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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 15.djvu/171

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dans le pays des réalités, ils trouvent bien-tôt une résistance insurmontable.

Au reste, il faut se rappeller qu’il y a eu plusieurs Zénon, & qu’ils ont tous été céiebres dans leur genre. Le plus ancien & l’un des principaux philosophes de l’antiquité, étoit Zénon d’Elée, disciple de Parménides ; il fleurissoit dans la 79 olympiade. Amoureux de la liberté, il entreprit de la procurer à sa patrie opprimée par un tyran, nommé par les uns Néarque, & par d’autres Démylus ; mais le projet de Zénon ayant été découvert, il souffrit avec une fermeté extraordinaire les tourmens les plus rigoureux. Le second Zénon surnommé le cynique, fut le chef des Stoïciens ; c’étoit un homme de la plus haute vertu : les Athéniens eurent tant de confiance dans sa probité, qu’ils lui envoyoient tous les soirs les clés de leur ville. Le troisieme écrivit sur la Géographie. Le quatrieme fit l’histoire des hauts faits de Pyrrhus en Italie & en Sicile, avec un abrégé de l’histoire de Rome & de celle de Carthage. Le cinquieme étoit disciple de Chrysippe. Le sixieme professoit la Médecine avec une grande gloire. Le septieme étoit grammairien distingué. Le huitieme est celui qui nâquit à Sidon.

Quand cette ville se fut rendue à Alexandre le Grand, il déposa Straton qui avoit usurpé la couronne, & s’informa s’il n’y avoit aucun des descendans de Cinyras en vie, pour le placer sur le trône ; on croyoit généralement que toute la famille royale étoit éteinte ; mais enfin, quelques personnes plus éclairés nommerent Abdolonyme. Diodore de Sicile l’appelle Eallonyme, & Plutarque Alynome. Il subsistoit à la campagne de la culture des jardins ; Alexandre l’envoya chercher sur le champ, & lui ayant donné la couronne qui lui appartenoit par sa naissance, Il lui demanda de quelle maniere il avoit supporté sa pauvreté. « Je souhaite, seigneur, répondit Abdolonyme, de soutenir aussi-bien je nouvel état dont vous m’honorez : ces mains ont pourvu à mes besoins ; je n’ai rien eu, & rien ne m’a manqué ». Alexandre touché de la beauté de cette réponse, augmenta les états d’Abdolonyme, lui donna les biens de Straton, & y joignit de riches présens de son butin sur les Perses.

Tous les Anglois savent par cœur les vers charmans de Cowley sur la vie rustique, tirés de cette histoire, rapportée dans Diodore de Sicile, liv. XVII. Quinte-Curce, l. IV. Justin, l. XI. c. x. & Plutarque, de fortuna Alexandri. Ils commencent ainsi :

Happy the man, whom bounteous Gods allow
With his own hauds paternal grounds to plow !
&c.

« Heureux, cent fois heureux, l’homme, qui loin du tumulte, & exempt de crainte & d’espérance, vit des fruits de son champ & de son jardin ! Son champ lui fournit ce dont la simple nature a besoin ; & son jardin lui offre libéralement par son ombre & par ses fruits, des plaisirs innocens. Il voit, sans que cette vue altere sa tranquillité, le poids onéreux des grandeurs, ambitionné par des insensés, & possédé par les méchans..... C’est ainsi que le sage Obdolonyme passoit sa vie, lorsque les envoyés d’un grand roi vinrent lui offrir une couronne, & le trouverent occupé à cultiver son jardin. Ce ne fut qu’à regret qu’il quitta sa campagne chérie, pour monter sur le trône ; il ne put s’empêcher de s’arrêter souvent sur la route, de tourner souvent les yeux vers le séjour qu’il abandonnoit, & on l’entendit plus d’une fois répéter : Hélas ! je quitte un royaume bien plus propre à rendre heureux, que celui que je vais posséder !» (Le chevalier de Jaucourt.)

SIDONES, (Géog. anc.) peuples de la Germa-

nie, entre les Luti-Buri & les Cogni, selon Ptolomée, l. II. c. xj. Ils habitoient donc entre l’Oder &

la Vistule. (D. J.)

SIDONIA, (Géog. mod.) & plus communément Medina-Sidonia, ville d’Espagne, dans l’Andalousie, à sept lieues du port Sainte-Marie. Elle a été autrefois le siége d’un évéché transféré à Cadix en 1264 ; & c’est seulement depuis ce tems-là, que Cadix a été reconnue pour ville épiscopale. Voyez Medina-Sidonia. Géog. mod. (D. J.)

SIDONIORUM insula, (Géog. anc.) île du golfe Persique : Strabon, l. XVI. p. 784. dit que ce fut une colonie venue de cette île, qui fonda la ville de Sidon en Phénicie. Il ajoute qu’on disputoit, si c’étoit des habitans de cette île dont Homere avoit voulu parler dans ce vers :

Αἰθίοπας δ’ἱκόμην καὶ Σιδονίους καὶ Ἐρεμβούς.
Venit & ad Æthiopes, & Sidonios, & Erembos.

Ortélius croit que cette île est la Sidodona d’Arrien. (D. J.)

SIDRA, (Géog. mod.) grand golfe d’Afrique, sur la côte de Barbarie, entre Tripoli & Barca. On l’appelloit anciennement Syrtis magna : son nom moderne lui vient de la petite île Sidra qui est au fond. On voit dans ce golfe les seches ou basses de Barbarie, qui sont dangereuses. (D. J.)

SIDRO, (Géog. mod.) cap de Grece, dans la Livadie, en latin Cynosura, & Doriscum Promontorium. Il est à l’embouchure de la riviere d’Asopo, dans le golfe de Négrepont. (D. J.)

SIDRONA, (Géog. anc.) ville de l’Illyrie, dans la Liburnie : Ptolomée, l. II. c. xvij. l’a marquée dans les terres ; le nom moderne est Belas, selon Niger.

SIDUS, (Géog. anc.) nom d’une bourgade du territoire de Carinthe dans la Mégaride, selon Pline, l. IV. c. vij. 2°. d’une bourgade de l’Asie mineure, dans l’Ionie, au voisinage de Clazomene ; 3°. d’un lieu de l’Asie mineure, dans la Pamphylie.

SIDUSA, (Géog. anc.) île de l’Asie mineure, Pline, l. V. c. xxxj. la place sur la côte de l’Ionie : Thucydide, l. VIII. p. 360. fait aussi mention de cette île ; Etienne le géographe écrit Sidussa, & en fait une ville.

SIECLE, s. m. (Chronolog.) c’est dans la chronologie un espace de cent ans : les anciens poëtes divisoient le tems en quatre siecles. Le premier, nommé le siecle d’or, désigne l’innocence d’Adam & d’Eve dans le paradis terrestre, où ils trouvoient sans peine & sans travail ce qui leur étoit nécessaire. Le second, appellé siecle d’argent, marque le fruit de leur péché, qui est le travail & les douleurs. Le troisieme, dit le siecle d’airain, est pour le tems de la corruption des hommes jusque au déluge. Et le quatrieme, connu sous le nom de siecle de fer, marque le tems de la guerre que les hommes se firent les uns aux autres, & les suites de leur division. (D. J.)

Siecles des poetes, (Mythol.) ce sont les quatre âges du monde, qui, selon les poëtes, suivirent la formation de l’homme. A l’âge d’or succéderent l’âge d’argent, l’âge d’airain, & l’âge ou le siecle de fer. Voyez-en les articles, & joignez-y ce beau passage d’Hésiode. « Les habitans du siecle d’or, dit ce poëte ingénieux, devinrent autant de bons génies & d’anges tutélaires. Les hommes de l’âge d’argent furent changés en génies souterrains bienheureux, mais mortels, comme s’il pouvoit y avoir de vrai bonheur sans l’immortalité. Les hommes du siecle d’airain sont descendus aux enfers, & morts sans ressource. Enfin ceux de l’âge héroïque, sont allés habiter les champs élisées, ou les îles fortunées situées aux extrémités du monde ». (D. J.)