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tions forcées, on perd souvent & nécessairement les parties volatiles qui font la vertu de plusieurs végétaux. Les sucs concrets coagulés ou le sel succulent, comme l’appellent si bien Lauremberg & Schroder, a deux avantages sur le sel tiré par la voie de l’incinération. 1°. Il est plus doux, plus tempéré, moins sec & moins mordicant. 2°. Il tient encore de la plante le soufre & le mercure que le sel tiré des cendres n’a plus du tout. Enfin on ne peut trouver que des avantages à perfectionner la méthode de la térébration. (D. J.)

TÉRÉBRATULITE, s. f. (Hist. nat.) anomiæ, conchiti anomii, musculi anomii ; c’est une coquille fossile dont le caractere est d’avoir toujours comme un bec crochu & recourbé. Il paroît que c’est une espece de moule ou de daille. Cette coquille est connue sous le nom de poulette. Il y en a d’ovales, de plates & arrondies, de rondes & sphériques, de lisses & de sillonnées. M. de Jussieu a vu l’analogue vivant de cette coquille qui se trouve dans la Méditerranée sur les côtes de la Provence. Voyez Ostréopectinite.

TEREBUS, (Géog. anc.) fleuve de l’Espagne tarragonoise. Ptolomée, l. II. c. vj. marque son embouchure entre le promontoire Scombraria & la ville Alonæ. Le manuscrit de la bibliotheque palatine lit Terebris au-lieu de Terebus. Ce fleuve prend sa source dans les mêmes montagnes où le Bætis, aujourd’hui le Guadalquivir, a la sienne. Le nom moderne du Taber ou Terebus, est Segurca. (D. J.)

TEREDON, (Géog. anc.) ville d’Asie dans la Babylonie. Ptolomée, Asiæ tab. 5. la marque dans l’île que forme le Tigre à son embouchure. D’autres placent la ville de Teredon à l’embouchure de l’Euphrate. Strabon dit qu’il y avoit mille stades depuis la ville de Babylone jusqu’aux bouches de l’Euphrate, & à la ville de Teredon. Denis le périegete, v. 982. met aussi la ville de Teredon à l’embouchure de l’Euphrate. Peut être étoit-elle entre l’Euphrate & le Tigre vers leurs embouchures ; car chacun de ces fleuves avoit anciennement son embouchure particuliere dans le golfe persique. Les choses purent changer dans la suite par le moyen de divers canaux que l’on tira de l’Euphrate, ce qui aura été cause que Ptolomée n’a point parlé de l’embouchure de ce fleuve.

La ville de Teredon est nommée Diridotis par Arrien, Hist. indic. n°. 41. si nous en croyons Tavernier, voyage de Perse, liv. II. c. viij. On voit les ruines de Teredon dans le desert de l’Arabie, à deux lieues de Balsara. Ces ruines, ajoute-t-il, font connoître que la ville étoit considérable. On y trouve encore un canal de briques par lequel l’eau de l’Euphrate étoit conduite en cette ville. Les arabes y vont enlever des briques pour les vendre à Balsara, où l’on en fait les fondemens des maisons. (D. J.)

TEREGAM, s. m. (Hist. nat. Botan. exot.) nom d’un figuier qui croît au Malabar. & que Commelin appelle tricus Malabrica, foliis rigidis, fructu rotundo, lanuginoso, flavescente, cerasi magnitudine.

C’est un grand arbre haut de trente piés, dont la racine broyée dans du vinaigre, préparée avec du cacao, & prise le matin à jeun, passe pour humectante & rafraîchissante. On donne au fruit de ce figuier les mêmes qualités. (D. J.)

TERENJABIN, s. m. (Mat. méd. des Arabes.) ce mot désigne communément dans les écrits des anciens arabes une espece de manne, nommée par quelques-uns manne de mastic, manna mastichina, à cause de ses grains ronds, ressemblans à ceux du mastic ; mais presque tous les médecins du monde la nomment aujourd’hui manne de Perse, manna persica.

M. Geoffroi a cru que le terniabin ou terenjabin, étoit une sorte de manne liquide, trompé par Bellon,

qui l’avoit été le premier par les récits des moines du mont Sinaï. Bellon pense que la manne liquide recueillie par ces moines, & qu’il nomme terenjabin, est le miel de rosée, mel roscidum de Galien, ou le miel de cedre d’Hippocrate ; mais ce n’est point là le terenjabin des anciens Arabes, ni la manne persique des modernes. Il est bien vraissemblable que la manne liquide des moines du mont Sinaï est la même substance que le miel de rosée de Galien, ou le miel de cedre d’Hippocrate, mais ce n’est point là le terenjabin des anciens Arabes.

La description que fait Galien de son miel de rosée, & de la maniere dont on le recueilloit de son tems sur le mont Sinaï, convient très-bien avec le récit de Bellon ; mais il ne paroît point qu’on en fît le moindre usage en médecine, ni du tems de Galien, ni moins encore du tems d’Hippocrate. Les médecins arabes paroissent être les premiers qui l’ont employé comme purgatif. Galien parle plutôt de son miel de rosée, ou manne liquide, comme d’une curiosité, que comme d’une médecine, n’indiquant nulle part ni ses vertus, ni son usage ; il se contente de dire qu’on en recueilloit tous les ans quantité sur le mont Sinaï, mais qu’on en apportoit très-rarement dans son pays. De plus, il paroît par le témoignage de l’ancien auteur grec, cité par Athénée, & dont Saumaise a rapporté le passage, que ce miel de rosée étoit un objet de luxe par sa saveur, plus agréable au goût que le miel même, outre son parfum délicieux.

Dans l’ouvrage apocryphe, intitulé de dynamiis, attribué à Galien, il est bien vrai qu’on y ordonne de mêler de la scammonée avec du miel ; mais il n’y est pas dit un seul mot de la manne : or, comme Galien entre dans tous les plus petits détails de la matiere médicale de son tems, il s’ensuit que son silence est une forte preuve que dans son tems le miel de rosée du mont Sinaï n’étoit point d’usage en médecine, & moins encore toute autre espece de manne. Philosop. transact. n°. 472. (D. J.)

TERENTE, (Géog. anc.) Terentum ; lieu d’Italie, dans le champ de Mars, près du Tibre, selon Valere Maxime, liv. II. c. jv. car le champ de Mars, comme nous l’apprend Tite-Live, étoit autrefois hors de Rome. Servius dit qu’on donnoit aussi le nom de Terentum à une certaine partie du Tibre dans Rome, sans doute après que le champ de Mars eut été renfermé dans cette capitale ; Martial, Epigr. l. epist. lx. au-lieu de Terentum, se sert du pluriel Terenti :

Cæpit, maxime, Pana, quæ solebat
Nunc ostendere canium Terentos.

Il emploie pourtant le même mot au singulier, liv. X. epist. lxiij.

Bis mea romano spectata est vita Terento.

Et Ausone, liv. IV. epigr. j. dit Terentus pour Terentum :

Et quæ Romuleus sacra Terentus habet. (D. J.)

Térente, s. m. (Antiq. rom.) Terentus, lieu dans le champ de Mars assez près du capitole, où étoit le temple de Pluton & de Consus, & un autel souterrein consacré à Pluton & à Proserpine. On ne le découvroit que pour les jeux séculaires, & on le couvroit aussitôt après. Ce mot vient de terere, frotter, user en frottant, parce que les eaux du Tibre alloient se briser auprès de ce lieu. Voici, selon Valere Maxime, l. II. c. iv. la maniere dont cet autel fut découvert. Les deux fils & la fille d’un certain Valesius étoient attaqués d’une maladie désespérée ; leur pere pria ses dieux lares de détourner sur lui-même la mort qui menaçoit ses enfans. Il lui fut répondu qu’il obtiendroit le rétablissement de leur santé, si en suivant le cours du Tibre, il les conduisoit jusqu’à Térente. Il prit un verre, puisa de l’eau dans le