Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 14.djvu/801

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& Vibius Sequester, l. III. c. xxij. la placent sur le Drilo, aujourd’hui le Drino ; & Pline, de Fluminib. lui donnent le titre d’Oppidum civium romanorum. Gentius, selon Tite-Live, l. XLIV. c. xxxj. s’étoit emparé de cette ville, & elle étoit comme le boulevard de son royaume. C’étoit la place la mieux fortifiée qu’eussent les Labéates, & on ne pouvoit en approcher que très-difficilement. Deux rivieres l’environnent ; celle de Clausula coule à l’orient de la ville, & celle de Barbana au couchant. Cette derniere a sa source dans le marais Labéatide. Ces deux rivieres, continue l’historien, se joignent ensemble, & tombent dans le fleuve Oriundus, qui prend sa source au mont Scodrus, & qui, après s’être accrû des eaux de diverses rivieres, va se perdre dans la mer Hadriatique.

On a une médaille de l’empereur Claude, où on lit ces mots : Col. Claudia Augusta Scodra. Ce qui fait voir que cette ville devint colonie romaine. Dans le moyen âge, Scodra fut mise dans la province Prévalitane. Elle conserve encore présentement son ancien nom, mais assez corrompu, car elle est appellée Scutari par les Italiens, & Scadar par les habitans du pays. Elle appartient aux Turcs, qui la regardent comme une place de quelque importance. Voyez Scutari. (D. J.)

SCOLECIA, s. f. (Mat. méd. anc.) nom donné par les anciens à une espece de verd-de-gris, scolecia ærugo. Ils en distingoient deux sortes, l’une fossile, & l’autre factice ; la derniere se préparoit en battant une certaine quantité de fort vinaigre dans un mortier de cuivre de Chypre avec un pilon de même métal. On frottoit rudement le pilon contre le mortier jusqu’à ce que le vinaigre fût devenu épais & visqueux ; alors on y jettoit une petite quantité d’alun ou de sel gemme, ou de sel marin ou de nitre ; on remuoit le tout au soleil pendant les chaleurs de la canicule, jusqu’à ce qu’il eût acquis la couleur de verd-de-gris, avec une consistance gluante ; enfin on retiroit cette composition, à laquelle on donnoit la forme de longs fils, qui étant séchés, ressembloient à de petits vers, d’où elle prit le nom de scolecia. (D. J.)

SCOLIE, s. f. (Littérat.) nom que les Grecs donnoient à leurs chansons à boire.

On les nomma ainsi du mot σκολιὸς, oblique & tortueux, pour marquer ou la difficulté de la chanson, au rapport de Plutarque, ou la situation irréguliere de ceux qui chantoient, comme le veut Artimon, cité par Athénée. Sur quoi il est bon de remarquer que dans les festins des Grecs ceux qui chantoient tenoient à la main une branche de myrte qu’ils faisoient passer aux autres convives ; mais comme cette branche ne passoit pas toujours de main-en main au plus proche voisin, & que souvent la premiere personne du premier lit, après avoir chanté, renvoyoit le myrte & le droit de chanter à la premiere du second lit : celle-ci a la premiere du troisieme, & ainsi du reste, jusqu’à ce que tout le monde eût dit sa chanson. Quelque-uns croient que les scolies avoient tiré leur nom de l’irrégularité du chemin qu’on faisoit faire à la branche de myrte.

On attribue à Terpandre l’invention des scolies, & à son imitation Alceé, Anacréon & la savante Praxilla en firent. Ces scolies regardoient ou la morale, ou la mythologie, ou l’histoire, quelques-unes étoient satyriques, d’autres rouloient sur l’amour, d’autres sur le vin, & dans celles-ci il étoit souvent fait mention du cottabe. Voyez Cottabe & Chanson.

SCOLLIS, (Géog. anc.) Scolis, dans Xénophon & dans Etienne le géographe, montagne du Péloponnèse dans l’Achaïe propre. Strabon, liv. VIII. p. 387. dit que le fleuve Larissus y prenoit sa source,

& qu’elle étoit nommée Πέτρη Ωλενίη, Petra Olenia, par Homere. Il dit ailleurs que la montagne Scollis étoit commune aux Dyméens, aux Tritéens & aux Eléens, & qu’elle ne faisoit qu’une même chaîne avec la montagne Lampéia dans l’Arcadie. (D. J.)

SCOLOPENDRE, voyez Millepiés.

Scolopendre vulgaire, (Botan.) voyez Langue de cerf, Botan.

Scolopendre de mer, physalus, insecte auquel on donne en Normandie le nom de taupe de mer ; il a une conformation très-particuliere, & une forme ovale ; son corps est plus large au milieu qu’aux extrémités ; la partie postérieure se termine en pointe. L’abdomen est sillonné par des rugosités, & couvert de poils fins & soyeux. Il y a sur chaque côté du corps vingt-huit appendices terminées chacune par une aigrette de poils roides ; on croit que ces appendices servent au mouvement progressif de cet animal en faisant les fonctions de nageoires ; quand les aigrettes de la scolopendre sont hérissées, elle a quelque ressemblance avec un porc-épic ; la couleur de ces aigrettes n’est pas la même dans tous les individus, dans les uns elles sont d’un noir luisant ou d’une belle couleur d’or, & dans d’autres elles ont une belle couleur verte. La bouche se trouve dans la partie antérieure du corps qui est terminé par une appendice ressemblant aux barbes de certains poissons. Le dos est plus convexe que le ventre, & couvert de tubercules plus petits que les appendices des côtés, & hérissés de poils, dont les uns sont roides & les autres lanugineux. La peau du dos est fort ample, & n’a aucune adhérence avec les parties qu’elle recouvre ; il y a de chaque côté du corps un grand nombre de petits trous qui s’ouvrent au dehors entre les appendices latérales, & qui donnent à l’eau un libre passage en tout sens, par le moyen de la contraction & de la dilatation alternative de cette peau. Cet insecte se grossit beaucoup hors de l’eau en dilatant la peau du dos, alors il remplit d’air la cavité que forme cette dilatation, & il surnage très-aisément ; s’il contracte ensuite cette peau, l’air sort, la peau s’affaisse, & l’animal s’enfonce dans l’eau. Collection académique, tome V. de la partie étrangere. Voyez Insecte.

SCOLOPOMACHŒRION, s. m. (Chirur. anc.) c’est un bistouri que les Grecs appelloient de ce nom, qui veut dire bec de bécasse. Il sert à dilater les plaies trop étroites de la poitrine, & à ouvrir les grands abscès. Aquapendente le recommande pour l’ouverture du ventre des hydropiques au-dessous du nombril, afin d’en épuiser les eaux ; mais on ne se sert point aujourd’hui de cette méthode. Le bistouri en question doit avoir un petit bouton de fer à sa pointe pour la dilatation des plaies de la poitrine, crainte de blesser le poulmon. Scultet en a donné la figure dans son arsenal de chirurgie. Ce mot est dérivé de σκολόπαξ, bécasse, & μαχαίριον, couteau. (D. J.)

SCOLUS, (Géog. anc.) ville ou village de la Bœotie dans la Parasopie : ce village situé, selon Strabon, l. IX. p. 408. au pié du mont Cythéron, étoit dans un quartier rude, & où il n’étoit pas aisé de marcher, ce qui avoit donné lieu au proverbe,

Εἰς Σκῶλον μήτ’ αὐτὸς ἴμεν, μήτ’ ἄλλῳ ἕπεσθαι :


c’est aussi apparemment ce qui avoit occasionné son nom, car σκῶλα signifie une sorte d’épine, & tout ce qui peut blesser les piés de ceux qui marchent.

Du tems de Pausanias, Scolus ou Scolum ne subsistoit plus ; car en décrivant le chemin de Platée à Thebes, il dit, l. IX. c. iv. avant de passer l’Asope, si, en suivant son cours & en descendant, vous voulez faire quarante stades, vous verrez les ruines de la ville de Scolum, parmi lesquelles s’est conservé un temple non encore achevé de Cérès & de Proserpine, avec deux bustes de ces déesses. Strabon nous