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que tems après ; mais elle est retombée dans un grand délabrement. (D. J.)

S F

SFACCHIA, (Géog. mod.) ou monti Sfacchiosi, montagnes de l’île de Candie, au territoire de la Canée, vers le midi. Ces montagnes s’étendent vers la petite ville de Castel-Sfacchia habitée par les Sfacchiotes.

SFETIGRADO, (Géog. mod.) petite ville de la Turquie européenne, dans l’Albanie, sur les confins de la Macédoine, à 20 lieues au sud-est de Croye. Amurath II. prit cette ville d’assaut, dans le xv. siecle, & elle est restée aux Turcs. Ils la nomment Suirgice. (D. J.)

S G

SGRAFITTO, s. m. (Peinture.) terme italien qui désigne une espece de peinture à fresque, que nous appellons maniere égratignée. Voyez Egratignée, maniere, Peint. (D. J.)

S H

SHAFTSBURY, (Géog. mod.) en latin Septonia, grand & beau bourg à marché d’Angleterre, dans Dorset-shire, sur une colline, près des frontieres de Wilt-shire, entre les forêts de Craneborne & de Gillingham, à trois milles de la derniere, proche la Stoure. On y jouit d’une fort belle vue, & ses maisons au nombre de cinq cens, sont toutes bâties de pierres de taille. Shaftsbury a le titre de comté ; mais c’étoit dans son origine une place beaucoup plus considérable qu’elle ne l’est aujourd’hui ; car elle avoit jusqu’à dix églises paroissiales dans son enceinte. Alfred la fonda en 880, & la nomma Sheaftesbyrig, du mot saxon sheaft, qui veut dire une pyramide. Le roi Canut y est mort, & y est enterré. Long. 17. 36. lat. 51. 40. Mais la longitude, suivant Strect, est 19. 0′. 11″. latit. 52. 48. (D. J.)

SHAGRI-COTTAM, s. m. (Hist. nat. Bot.) arbre des Indes orientales, qui est, dit-on, une espece de cornouiller ; il produit un fruit très-agréable & très-rafraîchissant qui se mange avec du sucre. Le suc des feuilles passe pour un bon remede contre la diarrhée & le flux hépatique ; ces mêmes feuilles en décoction font un excellent gargarisme.

SHAKRI, ou CHAKRI, s. m. (Hist. mod.) dans le royaume de Siam on désigne sous ce nom un des premiers magistrats de l’état qui est chargé de la police de l’intérieur. Toutes les affaires des provinces se portent devant lui, & les gouverneurs sont obligés de lui rendre compte & de recevoir ses ordres ; c’est lui qui est le président du conseil d’état.

SHANON, le (Géog. mod.) riviere d’Irlande. Elle prend sa source dans un lac du comté de Létrim, sépare la Connacie de la Momonie, court ensuite à Limmerik, & se jette enfin dans l’Océan.

SHAPINS, (Géogr. mod.) île de la mer d’Ecosse, & l’une des Orcades, vis-à-vis la partie orientale de Mainland. Elle est longue de six milles, large de trois. Elle a une église paroissiale, & un assez bon port.

SHAPOUR, (Géog. mod.) ou Shapor, ville de l’Inde, dans les états du grand-mogol, au royaume de Berar. Quelques uns imaginent que c’est la ville de Sora de Ptolomée en-deçà du Gange, à laquelle cet auteur donne le titre d’Arcati regis. (D. J.)

SHARVAKKA, (Hist. mod.) nom d’une secte de bramines, ou de prêtres indiens qui ont des sentimens très-peu orthodoxes & conformes à ceux des Epicuriens. Ils ne croient point l’immortalité de l’ame, ni la vie à venir, & ils exigent de leurs adver-

saires des preuves sensibles & positives que l’on ne

peut point trouver dans une fausse religion ; malgré cela, on dit que les Sharvakkas menent une vie très exemplaire.

SHASTER, ou CHASTER, s. m. (Hist. mod. sup.) c’est le nom que les idolâtres de l’Indostan donnent à un livre dont l’autorité est très-respectée parmi eux, qui contient tous les dogmes de la religion des brames, toutes les cérémonies de leur culte, & qui est destiné à servir de commentaire au livre appellé vedam, qui est le fondement de leur croyance, & il étoit fait dans la vue de prévenir les disputes qui pouvoient s’élever au sujet de ce livre ; mais il n’a point produit cet effet, parce qu’il n’est guere possible d’empêcher les disputes entre les différentes sectes d’une religion absurde par elle-même. On le nomme shaster, shastrum, ou jastra, ce qui signifie science ou système : aussi donne-t-on ce même nom à plusieurs autres ouvrages, sur-tout sur la philosophie & sur l’astronomie, qui n’ont d’ailleurs aucun rapport avec la religion des Indiens. Il n’est permis qu’aux bramines & aux rajahs ou princes de l’Inde de lire le vedam, voyez Vedam ; mais les prêtres des Banians, appellés shuderers, peuvent lire le shaster : quant au peuple, il ne lui est permis de lire que le livre appellé puran ou pouran, qui est un commentaire du shaster ; ainsi il ne leur est permis de puiser les dogmes de sa religion que de la troisieme main.

Le shaster est divisé en trois parties, dont la premiere contient la morale des bramines ; la seconde contient les rites & les cérémonies de leur religion, & la troisieme divise les Indiens en différentes tribus ou classes, & prescrit à chacune les devoirs qu’elle doit observer.

Les principaux préceptes de morale contenus dans la premiere partie du shaster sont 1°. de ne point tuer aucun animal vivant, parce que les animaux ont, selon les Indiens, une ame aussi-bien que les hommes ; 2°. de ne point prêter l’oreille au mal, & de ne point parler mal soi-même ; de ne point boire du vin, de ne point manger de viande, de ne point toucher à rien d’impur ; 3°. d’observer les fêtes prescrites, de faire des prieres & de se laver ; 4°. de ne point mentir, & de ne point tromper dans le commerce ; 5°. de faire des aumônes suivant ses facultés ; 6°. de ne point opprimer, ni faire violence aux autres ; 7°. de célébrer les fêtes solemnelles, d’observer les jeûnes, de se retrancher quelques heures de sommeil pour être plus disposé à prier ; 8°. de ne point voler, ni frauder personne de ce qui lui appartient.

La seconde partie du shaster a pour objet les cérémonies : elles consistent 1°. à se baigner souvent dans les rivieres. En y entrant, les Banians commencent par se frotter tout le corps avec de la boue ou du limon, après quoi ils s’enfoncent plus avant dans l’eau, & se tournent vers le soleil ; alors un bramine ou prêtre adresse une priere à Dieu pour le prier de purifier l’ame de ses souillures ; les Banians se plongent quelquefois dans la riviere, & ils croient par-là avoir obtenu le pardon de tous leurs péchés ; 2°. les Banians se frottent le front d’une couleur rouge, qui est le signe qu’ils font partie du peuple de Dieu ; 3°. il leur est ordonné de faire des offrandes, des prieres sous des arbres destinés à ces usages sacrés, & qu’ils doivent tenir en grande vénération ; 4°. de faire des prieres dans les temples, de faire des offrandes aux pagodes ou idoles, de chanter des hymnes, & de faire des processions, &c. 5°. de faire des pélerinages à des rivieres éloignées, & sur-tout au Gange, afin de s’y laver, & de faire des offrandes ; 6°. d’adresser leurs vœux à des saints qui ont chacun des départemens particuliers ; 7°. il leur est ordonné de rendre hommage à Dieu, à la vue de la premiere de ses créatures qui s’offre à leurs yeux après le lever du