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régénerent ; ils ont leurs semences propres qu’ils produisent & qu’ils excitent de l’eau.

Les lieux ont un ordre, une raison assignée par la Divinité, & destinée à la production de certains effets.

L’eau est l’unique cause matérielle des choses ; elle a en elle la qualité initiante ; elle est pure ; elle est simple ; elle est résoluble, & tous les corps peuvent s’y réduire comme à une matiere derniere.

Le feu a été destiné à détruire, & non à engendrer ; son origine n’est point séminale, mais particuliere ; il est entre les choses créées, un être un, singulier & incomparable.

Entre les causes efficientes en nature, les unes sont efficiemment efficientes ; les autres effectivement ; les semences & leurs esprits ordinateurs, composent la premiere classe ; les réservoirs & les organes immédiats des semences, les fermens qui disposent extérieurement de la matiere, les palingénésies composent la seconde.

Le but de tout agent naturel est de disposer la matiere qui lui est soumise, à une fin qui lui est connue, & qui est déterminée, du-moins quant à la génération.

Quelque opaques & dures que soient les choses, elles avoient avant cette solidité que nous leur remarquons, une vapeur qui fécondoit la semence, & qui y traçoit les premiers linéamens déliés & subtils de la génération conséquente. Cette vapeur ne se sépare point de l’engendré ; elle le suit jusqu’à ce qu’il disparoisse de la scene ; cette cause efficiente intérieure est l’archée.

Ce qui constitue l’archée, c’est l’union de l’aure séminale, comme matiere, avec l’image séminale, ou le noyau spirituel intérieur qui fait & contient le principe de la fécondité de la semence ; la semence visible n’est que la silique de l’archée.

L’archée auteur & promoteur de la génération, se revétit promptement lui-même d’une enveloppe corporelle : dans les êtres animés, il se meut dans les replis de sa semence ; il en parcourt tous les détours & toutes les cavités secretes ; il commence à transformer la matiere, selon l’entéléchie de son image, & il reste le dispositeur, le maître, & l’ordinateur interne des effets, jusqu’à la destruction derniere.

Une conclusion forme une opinion, & non une démonstration.

Il préexiste nécessairement en nous la connoissance de la convenance des termes comparés dans le syllogisme avant la conclusion ; en sorte qu’en général je savois d’avance ce qui est contenu dans la conclusion, & ce qu’elle ne fait qu’énoncer, éclaircir, & développer.

La connoissance que nous recevons par la démonstration, étoit antérieurement en nous ; le syllogisme la rend seulement plus distincte, mais le doute n’est jamais entierement dissipé ; parce que la conclusion suit le côté foible des prémisses.

La science est dans l’entendement comme un feu sous la cendre, qu’il peut écarter de lui-même, sans le secours des modes & des formes syllogistiques.

La connoissance de la conclusion n’est pas renfermée nécessairement dans les prémisses.

Le syllogisme ne conduit point à l’invention des Sciences ; il dissipe seulement les ténebres qui les couvrent.

Les vraies sciences sont indémontrables ; elles n’émanent point de la démonstration.

La méthode des Logiciens n’est qu’un simple resumé de ce qu’on sait.

Le but de cette méthode se termine donc à transmettre son opinion d’une maniere claire & distincte à celui qui nous écoute, & à réveiller facilement en

lui la réminiscence, par la force de la connexion.

Il n’y a qu’ignorance & erreur dans la physique d’Aristote & de Galien ; il faut recourir à des principes plus solides.

Le ciel, la terre, & l’eau, ont été dans le commencement la matiere créée de tous les êtres futurs ; le ciel contenoit l’eau & la vapeur fécondante ou l’ame.

Il ne faut pas compter le feu parmi les élémens ; on ne voit point qu’il ait été créé.

La terre n’est point une partie du mixte ; elle n’est point la mere, mais la matrice des corps.

L’air & l’eau ne convertissent rien en eux.

Au commencement la terre étoit continue, indivisée ; une seule source l’arrosoit ; elle fut séparée en portions diverses par le déluge.

L’air & l’eau ne se convertissent point l’un en l’autre.

Le globe, composé d’eau & de terre, est rond ; il va d’orient en orient par l’occident ; il est rond dans le sens de son mouvement, elliptique d’ailleurs.

Le gas & le blas sont deux rudimens physiques que les anciens n’ont point connus ; le gas est une exhalaison de l’eau, élevée par le froid du mercure, & atténuée de plus en plus par la dessiccation du soufre ; le blas est le mouvement local & alternatif des étoiles : voilà les deux causes initiantes des météores.

L’air est parsemé de vuides ; on en donne la démonstration méchanique par le feu.

Quoique les porosités de l’air soient actuellement vuides de toute matiere, il y a cependant un être créé & réel ; ce n’est pas un lieu pur ; mais quelque chose de moyen entre l’esprit & la matiere, qui n’est ni accident ni substance, un neutre, je l’appelle magnale.

Le magnale n’est point lumiere, c’est une certaine forme unie à l’air, les mélanges sont des produits matériels de l’eau seule, il n’y a point d’autre élément : ôtez la semence, & le mercure se résoudra en une eau insipide ; les semences, parties similaires des concrets, se résolvent en sel, en soufre, & en mercure.

Le ferment qui empreint de semence la masse, n’éprouve aucune vicissitude séminale.

Il y a deux sortes de fermens dans la nature ; l’un contient en lui-même l’aure fluante, l’archée séminal qui tend dans son progrès à l’état d’ame vivante ; l’autre est le principe initiant du mouvement ou de la génération d’une chose dans une chose.

Celui qui a tout fait de rien, crée encore la voie, l’origine, la vie & la perfection en tout : l’effet des causes secondes n’est que partiel.

Dieu créa les hommes de rien.

Dieu est l’essence vraie, parfaite & actuelle de tout. Les essences des choses sont des choses, ce n’est pas Dieu.

Lorsque la génération commence, l’archée n’est pas lumineux ; c’est une aure où la forme, la vie, l’ame sensitive du générateur est obscure, jusqu’à ce que dans le progrès de la génération il s’éclaire & imprime à la chose une image distincte de son éclat.

Cette aure tend par tous les moyens possibles à organiser le corps & à lui transmettre sa lumiere & toutes les qualités qui en dépendent ; elle s’enflamme de plus en plus ; elle se porte avec ardeur sur le corps ; elle cherche à l’informer & à le vivifier : mais cet effet n’a lieu que par le concours de celui qui est la vie, la vérité & la lumiere.

Lorsqu’un être a conçu l’archée, il est en lui le gardien de la vie, le promoteur des transmutations depuis la premiere jusqu’à la derniere.

Il y a de la convenance entre les archées, par leur qualité vitale commune & par leur éclat ; mais ils ne se reçoivent point réciproquement, ils ne se troublent point dans leur ordre & leur district.