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Près de-là étoit le temple de Neptune surnommé ténarien, & assez près on voyoit une statue de Minerve. Du même côté on trouvoit la place Hellénie, ainsi appellée parce que dans le tems que Xerxes passa en Europe, toutes les villes greques qui prirent les armes contre lui, envoyerent leurs députés à Sparte, & ces députés s’aboucherent là pour aviser aux moyens de résister à une puissance si formidable. D’autres disoient que cette dénomination étoit encore plus ancienne, & qu’elle venoit de ce que tous les princes de la grece ayant pour l’amour de Ménélas, entrepris le siege de Troye, ils s’assemblerent en ce lieu pour délibérer sur cette expédition, & sur les moyens de tirer une vengeance de Pâris qui avoit enlevé Hélene.

Près de cette place, on montroit le tombeau de Talthybius ; mais ceux d’Egion en Achaïe avoient aussi dans le marché de leur ville un tombeau, qu’ils assuroient être celui de Talthybius. Dans le même quatier, on voyoit un autel dédié à Apollon Acritas, ainsi appellé, parce que cet autel étoit bâti sur une hauteur. On trouvoit dans le même endroit un temple de la Terre, qu’ils nommoient Gasepton, & un peu au-dessus un autre temple d’Apollon, surnommé Maléatis : passé la rue des Barrieres contre les murs de la ville, on trouvoit une chapelle dédiée à Dictynne, & ensuite les tombeaux de ces rois, qui ont été appellés Eurypontides.

Auprès de la place Hellénienne, il y avoit le temple d’Arsinoé, qui étoit fille de Leucippe, & belle-sœur de Castor & Pollux. Du côté des remparts, on voyoit un temple de Diane, & un peu plus loin la sépulture de ces devins qui vinrent d’Elis, & qu’on appelloit Jamides. Maron & Alphée avoient aussi-là leurs temples. C’étoit deux grands capitaines, qui, après Léonidas, signalerent le plus leur courage au combat des Thermopyles. A quelques pas de-là, on voyoit le temple de Jupiter Tropeus. Mais de tous les temples qui étoient à Sparte, le plus révéré étoit celui de la mere des dieux. On voyoit auprès le monument héroïque d’Hyppolite, fils de Thésée, & celui d’Aulon Arcadien, fils de Tlésimene, frere de Parthenopée.

La grande place de Sparte avoit encore une autre issue, & de ce côté-là on trouvoit un édifice où les habitans venoient prendre le frais. On disoit que ce bâtiment étoit un ouvrage de Théodore de Samos, qui le premier trouva l’art de fondre le fer & d’en faire des statues. C’est à la voûte de cet édifice que les Lacédémoniens avoient suspendu la lyre de Timothée de Milet, après l’avoir puni de ce qu’aux sept cordes de l’ancienne lyre, il en avoit ajouté quatre autres.

A quelques pas du temple d’Apollon, étoient trois autels dédiés à Jupiter Ambulius, à Minerve Ambulia, & aux Dioscures, qui avoient aussi le surnom d’Ambulii. Vis-à-vis étoit une éminence appellée Colona, où il y avoit un temple de Bacchus Colonate : ce temple tenoit presque à un bois qu’ils avoient consacré à ce héros, qui eut l’honneur de conduire Bacchus à Sparte. Du temple de Bacchus à celui de Jupiter Evanemus, il n’y avoit pas loin, & de ce dernier on voyoit le monument héroïque de Pleuron, dont les enfans de Tyndare descendoient par leur mere.

Près de là étoit une colline où Junon Argiva avoit un temple, qui avoit été consacré, dit-on, par Eurydice, fille de Lacédémon, & femme d’Acrisius, & qui étoit fils d’Abas : car pour le temple de Junon Hyperchiria, il avoit été bâti par le conseil de l’oracle, dans le tems que le fleuve Eurotas inondoit toute la campagne. On voyoit dans ce temple une statue de bois d’un goût fort ancien, & qui représentoit, à ce qu’ils disoient, Vénus-Junon. Toutes les

femmes qui avoient des filles à marier, faisoient des sacrifices à cette déesse.

Au sortir de la place, vers le couchant, étoit le théâtre bâti de marbre blanc. Vis-à-vis du théâtre étoit le tombeau du roi Pausanias, qui commandoit les Lacédémoniens au combat de Platée. La sépulture de Léonidas étoit tout auprès. Tous les ans on faisoit les oraisons funebres de ces grands capitaines sur leurs tombeaux, & ces oraisons étoient suivies de jeux funéraires, où il n’y avoit que les Lacédémoniens qui fussent reçus à disputer le prix. Léonidas étoit véritablement inhumé dans ce lieu-là ; car ses os avoient été rapportés des Thermopyles par Pausanias quarante ans après sa mort. On voyoit aussi-là une colonne, sur laquelle étoient gravés les noms de ces grands hommes, qui soutinrent l’effort des Perses aux Thermopyles, & non-seulement leurs noms, mais ceux de leurs peres. Il y avoit un quartier dans la ville qu’on nommoit le Théomélide, où étoient les tombeaux des rois, dits Agides. Le lesché étoit tout contre. C’étoit le lieu où les Crotanes s’assembloient, & les Crotanes étoient la cohorte des Pitanates.

On trouvoit ensuite le temple d’Esculape, qu’ils nommoient l’Enapadon, & un peu plus loin le tombeau de Ténarus, d’où un promontoire fort connu avoit pris sa dénomination. Dans le même quartier on voyoit le temple de Neptune Hyppocurius, & celui de Diane Eginea. En retournant vers le lesché, on trouvoit sur son chemin le temple de Diane Issoria, autrement dite Liminéa. Près de ces tombeaux des Agides, on voyoit une colonne, sur laquelle on avoit gravé les victoires qu’un lacédémonien, nommé Anchionis, avoit remportées, au nombre de sept, tant à Olympie qu’ailleurs. On voyoit aussi le temple de Thétis dans ce quartier-là. Pour le culte de Cérès Cthonia, qui étoit établi à Sparte, les habitans croyoient l’avoir reçu d’Orphée ; mais il y a plus d’apparence qu’ils l’avoient pris des habitans d’Hermione, chez qui cette déesse étoit honorée sous le même nom. On voyoit aussi à Sparte un temple de Sérapis, & un temple de Jupiter Olympien.

Il y avoit un lieu qu’ils appelloient Dromos, où ils exerçoient leurs jeunes gens à la course. Si l’on y entroit du côté qui regardoit la sépulture des Agides, on voyoit à main gauche le tombeau d’Eumédès, qui étoit un des fils d’Hippocoon, & à quelques pas de-là une vieille statue d’Hercule. C’étoit à ce dieu, & en ce lieu-là, que sacrifioient les jeunes gens qui sortoient de l’adolescence pour entrer dans la classe des hommes. Le Dromos avoit deux gymnases ou lieux d’exercices, dont l’un avoit été consacré à cet usage par Euryclide de Sparte. Au dehors & près de la statue d’Hercule, on montroit une maison qui étoit autrefois la maison de Ménélas. Plus loin on trouvoit les temples des Dioscures, des Graces, de Lucine, d’Apollon Carnéus & de Diane Hégémaque. A droite du Dromos, on voyoit le temple d’Agnitas ; c’étoit un surnom qui avoit été donné à Esculape, à cause du bois dont la statue avoit été faite.

Quand on avoit passé le temple d’Esculape, on voyoit un trophée que Pollux, à ce qu’on dit, avoit érigé lui-même après la victoire qu’il avoit remportée sur Lyncée. Les Dioscures avoient leurs statues à l’entrée du Dromos, comme des divinités qui président à la barriere. En avançant plus loin, on voyoit le monument héroïque d’Alcon ; à quelques pas delà étoit le temple de Neptune, surnommé Domatilès. Plus loin étoit un endroit, qu’ils nommoient le Plataniste, à cause de la grande quantité de grands platanes dont il étoit rempli. Voyez Plataniste.

Vers ce bois de platanes, on voyoit aussi le monument héroïque de Cynisca, fille du roi Archidame. Derriere un portique qui étoit-là, on trouvoit en-