelques pins sauvages, on voit sur la gauche les ruines de Scillunte. C’étoit une ville de la Triphylie, que les Eléens détruisirent, parce que durant les guerres qu’ils eurent contre les Piséens ; elle s’étoit déclarée ouvertement pour ceux-ci, & les avoit aidés de toutes ses forces. Ensuite les Lacédemoniens la prirent sur les Eléens, & la donnerent à Xénophon, fils de Gryllus, qui alors étoit banni d’Athenes pour avoir servi sous Cyrus, ennemi juré des Athéniens, contre le roi de Perse, qui étoit leur allié : car Cyrus étant à Sardes avoit donné de l’argent à Lysander, fils d’Aristocrite, pour équiper une flotte contre les Athéniens. Par cette raison, ceux-ci exilerent Xénophon, qui durant son séjour à Scillunte consacra un temple & une portion de terre à Diane l’éphésienne.

Les environs de Scillunte, continue Pausanias, sont fort propres pour la chasse. On y trouve des cerfs en quantité. Le pays est arrosé par le fleuve Sélinus. Les Eléens les plus versés dans leur histoire, assuroient que Scillunte avoit été reprise, & que l’on avoit fait un crime à Xénophon de l’avoir acceptée des Lacédémoniens ; mais qu’ayant été absous par le sénat d’Olympie, il eut la permission de se tenir à Scillunte tant qu’il voudroit. En effet, près du temple de Diane on voyoit un tombeau, & sur ce tombeau, une statue de très-beau marbre, & les gens du pays disoient que c’étoit la sépulture de Xénophon.

Plutarque de exilio, remarque que ce fut à Scillunte que Xénophon écrivit son histoire. En allant de Scillunte à Olympie, avant que d’arriver au fleuve Alphée, on trouvoit un rocher fort escarpé & fort haut, qu’on appelloit le mont Typée. (D. J.)

SCILO, (Critique sacrée.) les interpretes entendant par Scilo le Messie ; selon eux la prophétie de Jacob qui dit, le sceptre ne se départira point de Juda, jusqu’à ce que le Scilo vienne, Genes. xlix. 10. cette prophétie, dis-je, commença de s’accomplir à l’avénement de notre Sauveur, lorsque la Judée fut réduite par Cyrénius en province romaine ; & son entier accomplissement eut lieu 62 ans après dans la destruction de Jérusalem, parce que pour lors la Judée perdit entierement son sceptre & sa législation, sans avoir jamais pu les recouvrer depuis. Cependant on objecte contre cette explication du passage de la Genese, 1°. qu’après la captivité de Babylone, de tous ceux qui ont gouverné la nation des Juifs, il n’y en a pas eu un seul de la tribu de Juda que Zorobabel. 2°. Que ce fut presque toujours le souverain sacrificateur, & par conséquent un lévite qui gouverna cette tribu ; 3°. enfin, qu’après les princes Asmonéens, Hérode & Archélaüs son fils, qui ont regné dans la Judée, étoient descendus des Iduméens, & non pas des tribus d’Israël. (D. J.)

SCIMPODIUM, s. m. (Antiq. rom.) σκιμφόδιον ; espece de petit lit de repos qui ne tenoit qu’une place, & sur lequel les Romains se couchoient quand ils étoient las ou indisposés ; quelquefois ce mot désigne dans les auteurs l’espece de litiere dans laquelle on portoit les hommes & les femmes, non-seulement en ville, mais même dans leurs voyages en province. (D. J.)

SCINC, SCINQUE, SQUINQUE, SINCE, STINE MARIN, stincus, s. m. (Hist. nat. Zoolg.) espece de lé-

zard amphibie, qui a un peu plus d’un empan de longueur

& de deux pouces de grosseur vers le milieu de l’abdomen : on le trouve en Egypte. Sa tête est oblongue, convexe sur le sommet, & applatie par les côtés, sur lesquels il y a une large sinuosité, qui s’étend depuis la partie antérieure de la tête jusqu’à sa base ; la mâchoire supérieure est plus longue que l’inférieure, & elle forme en entier le bec, c’est-à-dire, l’extrémité antérieure de la tête ; la mâchoire inférieure est triangulaire ; la langue a la forme d’un cœur, elle est pointue à l’extrémité, & échancrée à sa base. Les dents sont courtes & toutes d’égale longueur, & l’ouverture de la bouche est de médiocre grandeur. Les yeux sont situés vers la base de la tête près du sommet ; le cou n’est pas distinct du reste du corps, ayant à-peu-près la même grosseur : le corps est convexe & élevé, il a sur le dos un angle longitudinal ; la queue est cylindrique & diminue insensiblement de grosseur jusqu’à son extrémité, qui est pointue & applatie. Les piés du devant & ceux de derriere sont d’égale longueur, & ils ont tous chacun cinq doigts, dont les postérieurs sont plus longs que les antérieurs. Cet animal est couvert en entier d’écailles ; celles du corps sont rhomboïdales, & anticipent les unes sur les autres comme les tuiles d’un toit ; le sommet de la tête est d’un verd de mer tirant sur le jaune ; le dos a vers le milieu des côtés de l’abdomen des anneaux noirâtres, & d’autres jaunâtres, places alternativement ; le reste des côtés, la gorge, l’abdomen & les piés sont blanchâtres. Hist. nat. des animaux, par M M. de Nobleville & Salerne, t. II. part. ij. Voyez Amphibie.

Scinc marin, (Pharmac. Mat. méd.) cette espece de lézard passe pour diurétique, contrevenin, aphrodisiaque, spécifique contre la lepre, &c. Toutes ces vertus sont pour le moins peu éprouvées, & ce remede est dès long-tems absolument inusité dans les prescriptions magistrales.

Le scinc marin est seulement employé dans la composition de la thériaque, du mithridat, & de l’électuaire de satirion. Ce sont les lombes seulement qui sont demandées dans les dispensaires, mais il paroît que ce n’est que moutonnierement d’après une ancienne étiquette. (b)

SCINGOMAGUS, (Géog. anc.) ville des Alpes, dans la Gaule narbonnoise, selon Strabon, liv. IV. Quelques géographes veulent que ce soit Sezanne, mais le P. Hardouin & M. Bouche pensent que c’est Suze en Piémont, capitale de la province du même nom. (D. J.)

SCINTILLATION des fixes, s. f. c’est la même chose qu’étincellement. Voyez ce mot.

SCIO, (Géog. anc. & mod.) île de l’Archipel, assez près des côtes de l’Anatolie entre les îles de Samos & de Mételin, & entre les golfes de Smyrne & d’Ephese. Cette île, qui est la Chios ou Chio des anciens, est nommée par les Turcs Saquez ou Sakes, & en ajoutant le mot d’adasi ou d’adas, qui signifie une île, Saquez-adas ou Skes-adasi, c’est-à-dire, l’île du mastic, à cause de la grande quantité de cette gomme-résine qu’on recueille dans cette seule île de l’Archipel. C’est dans ce sens que les Persans l’appellent seghex, c’est-à-dire mastic. C’est une des plus belles & les plus agréables îles de l’Archipel. Elle étoit autrefois la plus renommée des Ioniennes, & elle est encore à présent fort célebre. Elle s’étend en longueur du septentrion au midi, & s’éleve beaucoup au-dessus de l’eau.

Les anciens habitans de cette île étoient tous grecs avant la naissance de J. C. & proprement Ioniens. Ils avouoient même que les Pélagiens qui étoient sortis de la Thessalie, étoient les premiers qui avoient conduits des colonies dans leur île, & s’y étoient établis. Ils furent les seuls de tous les Ioniens qui don-