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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 15.djvu/687

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rieux, coac. prænot. cap. V. n°. 8. elle est aussi d’un mauvais augure dans les maladies chroniques, & elle présage d’ordinaire des douleurs aux cuisses, ibid. n°. 2. Lorsque les évacuations critiques, loin de soulager le malade, donnent naissance à quelque phénomene qui n’existoit pas auparavant, & que sur ces entrefaites le malade devient sourd, sa vie est en danger, prorrhet. iij. text. 35. de tous les malades dans qui Hippocrate a observé ce symptome, Horophon seul, suivant la remarque de Galien, en a échapé ; il en est de même si la surdité ayant paru avant la crise, subsiste après qu’elle a eu lieu, Philista mourut au cinquieme jour avec ce symptome. La surdité, avons-nous dit, est quelquefois un signe de délire prochain : nous ajouterons ici, qu’on doit d’autant plus compter sur la vérité de ce signe, qu’il sera joint dans le cas de douleur de tête avec le vomissement de matieres porracées, rugineuses, & de veilles opiniâtres ; alors, dit notre grand observateur, le malade ne tarde pas à extravaguer, & d’une maniere violente, prorrhet. lib. & sect. I. n°. 10. de même la surdité qui se rencontre avec des urines rougeâtres sans sédiment, qui n’ont que des nuages, annoncent surement un dérangement d’esprit, l’ictere survenant dans ces circonstances seroit pernicieux, & plus encore s’il étoit suivi d’imbécillité ; ibid. n°. 31. & coac. prænot. cap. v. n°. 10.

Dans bien des cas la surdité fait espérer une hémorragie du nez, ou un dévoyement critiques ; & si ces évacuations surviennent, la maladie se termine heureusement. Aphor. 60. lib. IV. On peut s’attendre à cette issue favorable, lorsque la coction est faite, & que les autres signes sont bons ; le dévoyement surtout bilieux, & la surdité, se succedent & se dissipent mutuellement, aphor. 28. lib. IV. j’ai observé cette succession à plusieurs reprises chez un malade qui guérit très-bien. L’hémorragie est plus surement indiquée par la surdité, si en même temps la tête est lourde, les hypochondres tendus, & les yeux fatigués par la lumiere. coac. prænot. cap. v. n°. 7. si dans cet état l’hémorragie est petite, il y a quelqu’obstacle que le vomissement ou la diarrhée peuvent emporter avec succès, ibid n°. 20. Si par ces différentes crises la surdité ne disparoît pas en entier, qu’elle ne soit que diminuée, c’est signe qu’elles ont été incomplettes ; & il faut s’attendre qu’elles seront réitérées tant que la surdité subsistera ; on voit un exemple frappant de cette remarque dans l’histoire qu’Hippocrate donne de la maladie d’une fille d’Abderos, epidem. lib. III. text. 78. au huitieme jour d’une fievre aiguë, la surdité survint avec dégoût, frisson sans délire & sans aucun changement dans les urines ; elle dura ainsi jusqu’au quatorzieme jour ; alors il y eut un peu de délire, la fievre s’appaisa ; & le dix-septieme l’hémorragie du nez fut abondante, la surdité en fut diminuée ; les jours suivans même symptome, surdité, dégoût & délire : le 20, la malade sentit une douleur aux piés ; à l’instant ces symptomes disparurent, la malade saigna du nez quelque peu, eut une legere sueur, & fut tout-à-fait exempte de fievre. Le 24 la surdité, le délire & la fievre revinrent ; la douleur des piés se maintint : le 27 il y eut des sueurs copieuses, & en même tems la surdité & la fievre cesserent pour toujours & la malade entra en convalescence. De tout ce que nous avons dit, nous pouvons conclure avec Waldsmid, que la surdité qui se fait par un effort critique, criticè, dans les maladies aiguës est un bon signe ; & qu’au-contraire celle qui vient par intervalle, & qui est plutôt dûe à la violence du mal, qu’a l’opération critique de la nature, est un signe fâcheux.

SURDOS, terme de Bourrelier ; c’est une longue bande de cuir qui regne le long de l’épine du dos des chevaux de carrosse, qui d’un bout sort de la bri-

cole ou coussinet, & de l’autre est terminé par la

croupiere : le surdos a d’espace en espace des bandes de cuir qui y sont attachées, & descendent latéralement jusqu’aux fourreaux qui envelopent les reculemens ou bandes de côtés : l’usage des surdos est de contribuer à l’ornement du harnois, & en même tems à soutenir au moyen des bandes latérales qui sont comme des côtes, les reculemens ou bandes de côté. Voyez les Pl. & figures du Bourrelier.

SUREAU, s. m. (Hist. nat. Bot.) sambucus, genre de plante à fleur monopétale, en forme de roue, & profondement découpée ; le milieu de cette fleur est percé par la pointe du calice, comme par un clou : le calice devient dans la suite une baie pleine de suc, qui renferme des semences oblongues. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

Tournefort établit sous ce genre de plante 7 especes de sureau, & met à leur tête le sureau commun à fruit noir, sambucus fructu in umbellâ nigro, I. R. H. 606. en anglois, the common elder Wilth black berries.

C’est tantôt un arbre de moyenne hauteur qui répand ses rameaux au large ; tantôt un arbrisseau dont les branches sont longues, rondes, remplies de beaucoup de moëlle blanche, ayant le bois peu épais, vertes d’abord, & puis grisâtres ; son tronc est couvert d’une écorce rude, crevassée & cendrée ; sur cette écorce extérieure il s’en trouve une seconde qui est verte, & d’usage en médecine ; son bois est assez solide, jaunâtre, mais facile à couper ; ses rameaux sont garnis de nœuds par intervalles ; ses feuilles sont attachées cinq ou six le long d’une côte, comme celles du noyer ; mais plus petites, dentelées en leurs bords, & d’une odeur forte.

Ses fleurs naissent aux sommités des branches en ombelles ou parasols, amples, larges, formées en bassinets ou rosettes en cinq quartiers, blanches, petites, fort odorantes avec cinq étamines à sommets arrondies. Après que les fleurs sont tombées, il leur succede des baies grosses comme celles du génévrier, rondes, vertes d’abord, noires dans leur maturité, pleines d’un suc rouge foncé ; elles contiennent ordinairement dans une seule loge trois semences menues, convexes d’un côté, & de l’autre anguleuses. Ses baies s’appellent dans les boutiques, grana actes.

Cet arbre croît presque par-tout, dans les haies, dans les fosses des villes, dans les vallées, aux lieux ombrageux & humides ; il pousse de très-bonne heure, & fleurit en Mai & Juin : ses baies sont mûres en automne. Si on le cultive dans les jardins, il forme un arbre assez gros, élevé, & de longue vie. Il est rare en Italie, & dans les pays chauds, parce qu’il aime les terres grasses. (D. J.)

Sureau, (Mat. méd.) ou grand sureau ; l’usage du sureau est très-ancien dans la médecine ; on y emploie son écorce moyenne, ses feuilles, ses fleurs & ses baies, qui sont connues dans la pharmacie sous le nom de grana actes. Les anciens ont employé la décoction des feuilles & des tendrons de sureau, aussi bien que la décoction des racines dans le vin pour vuider les eaux des hydropiques par les selles & par les urines. Les fleurs fraîches sont aussi laxatives, mais l’écorce moyenne est celle des parties du sureau, qui est regardée comme possédant la vertu purgative au plus haut degré. Aussi n’est-ce que cette partie que les modernes emploient à titre de purgatifs. Ils en donnent la décoction, le suc ou l’extrait. Ces remedes sont véritablement hydragogues, & ils agissent assez communement par haut & par bas, font ordinairement assez bien dans les hydropisies, & agissent sans violence & sans accident.

La dose du suc est d’une once ; celle de l’écorce, employée à l’infusion de demi-once ; & celle de l’ex-