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un degré supérieur l’élevation, la force, la précision, l’harmonie, le nombre, le feu, l’enthousiasme, & tout ce qui constitue essentiellement la poësie. S’il a quelquefois des écarts difficiles à justifier, on lui en reproche beaucoup d’autres sans fondement.

Quand il loue le pere de son héros, sa famille, sa patrie, les dieux qui y sont particulierement honorés, il ne fait que développer la formule dont on se servoit pour proclamer le vainqueur. L’autre reproche qu’on lui fait d’avoir employé des termes bas en notre langue, attaque également tous les anciens, & est d’autant plus mal fondé, que des termes bannis de notre poésie, peuvent être employés avec élégance dans la poésie greque & latine ; enfin quant à l’obscurité dont on accuse Pindare, je réponds que l’espece d’obscurité qui procede du tour de phrase & de la construction des mots, n’est pas un objet de notre compétence. Nous sommes encore moins juges de l’obscurité qui naît de l’ignorance des coutumes & des généalogies. Au reste tout ce qui regarde le caractere de Pindare, que nous avons déja tracé en parlant des poëtes lyriques, a été savamment discuté dans les belles traductions françoises des odes de ce poëte, par M M. les abbés Massieu, Fraguier & Sallier.

Cébès philosophe pythagoricien, né à Thebes, étoit le disciple de Socrate, dont il est parlé dans le Phédon de Platon. Nous avons sous le nom de ce Cébès une table, tableau, ou dialogue moral sur la naissance, la vie, & la mort des hommes. Cet ouvrage supérieur en ce genre à plusieurs traités des anciens, a exercé la critique de Saumaise, de Casaubon, de Wolfius, de Samuel Petit, de Relandus, de Fabricius, & de plusieurs autres savans. Il a été traduit dans toutes les langues ; M. Gronovius en a publié la meilleure édition à Amsterdam, en 1689, in-8°. sur un manuscrit de la bibliotheque du roi. Cependant ce dialogue moral tel que nous l’avons, ne peut pas être du pythagoricien Cébès ; les raisons solides qu’en apporte M. Sévin, dans les mém. de Littérat. tome III. page 137. sont, 1°. qu’on y trouve des choses postérieures à Cébès ; 2°. qu’on y condamne des philosophes inconnus de son tems ; 3°. que l’auteur ne suit pas les idées de la secte pythagoricienne, dont Cébès faisoit profession ; 4°. qu’il n’a point écrit dans le dialecte en usage chez les philosophes de cette même secte ; 5°. qu’il n’est pas croyable qu’un ouvrage comme celui-là, eût été enseveli dans l’oubli pendant plus de cinq siecles ; car il est certain que personne ne l’a cité avant Lucien ; & certes il ne paroît pas beaucoup plus ancien que cet auteur.

Clitomaque, athlete célebre par sa pudeur, & par les prix qu’il remporta à tous les jeux de la Grece, étoit de Thebes en Béotie. Voyez son éloge dans Pausanias & dans Ælien. Cratès, disciple de Diogene, le mari de la belle Hipparchie, étoit aussi de Thebes en Béotie. Son article a déjà été fait ailleurs.

Après avoir parlé de Thebes en Egypte, & de Thebes en Béotie, il ne me reste plus qu’à dire un mot des autres villes qui ont porté ce nom.

3°. Thebæ, ville de la Macédoine, dans la Phthiotide ; c’est pourquoi elle est appellée Thebæ-Phthiotidis, Thebæ-Phthiæ, Thebæ-Phthioticæ, ou Thebæ-Thessaliæ par les Géographes & les Historiens ; Strabon met cette ville vers les confins de la Phthiotide, du côté du septentrion. Il est certain qu’elle étoit sur la côte de la mer ; car ses habitans se plaignent dans Tite-Live, l. XXXIX. c. xxv. de ce que Philippe de Macédoine leur avoit ôté leur commerce maritime. Ce prince établit une colonie dans cette ville, dont il changea le nom en celui de Philippopolis.

4°. Thebæ-Lucanæ, ville d’Italie dans la Lucanie ; elle ne subsistoit déjà plus du tems de Pline.

5°. Thebæ-Corcicæ, nom que Pline, l. IV. c. iij.

donne à la ville de Thebes, capitale de la Béotie. Elle ne porta cette épithete que dans le tems que les habitans de la ville Corceia y eurent été transférés.

6°. Thebæ, ville de l’Asie mineure dans la Cilicie, près de Troie ; il paroît que cette ville est la même que celle d’Adramyste.

7°. Thebæ, ville de l’Asie mineure dans l’Ionie, au voisinage de Milet, selon Etienne le géographe.

8°. Thebæ, ville de l’Attique, selon le même géographe ; il paroît qu’il y avoit aussi un bourg dans l’Attique de ce nom ; mais on en ignore la tribu.

9°. Thebæ, ville dans la Cataonie, selon Etienne le géographe, qui met encore une autre Thebæ en Syrie.

10°. Thebæ, nom d’une colline milliaire en Italie, dans le pays des Sabins, sur la voie Salarienne, au voisinage de Réate. (Le chevalier de Jaucourt.)

THEBAIDE, (Géog. anc.) grande contrée de l’Egypte, vers l’Ethiopie ; elle n’a pas toujours eu les mêmes bornes ; Ptolomée, l. IV. c. v. la marque au midi des nomes Heptanomides Oasites. Cette contrée est appelée Thébaïde par Strabon, l. XVII. et par Pline, l. V. c. jx. Le premier, en parlant de la ville de Ptolémaïde d’Egypte, dit que c’est la plus grande des villes de Thébaïde, & le second dit que la haute Egypte avoit donné son nom à cette contrée, qui s’étendoit des deux côtés du Nil, depuis le nome Heptanomide, jusqu’à l’Ethiopie. Ainsi elle étoit divisée en deux parties ; l’une à la droite du Nil, l’autre à gauche. Cette derniere renfermoit les nomes que Ptolomée place à l’occident du fleuve, et l’autre comprenoit les nomes que le même auteur met à l’orient.

Les nomes de Thébaïde, que Ptolomée met à l’occident du Nil, sont, le nome Lycopolite, le nome Hypsélite, le nome Aphroditopolite, le nome Thinite, le nome Diospolite, le nome Téatyrite, & le nome Hermontite. Les nomes de la Thébaïde à l’orient du Nil, sont le nome Antæopolite, le nome Panopolite, le nome Coptite, & le nome de Thebes.

Dans la premiere division de l’empire, la Thébaïde fut comprise sous l’Egypte. Du tems d’Ammien Marcellin, liv. XXII. qui a écrit dans le quatrieme siecle, & qui vivoit sous les empereurs Valentinien & Valence ; la Thébaïde faisoit une des trois provinces, dont l’Egypte étoit composée ; mais dans la notice de Léon le sage, elle est partagée en deux provinces ; l’une appelée premiere Thébaïde, & l’autre seconde Thébaïde ; chacune contenoit plusieurs évéchés. Antinoé étoit la Métropole de la premiere Thébaïde, & Ptolémaïs de la seconde. Enfin, les solitaires qui se sont retirés dans cette contrée, l’ont rendue célebre ; le P. Coppin a décrit fort au long dans son voyage d’Egypte, les hermitages de ces premiers anachoretes ; ou pour mieux dire, les lieux qu’on imagine leur avoir servi de retraite. La Thébaïde a bien changé de face, depuis que les Turcs & les Arabes y exercent leur empire. Voyez Thébaïde, (Géog. mod.) (D. J.)

Thébaïde, (Géog. mod.) grande contrée d'Afrique, dans la haute Egypte ; elle s’étend depuis Fiousie, le long du Nil, jusqu’à la mer Rouge ; on la divise en haute & basse Thébaïde. Ce pays est serré par une chaîne de montagnes qui regnent le long du Nil, & au-delà desquelles sont les déserts qui s’étendent jusqu'à une autre chaîne de montagne le long de la mer Rouge. La Thébaïde est aujourd'hui la province la moins peuplée & la moins fertile de l’Egypte. On y compte deux béglierbeys : celui de Kerkoffy, situé vis-à-vis de Bénésouef, n’a que quarante villages, & ne produit que du blé, quelques légumes, du fenouil & du cumin ; le second est celui de Cossier ; il s’étend dans les deserts, & sur les côtes de la mer Rouge. Voilà deux pauvres gouverne-