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être la même que Beth-Seda, ou Bethsaïda. Isaie, viij. 6. parle de cette fontaine, & dit que ses eaux couloient doucement & sans bruit. Il est vraissemblable que cette fontaine est la même que celle de Rogel ou du Foulon de Josué, xviij. 16. Quoi qu’il en soit, l’Ecriture nous apprend que le long de la piscine ou de l’aquéduc de Siloé, il y avoit une tour qui tomba & qui écrasa dix-huit hommes, Luc. xiij. 4. C’est aux eaux de cette fontaine que Jesus-Christ envoya l’aveugle né, au rapport de saint Jean, ix. 7. (D. J.)

SILPHIUM, s. m. (Botan. anc.) σίλφιον, racine de Libye, aux environs de Cyrène, dont on faisoit un cas tout particulier, tant à cause de ses propriétés médicinales, que par son usage dans les ragouts. Les naturels du pays l’appelloient d’abord sirphi, ensuite silphi, d’où vint le mot grec σίλφιον. Les Latins nommerent la serpitium, le suc de la racine silphium.

Le suc ou la gomme de celle de Cyrène étoit tellement estimé, que les Romains déposoient dans le trésor public tout ce qu’ils en pouvoient acquérir ; & Jules César ne manqua pas de s’en emparer dans le tems de sa dictature. Les Grecs appelloient aussi proverbialement tout ce qui étoit rare, Βάττου σίλφιον, silphium de Battus, c’est-à-dire, silphium de Cyrène, colonie dont Battus étoit fondateur. Mais nous apprenons de Pline, que long-tems avant qu’il écrivit, la connoissance du silphium de Cyrène étoit perdue ; les Romains tiroient alors leur silphium, ou le suc de cette plante d’Arménie, de Médie, & de Perse ; celui de Cyrène étoit entierement inconnu à Rome.

Je sais que quelquelques savans & botanistes modernes, comme le docteur Bentley, MM. Evelin, Laurence, & Geoffroy, imaginent reconnoître le silphium de Cyrène dans notre assa fœtida ; mais je crois qu’ils auroient bien de la peine à démontrer leur opinion ; car sans parler des médailles qui leur sont contraires, & dont le docteur Mead a fait usage contre le docteur Bentley, il nous suffira de remarquer que Théophraste, Dioscoride, & l’ancien scholiaste d’Aristophane, donnent au silphium de Cyrene une odeur douce, odoriférante, & très-agréable ; ce qui ne convient certainement pas à l’odeur fétide, forte, & desagréable de notre assa fœtida. (D. J.)

SILVA CIMINIA, (Géog. anc.) forêt d’Italie, dans la Toscane, au-delà de la ville de Pérouse, par rapport à Rome. Tite-Live, l. IX. c. xxxvj. & xxxvij. qui marque la situation de cette forêt, & qui la décrit, dit que sous le consulat de Q. Fabius. & de M. Marcius Rutilus, elle étoit aussi impénétrable & aussi affreuse que la forêt Hercinienne dans la Germanie, & qu’aucun marchand jusque-là n’avoit osé y passer. (D. J.)

Silva Herculi sacra, (Géog. anc.) forêt de la Germanie, entre le Weser & l’Elbe : Tacite l’appelle ainsi, parce qu’elle étoit, dit-il, consacrée à Hercule.

SILVAIN, s. m. ou mieux encore Sylvain, (Mythol.) silvanus ; dieu champêtre des Romains, qui présidoit aux forêts, comme son nom l’indique ; c’est un dieu dont l’origine est peu connue. Les uns le font fils de Saturne, & les autres de Faune ; on ne sait pas même où il est né. Les Pélasges en porterent la connoissance de Grece en Italie.

Macrobe distingue trois Silvains ; l’un étoit dieu domestique ou dieu lare, Silvanus larium ; l’autre dieu champêtre, & c’étoit le même que Pan ou Faune ; le troisieme dieu oriental, ou le dieu qui étoit le même que Mars, & celui-ci étoit proprement Silvain. Servius observe, que c’étoit-là l’opinion commune, mais que les philosophes disoient, que Silvain étoit le dieu de la matiere, qui est la masse & la lie des élémens ; c’est-à-dire ce qu’il y a de plus grossier dans le feu, dans l’air, dans l’eau & dans la terre.

On trouve Silvain représenté, tantôt avec les cornes & la moitié du corps de chevre, tantôt avec toute la forme humaine ; les attributs de Silvain sous la forme humaine, sont une serpe à la main, une couronne grossierement faite de feuilles & de pommes de pin, un habit rustique qui lui descend jusqu’au genou, un chien auprès de lui, & des arbres à ses côtés, comme dieu des forêts.

Silvain en la forme de Pan, étoit figuré avec les cornes, les oreilles, & la partie inférieure du corps de chevre, tout nud, couronné de lierre, mais dont les cornes percent la couronne, portant de la main gauche une branche de pin, ou tenant des pommes de cet arbre, ce qui montre que le pin étoit l’arbre favori de ce dieu. Souvent au lieu de pin, c’est une branche de cyprès, à cause de la tendresse qu’il avoit pour le jeune Cyparissus, qui fut métamorphosé en cyprès ; où, selon les Historiens, parce qu’il a le premier appris à cultiver cet arbre en Italie.

Une troisieme maniere assez ordinaire de représenter Silvain, c’est en forme d’herme, où l’on ne voit que la tête & la moitié du corps sans bras ; le reste se termine en pilier, dont la grosseur diminue toujours jusqu’à la base.

Silvain fut extrèmement honoré en Italie, où l’on croyoit qu’il avoit pris naissance, & qu’il avoit regné utilement pour les hommes. Il avoit plusieurs temples à Rome, un dans les jardins du mont-Aventin, un autre dans la vallée du mont-Viminal, & un troisieme sur le bord de la mer, d’où il étoit appellé Littoralis.

Ses prêtres formoient un des principaux colleges du sacerdoce romain, & nous en ferons un article à part ; c’est assez d’observer ici, qu’il n’y avoit que des hommes qui pussent lui sacrifier. On lui faisoit des offrandes selon la saison, & selon le besoin que l’on avoit de son secours. Dans le tems de la moisson, on lui présentoit des épis, afin qu’il bénît les blés. En automne, on lui offroit des raisins, afin qu’il donnât de bonnes vendanges ; & on lui donnoit du lait quand on le prioit d’avoir soin des troupeaux. Tout cela est marqué dans ces deux vers de Tibulle de l’Elégie 5. du liv. I. lorsqu’il parle des occupations que sa maîtresse auroit chez lui à la campagne.

Illa deo sciet agricolæ pro vitibus uvam,
Pro segete spicas, pro grege ferre dapem.

« Elle saura offrir au dieu champêtre des raisins pour nos vignes, des épis pour nos moissons, & du lait pour nos troupeaux ». D’abord on se contentoit de lui faire de ces simples offrandes, mais dans la suite, on lui immoloit encore un cochon. On paroit ses autels de branches de cyprès ou de pin, & c’est pour cela qu’on l’appelloit Dendrophore.

On faisoit peur aux enfans de Silvain, comme du loup ; c’est à cause de l’inclination qu’ont tous les enfans à détruire & à rompre des branches d’arbres. Pour les en empêcher, on leur représentoit Silvain comme un dieu qui ne souffriroit pas impunément qu’on gatât des choses qui lui étoient consacrées ; mais pourquoi Silvain étoit-il la terreur des femmes en couches ? Et pourquoi falloit-il implorer contre lui la protection d’autres divinités ? C’est, dit-on, parce que Silvain étoit regardé comme incube.

Silvains, (Mythol.) les Silvains étoient dans la Mythologie, certains dieux champêtres de peu d’importance, comme les Faunes, les Satyres, les Silenes, les Pans, les Egipans, &c. mais ils servoient tous aux poëtes à embellir leurs descriptions du paysage des campagnes. Ces dieux avoient des bocages particuliers, où les bergers & les troupeaux alloient chercher l’ombre pendant les ardeurs étouffantes de la canicule. (D. J.)

Silvain, College de, (Antiq. rom.) collegium