Aller au contenu

Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 15.djvu/525

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Stœchas ou Stœchas arabique, (Mat. méd.) cette plante croît abondamment en Provence & en Languedoc ; c’est des îles d’Yeres & des environs de Montpellier qu’on la tire, principalement pour l’usage de la Médecine.

C’est la plante entiere fleurie & sechée, ou ses épis fleuris & sechés qu’on emploie ; elle est de la classe des labiées de Tournefort. Elle est très-aromatique ; on en retire par conséquent par la distillation, une eau distillée bien parfumée & très-analogue en vertus à celles que fournissent la plûpart des autres plantes usuelles de la même classe ; telles que la lavande, la sauge, le thim, &c. on en retire aussi par la distillation une bonne quantité d’huile essentielle qui est peu d’usage en Médecine, & qui a les mêmes vertus que l’huile essentielle de lavande, &c.

Le stœchas est mis au rang des remedes céphaliques & antispasmodiques ; on l’emploie quelquefois en infusion dans la paralysie, les tremblemens des membres, le vertige & toutes les maladies appellées nerveuses & spasmodiques ; mais le stœchas est beaucoup moins usité & moins efficace dans tous ces cas, que beaucoup d’autres plantes de sa classe, & notamment que la sauge qui paroît lui devoir être toujours préférée. Voyez Sauge.

Les autres vertus attribuées à cette plante, comme d’exciter les regles & les urines, & même de purger doucement la pituite & la bile noire, ne sont pas assez réelles, ou ne lui appartiennent point à un degré assez considérable pour l’avoir rendue usuelle à ces titres. Ainsi, quoique cette plante ne soit pas sans vertus, mais seulement parce que l’on ne manque point de remedes absolument analogues & plus efficaces, on n’en fait que rarement usage dans les prescriptions magistrales : elle entre cependant dans plusieurs compositions officinales, parce que dans ces compositions on entasse tout. On trouve dans les pharmacopées un sirop simple, & un sirop composé de stœchas. Le premier n’est point usité, & n’est près que bon à rien, si on le prépare selon la méthode commune, en faisant long-tems bouillir avec le sucre une infusion ou une décoction de cette plante.

Le sirop composé auquel le stœchas donne son nom, contient toutes les particules de plusieurs substances végétales très aromatiques, & doit être regardé comme une préparation bien entendue, & comme un bon remede très-propre à être mêlé dans les juleps, les décoctions, les infusions, les potions fortifiantes, cordiales, stomachiques, céphaliques, diaphorétiques, hystériques & emménagogues. Ce sirop est absolument analogue à un autre sirop composé, très connu dans les boutiques sous le nom de sirop d’armoise, si même le sirop de stœchas ne vaut mieux que ce dernier. En voici la description d’après la pharmacopée de Paris.

Sirop de stœchas composé. Prenez épis secs de stœchas trois onces ; sommités fleuries & séches de thim, de calament, d’origan, de chacun une once & demie ; de sauge, de bétoine, de romarin, de chacun demi-once ; semences de rue, de pivoine mâle, de fenouil, de chacun trois gros ; canelle, gingembre, roseau aromatique, de chacun deux gros : que toutes ces drogues hachées & pilées macerent pendant deux jours dans un alembic d’étain ou de verre, avec huit livres d’eau tiéde ; alors retirez par la distillation au bain-marie huit onces de liqueur aromatique, dont vous ferez un sirop en y faisant fondre au bain-marie le double de son poids, c’est-à-dire une livre de beau sucre. D’autre part ; prenez le marc de la distillation avec la liqueur résidue ; passez & exprimez fortement ; ajoutez quatre livres de sucre à la colature ; clarifiez & cuisez en consistence de sirop, auquel, lorsqu’il sera à demi refroidi, vous mêlerez le précédent. (b)

STÆNIENS, s. m. pl. (Hist. ancienne.) peuples de l’ancienne Gaule, qui du tems des Romains habitoient au pié des Alpes maritimes.

STOER le, ou le STOR, (Géog. mod.) riviere d’Allemagne, dans la basse-Saxe, au duché de Holstein. Elle se forme de divers petits ruisseaux, aux confins de l’Holsace & de la Stormarie, baigne la ville de Krempe, & va se jetter dans l’Elbe, un peu au-dessous de Gluckstad. (D. J.)

STOICIEN, Stoïque, (Synonym.) stoïcien signifie ordinairement un homme qui suit la philosophie de Zénon ; & stoïque, un homme ferme qui ne s’émeut de rien, qui est insensible à tout, quoiqu’il ne soit point instruit de la philosophie du portique. Stoïcien va proprement à l’esprit & à la doctrine ; stoïque au caractere & à la conduite. Suivant cette distinction, il faudroit dire, les Stoïciens sont de ce sentiment ; & d’une personne que les fâcheux évémens ne peuvent ébranler, c’est un vrai stoïque, une ame stoïque.

Enfin, stoïcien ne se dit guere que dans le propre, quand il s’agit effectivement de Zénon & de ses disciples ; la philosophie stoïcienne ; la secte stoïcienne. Stoïque se dit au contraire presque toujours au figuré ; voilà une action stoïque ; cependant l’on peut dire, voilà l’action d’un stoïcien ; il a reçu cette triste nouvelle en stoïcien ; il a fini ses jours en stoïcien, en grand homme. (D. J.)

STOICISME, ou Secte stoïcienne, ou zénonisme, (Hist. de la Philosophie.) le stoïcisme sortit de l’école cynique : Zénon qui avoit étudié la Morale sous Cratès, en fut le fondateur. Aussi disoit-on que d’un stoïcien à un cynique, il n’y avoit que l’habit de différence. Cependant Zénon rendit sa philosophie plus étendue & plus intéressante que celle de Diogène ; il ne s’en tint pas à traiter des devoirs de la vie ; il composa un système de philosophie universelle d’après les maîtres qu’il avoit entendus, & il donna aux exercices de l’école une face nouvelle.

Zénon naquit à Cittium, ville maritime de l’île de Chypre ; Cittium avoit été bâti par une colonie phénicienne ; ce qui lui attira quelquefois le reproche qu’il n’étoit qu’un étranger ignoble. Mnésius son pere faisoit le commerce ; l’éducation de son fils n’en fut pas plus négligée ; les affaires du bon-homme l’appelloient souvent à Athènes, & il n’en revenoit point sans rapporter au jeune Zénon quelques livres de Socrate. A l’âge de trente à trente deux ans, il vint lui même dans la ville fameuse pour y vendre de la pourpre, & pour entendre les hommes dont il avoit lu les ouvrages. Tout en débarquant, il demanda où ils demeuroient ; on lui montra Cratès qui passoit, & on lui conseilla de le suivre. Zénon suivit Cratès, & devint son disciple. Il ne pouvoit assez admirer l’élévation que son maître montroit dans sa conduite & dans ses discours ; mais il ne se faisoit point au mépris de la décence qu’on affectoit dans son école ; il se livra tout entier à la méditation, & bien-tôt il parut de lui un ouvrage intitulé de la République, qu’il avoit écrit, disoit-on, assez plaisamment, sous la queue du chien. Les Cyniques ne s’occupoient que de la Morale ; ils ne faisoient aucun cas des autres sciences. Zénon ne les approuvoit pas en ce point ; entraîné par le desir d’étendre ses connoissances, il quitta Cratès, qui ne digéra pas sans peine cette désertion. Il fréquenta les autres écoles ; il écouta Stilpon pendant dix ans ; il cultiva Zénocrate ; il vit Diodore Cronus ; il interrogea Polémon : enrichi des dépouilles de ces hommes, il ouvrit boutique ; il s’établit sous le portique ; cet endroit étoit particulierement décoré des tableaux de Polygnote & des plus grands maîtres, on l’appelloit le stoa, d’où la secte de Zénon prit le nom de stoïcienne ; il ne manqua pas d’auditeurs, sa morale étoit sévere ; mais