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nues de nos jours ; savoir, le storax calamite ou en larmes, & le storax ordinaire, ou en masse.

Le storax calamite, στύραξ καλαμίτης, Græcor. stirax calamita, off. est une substance résineuse brillante, solide, un peu grasse, qui s’amollit sous les dents ; elle est composée de grumeaux ou de miettes blanchâtres & roussâtres, d’un goût résineux, un peu âcre, agréable, & d’une odeur pénétrante, surtout lorsqu’on le jette au feu ; il s’allume lorsqu’on l’approche de la flamme, & forme une lueur très-claire. On l’apportoit autrefois de Pamphilie dans des roseaux, selon le témoignage de Galien ; c’est ce qui fait qu’on l’a nommé calamite : il étoit très-estimé.

Le storax commun ou en masses, autrement dit la résine du storax, storax vulgaris, seu in glebas compactus, off. est une substance en masse, résineuse, d’un jaune brun ou rougeâtre, brillante, grasse, un peu gluante, & qui jette comme une liqueur mielleuse, parsemée de quelques miettes blanchâtres : elle a le même goût & la même odeur que le storax calamite.

Ces deux especes de résine ne different pas l’une de l’autre ; la premiere espece est la larme du storax, qui découle goutte-à-goutte des petites fentes, ou des incisions de cet arbre, & qui a été séchée aussi-tôt, & recueillie promptement. La seconde espece est un suc qui coule plus abondamment des plus grandes incisions, & qui ne s’épaissit qu’après beaucoup de tems ; de sorte que le contact de l’air chaud la rend rousse ou noire avant qu’elle seche.

On choisit les larmes du storax, ou les morceaux qui sont purs, brillans, odorans, sans être mêlés d’aucune sciure de bois, ou d’autre saleté. On nous apporte le storax de la Syrie, & des autres pays des Indes orientales par la Hollande, ou par Marseille. Enfin on vend chez les droguistes une certaine sciure de bois, que l’on appelle sarrilles du storax ; elle est inutile pour la médecine, & on doit la rejetter.

Quelques auteurs arabes, & sur-tout Sérapion, confondent le storax liquide, qu’ils appellent miha, dont nous avons déja parlé, avec le storax solide, ou le storax des Grecs ; cependant Avicenne les a distingués en parlant du storax liquide, sous le nom de miha ; & du storax sec, ou des Grecs, tantôt sous le nom d’astorac, tantôt sous celui de lebni.

P. Eginette, Nicolas Myrepse, & quelques Grecs, font mention d’un certain storax stacté, que plusieurs personnes regardent comme une résine particuliere & bien différente du storax : d’autres au-contraire, croient que ce n’est autre chose que la résine liquide du storax, que l’on a ramassée & recueillie avant qu’elle fût seche ; Dioscoride en a fait mention ; peut-être aussi que les Grecs ont donné ce nom au storax liquide, ou au miha des Arabes. Il est difficile de décider ce problème, qui est d’ailleurs de peu de conséquence.

L’arbre d’où découle le storax, s’appelle styrax folio mali cotonei ; dans C. B. P. 452. & dans les I. R. H. 598. Il est de la grandeur d’un olivier, & se trouve dans les forêts de la Provence, autour de la chartreuse de Monrieu à Baugencier, à Soliers, & entre la Sainte-Baume & Toulon.

Il ressemble au coignassier par son tronc, son écorce, & ses feuilles, lesquelles naissent alternativement, sont arrondies, & terminées en pointe ; elles sont longues d’un pouce & demi, & un peu moins larges, vertes & luisantes en-dessus, blanches & velues en-dessous.

Ses fleurs viennent sur les nouvelles branches, quatre, cinq, ou six ensemble ; elles sont blanches, odorantes, semblables aux fleurs de l’oranger, mais d’une seule piece, formant un tuyau court par le bas, & découpé en maniere d’étoile par le haut, en cinq ou six quartiers, d’un demi-pouce de longueur.

Leur calice est creux, en forme de petite cloche, long de deux lignes ; leur pistil est arrondi, attaché à la partie postérieure de la fleur, en maniere de clou, & devient un fruit de la grosseur & de la figure d’une noisette : ce fruit est blanchâtre, charnu, douçâtre dans le commencement, ensuite un peu amer ; il contient un ou deux noyaux très durs, lisses, luisans, d’un rouge brun, renfermant une amande blanche, grasse, huileuse, d’une odeur qui approche beaucoup de celle de la résine de storax, & d’un goût âcre & desagréable.

Ces arbres ne donnent que très-peu, ou point du tout de résine, en Provence ; mais on en retire beaucoup de ceux qui viennent dans les pays plus chauds. Aussi le storax dont on se sert dans les boutiques, est tiré des arbres qui naissent en Syrie & en Cilicie.

Il est un peu plus pénétrant que le benjoin, parce qu’il contient plus d’huile très-subtile ; cependant il est moins détersif, parce qu’il contient moins de sel essentiel ; ainsi le benjoin lui est préférable pour dissiper l’engorgement des poumons dans l’asthme humoral, & la toux opiniâtre qui vient de la même cause ; mais le storax peut récréer les esprits, par sa douce odeur, & calmer le mouvement déréglé des nerfs : on l’emploie intérieurement dans l’enrouement, à cause de ses parties huileuses : on le donne depuis demi-drachme jusqu’à deux drachmes : on l’applique sur les parties qui tendent, faute de chaleur, à devenir paralytiques : on l’emploie fréquemment avec le benjoin, pour faire des parfums & des fumigations : on prépare avec le storax, une huile odorante très suave, en le macérant dans suffisante quantité d’eau commune, pendant trois jours ; on distille d’abord l’eau, & ensuite il vient une huile jaune ; cette huile est recommandée dans les ulceres internes de la poitrine, à la dose d’une douzaine de gouttes. On fait une teinture de storax par le moyen de l’esprit-de-vin, de la même maniere que la teinture de benjoin, & qui a des propriétés semblables. On pourroit aussi faire des fleurs de storax, comme on en fait de benjoin. Le storax solide entre dans la thériaque, le mithridat, le diascordium, plusieurs onguens, emplâtres & pastilles. (D. J.)

STORE, s. m. terme de Sellier, &c. c’est une sorte de rideau que l’on met aux portieres des voitures ou des croisées des appartemens ; il se roule de lui-même sur une tringle mise en mouvement par un ressort ; quand on veut s’en servir, pour se garantir du soleil, on le tire, & on l’assujettit à une agraffe qui est au-bas de la portiere, ou de la croisée ; il se releve de lui-même dès qu’on l’ôte de l’agraffe. Les stores, quoique d’une grande commodité, & d’une petite dépense, sont d’une invention toute nouvelle ; on se servoit auparavant de rideaux qui n’ont point les mêmes avantages. (D. J.)

STOREA, (Littérat.) nom que donnoient les Romains à une espece de petit panier tissu de nattes, de paille ou de jonc ; c’étoit dans ces sortes de paniers qu’ils cueilloient les fleurs & les fruits de leurs jardins. (D. J.)

STORMARIE, (Géog. mod.) pays d’Allemagne, au duché de Holstein. Il est borné au nord par le Holstein propre ; à l’orient par la Wagrie, & le duché de Saxe-Lawenbourg ; au midi & à l’occident, par l’Elbe, qui le sépare des duchés de Lunebourg & Brême. On peut aussi dire que ce pays est renfermé entre cinq rivieres, l’Elbe, le Stoër, la Trave, la Bille, & le Schonbeck ; il a titre de principauté ; sa longueur est de dix milles germaniques, & sa largeur de sept à huit milles. La ville de Hambourg en est regardée comme la capitale. Quelques auteurs ont écrit que la Stormarie avoit eu anciennement des seigneurs particuliers ; mais il est certain que depuis