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L’homme eu égard à son corps, a un double magnétisme ; une portion tire à soi les astres & s’en nourrit, de là la sagesse, les sens, les pensées ; une partie tire à soi les élémens & s’en répare, de-là la chair & le sang.

Le firmament est cette lumiere de nature qui influe naturellement sur l’homme.

Les astres ou les élémens qui sont esprits, n’ont point de qualité ; mais ils produisent tout ce qui a qualité.

Les maladies ne se guérissent point par les contraires ; il ne s’agit pas de chasser de l’homme des élémens. Il faut posséder des arcanes ; il faut avoir en sa disposition les astres ; il faut avoir appris par la chimie à les réduire de la matiere derniere à la matiere premiere.

Les astres n’ont ni froid ni chaud actuel.

L’esprit de Dieu habite au milieu de nos cœurs.

Nulle connoissance ne restera perpétuellement dans l’ame, que celle qui a été infuse au-dedans, & qui réside dans le sein de l’entendement. Cette connoissance essentielle n’est ni du sang, ni de la chair, ni de la lecture, ni de l’instruction, ni de la raison ; c’est une passion ; c’est un acte divin ; une impression de l’être infini sur l’être fini.

L’homme a possédé tous les avantages naturels & surnaturels ; mais ce caractere divin s’est obscurci par le péché. Purgez-vous du péché, & vous le recouvrerez en même proportion que vous vous purifierez.

La notion de toutes choses nous est congenere ; tout est dans l’intime de l’esprit : il faut dégager l’esprit des enveloppes du péché, & ses notions s’éclairciront.

L’esprit est revétu de toute science, mais il est accablé sous le corps auquel il s’unit ; mais il recouvre sa lumiere par les efforts qu’il fait contre ce poids.

Connoissons bien notre nature & notre esprit ; & ouvrons l’entrée à Dieu qui frappe à la porte de notre cœur.

De la connoissance de soi naît la connoissance de Dieu.

Il n’y aura que celui que Dieu instruira lui-même qui puisse s’élever à la vraie connoissance de l’univers. La philosophie des anciens est fausse ; tout ce qu’ils ont écrit de Dieu est vain.

Les saintes écritures sont la base de toute vraie philosophie ; elle part de Dieu & y retourne. La renaissance de l’homme est nécessaire à la perfection des arts : or il n’y a que le chrétien qui soit vraiment régénéré.

Celui qui se connoît, connoît implicitement tout en lui, & Dieu qui est au-dessus de l’homme, & les anges qui sont à côté de Dieu ; & le monde qui est au-dessous, & toutes les créatures qui le composent.

L’homme est la copule du monde. Il a été formé du limon de la terre, ou de l’essence très-subtile de la machine universelle, extraite & concentrée sous forme corporelle par le grand spagiriste.

L’homme par son corps représente le macrocosme sensible & temporel ; par son ame, le grand archetype. Lorsqu’il eut en lui les propriétés des animaux, des végétaux & des minéraux, le souffle de Dieu y surajouta l’ame.

Dieu est le centre & la circonférence, ou l’unité de tout ce qu’il a produit ; tout émane de Dieu ; il comprend, il pénetre tout. L’homme, à l’imitation de Dieu, est le centre & la circonférence, ou l’unité des créatures ; tout est relatif à lui, & verse sur lui ses propriétés.

L’homme contient toutes les créatures, & il reporte avec lui à la source éternelle tout ce qui en est primitivement émané.

Il y a dans l’homme deux esprits ; l’un du firma-

ment & sideré ; l’autre qui est le souffle du tout-puissant ou l’ame.

L’homme est un composé du corps mortel, de l’esprit sideré & de l’ame immortelle. L’ame est l’image de Dieu, & son domicile dans l’homme.

L’homme a deux peres ; l’un éternel, l’autre mortel : l’esprit de Dieu & l’univers.

Il n’y a point de membre dans l’homme qui ne corresponde à un élément, une planete, une intelligence, une mesure, une raison dans l’archetype.

L’homme tient des élémens le corps visible, enveloppe & séjour de l’ame ; du ciel ou du firmament, le corps invisible, véhicule de l’ame, son lien avec le corps visible.

L’ame passe par le moyen du corps invisible, en conséquence de l’ordre de Dieu, à l’aide des intelligences, au centre du cœur, d’où elle se répand dans toutes les autres parties du corps.

Ce corps éthéré & subtil, participe de la nature du ciel ; il imite dans son cours celui du firmament ; il en attire à lui les influences. Ainsi les cieux versent sur l’homme leurs propriétés, l’en pénetrent, & lui communiquent la faculté de connoître tout.

Il y a trinité & unité dans l’homme, ainsi que dans Dieu ; l’homme est un en personne ; il est triple en essence : il y a le soufle de Dieu ou l’ame, l’esprit sideré & le corps.

Il y a aussi trois cieux dans l’homme ; il correspond à trois mondes, ou plutôt il est le modele le plus parfait du grand œuvre, ou de la complexion générale des choses.

Citoyen de trois mondes, il communique avec l’archetipe, avec les anges, avec les élémens.

Il communique avec Dieu par le soufle qu’il en a reçu. Ce soufle y a laissé le germe de son origine ; aussi n’y a-t-il rien en l’homme qui n’ait un caractere divin.

Il communique avec les anges par le corps invisible ; c’est le lieu de son commerce possible entre eux & lui.

Il communique avec l’univers par son corps visible. Il a les images des élémens ; les élémens ne changent point. La conformité des images que l’homme en a est inaltérable : c’est ainsi que la notion qu’il a des végétaux & des minéraux est fixe.

Le corps sideré est le génie de l’homme, son lare domestique, son bon démon, son adech interne, son évestre, l’origine de pressentiment, la source de la prophétie.

En tout l’astre, le corps invisible ou l’esprit, quoique privé de raison, agit en imaginant & en informant : c’est la même chose dans l’homme.

L’imagination est corporelle ; cependant exaltée, échauffée par la foi, elle est la base de la magie. Elle peut sans nuire à l’esprit astral, engendrer, produire des corps visibles ; & présente ou absente, exécuter des choses au-dessus de l’intelligence humaine. Voilà l’origine de la magie naturelle, qui veut être aidée par l’art ; elle peut faire invisiblement tout ce que la nature fait visiblement.

L’homme est la quintescence du macrocosme ; il peut donc imiter le ciel, il peut même le dominer & le conduire Tout est soumis au mouvement, à l’énergie, au desir de son ame. C’est la force de l’archetype qui réside en nous, qui nous éleve à lui, & qui nous assujettit la créature & la chaîne des choses célestes.

La foi naturelle infuse nous assimile aux esprits ; c’est le principe des opérations magiques, de l’énergie de l’imagination & de toutes ses merveilles.

L’imagination n’a de l’efficacité que par l’effet de sa force attractive sur la chose conçue. Il faut que cette force soit d’abord en exercice : il faut qu’elle se féconde, par la production d’un spectre imité de la