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parmi les Tectosages, le quartier de Narbonne & le Roussillon.

Les Tectosages étoient célebres dans les armes, 250 ans avant la naissance de J. C. Lorsque les Gaulois, dit Tite-Live, jetterent la terreur dans toute l’Asie, jusque vers le mont Taurus, les plus fameux d’entr’eux, qu’on appelloit les Tectosages, pénétrant plus avant, s’étendirent jusqu’au fleuve Halys, à une journée d’Angora, qui est l’ancienne ville d’Ancyre, où ils s’établirent. Quand Manlius, consul romain, eut défait une partie des Gaulois, au mont Olympe, il vint attaquer les Tectosages à Ancyre, dont Pline leur attribue la fondation ; mais ils n’avoient fait que rétablir cette ville, puisque long-tems avant leur venue en Asie, Alexandre-le-grand y avoit donné audience aux députés de la Paphlagonie. Il est surprenant que Strabon qui étoit d’Amasia, n’ait parlé d’Ancyre que comme d’un château des Gaulois. Tite-Live lui rend plus de justice, il l’appelle une ville illustre.

Nous voyons encore dans l’histoire des Tectosages en Germanie, aux environs de la forêt Hercynienne. César dit que ces Tectosages de la Germanie étoient sortis des Volcoe-Tectosages, de la Gaule narbonnoise. Rhenanus croit qu’ils habitoient sur la rive droite du Necker, & que l’ancien château de Teck conserve encore une partie de leur nom.

Les Tectosages qui resterent dans leur patrie, furent toujours considerés, jusqu’à la prise de Toulouse, par Servilius Cépion, cent six ans avant l’ere chrétienne. Ils avoient amassé des trésors immenses, que ce capitaine romain pilla & emporta ; mais la peste l’empêcha, lui & les siens, d’en profiter. (D. J.)

TECTUM DISPLUVIATUM, (Archit. rom.) un toît en croupe ; il y avoit chez les Romains deux sortes de toîts, l’un appellé displuviatum, lorsque le faitage allant d’un pignon à l’autre, l’eau étoit jettée à droite & à gauche ; l’autre toît se nommoit testudinatum, par le moyen duquel l’eau tomboit de quatre côtés. Les premiers sont encore appellés pectinata, parce que les chevrons qui descendent du faitage sur l’entablement, avoient la forme d’un peigne. (D. J.)

TÉCUITLES, s. m. pl. (Hist. mod.) c’est ainsi que les Mexiquains nommoient ceux qui avoient été reçus dans une espece d’ordre de chevalerie, où l’on n’étoit admis qu’après un noviciat très-rude & très bizarre. Cet honneur ne s’accordoit pourtant qu’aux fils des principaux seigneurs de l’empire. Le jour de la réception, le récipiendaire accompagné de ses parens & des anciens chevaliers se rendoit au temple ; après s’être mis à genoux devant l’autel, un prêtre lui perçoit le nez avec un os pointu ou avec un ongle d’aigle ; cette douloureuse cérémonie étoit suivie d’un discours dans lequel le prêtre ne lui épargnoit point les injures ; il finissoit par lui faire toute sorte d’outrages, & par le dépouiller de ses habits. Pendant tout ce tems, les anciens chevaliers faisoient un festin pompeux aux dépens du récipiendaire, auquel on affectoit de ne faire aucune attention ; le repas étant fini, les prêtres lui apportoient un peu de paille pour se coucher, un manteau pour se couvrir, de la teinture pour se frotter le corps, & des poinçons pour se percer les oreilles, les bras & les jambes. On ne lui laissoit pour compagnie que trois vieux soldats chargés de troubler sans cesse son sommeil pendant quatre jours, ce qu’ils faisoient en le piquant avec des poinçons, aussitôt qu’il paroissoit s’assoupir. Au milieu de la nuit il devoit encenser les idoles, & leur offrir quelques gouttes de son sang, ce qui étoit suivi de quelques autres cérémonies superstitieuses. Les plus courageux ne prenoient aucune nourriture pendant ces quatre jours ; les autres ne mangeoient qu’un peu de maïz, & ne buvoient qu’un verre d’eau. Au bout de ce tems le récipiendaire prenoit congé des prêtres, pour aller renouveller dans les autres tem-

ples des exercices moins rudes à la vérité, mais qui

duroient pendant un an ; alors on le remenoit au premier temple où on lui donnoit des habits somptueux ; le prêtre lui faisoit un grand discours rempli des éloges de son courage ; il lui recommandoit la défense de la religion & de la patrie, & la fête se terminoit par des festins & des réjouissances. Les Técuiltes se mettoient de l’or, des perles ou des pierres prétieuses dans les trous qu’on leur avoit faits au nez, ce qui étoit la marque de leur éminente dignité.

TECULET, (Géog. mod.) ville d’Afrique, dans la province de Héa, au royaume de Maroc, proche de l’embouchure de la Diure, où elle a un petit port. Les maisons n’y sont que de terre. Long. 8. 32. latit. 30. 43. (D. J.)

TEDANIUS, (Géog. anc.) fleuve de l’Illyrie, selon Pline, l. III. c. xxj. & Ptolomée, t. II. c. xvij. Ce fleuve formoit la borne de la Japygie. Son nom moderne est Zamagna. (D. J.)

TEDELEZ, (Géog. mod.) ville d’Afrique, au royaume de Tremeçen, sur la côte de la Méditerranée, à dix lieues d’Alger. La côte des environs est extrèmement poissonneuse. Long. 21. 48. latit. 34. 5.

TE-DEUM, s. m. (Hist. des rits ecclésiast.) on appelle de ce nom un cantique d’usage dans l’église catholique. Il est ainsi nommé, parce qu’il se dit ordinairement à la fin des matines, les jours qui ne sont point simples fériés, ni dimanches de carême & d’avent ; on attribue ce cantique à S. Ambroise ou à S. Augustin. Au commencement du xj. siecle, on se plaignit dans un concile que les moines chantoient le te Deum pendant l’avent & le carême, contre l’usage de l’église romaine ; mais ils répondirent qu’ils le faisoient suivant la regle de S. Benoît approuvée par S. Grégoire, & on les laissa dans leur usage.

Loisel, dans son dialogue des avocats, fait mention d’une fameuse cause qui fut plaidée au parlement de Paris par Mrs Boulard & Desombres, & que l’on nomma la cause du te Deum laudamus. Voici le fait tel qu’il est raconté par l’auteur. Un chanoine de Chartres avoit ordonné par son testament qu’on chantât le te Deum en l’église au jour & heure de son enterrement, ce que l’évêque Guillard trouva non seulement nouveau, mais si scandaleux, qu’il lui refusa ce qu’il avoit desiré, ajoutant que c’étoit une hymne de louange & de réjouissance non convenable au service des trépassés. L’avocat du mort soutenoit au contraire qu’il n’y avoit rien que de bon & de pieux dans cette hymne, & pour le prouver, il parcourut tous les versets dont elle est composée, avec de belles recherches & interprétations dont il les orna ; enfin il justifia qu’il contenoit même une priere formelle pour les morts, en ces mots : te ergo quoesumus, famulis tuis subveni, quos pretioso sanguine redemisti. Æternâ fac cum sanctis tuis in gloriâ numerari. Bref, la cause fut si bien plaidée, que le testament & le te Deum ordonné par icelui furent confirmés par arrêt qu’on baptisa du nom de te Deum laudamus.

Le te Deum se chante encore extraordinairement en pompe & en cérémonie, pour rendre publiquement graces à Dieu d’une victoire remportée par terre ou par mer ; C’est ce qui fit dire à une dame d’esprit du dernier siecle, que le te Deum des rois étoit le de profundis des particuliers. Un poëte écrivoit dans le même tems à ce sujet :

J’ai vu les nations avides de carnage.
En faire un métier glorieux,
Et des tristes effets de leur funeste rage,
Aller pompeusement rendre graces aux dieux.

(D. J.)

TEDIUM, (Géog. anc.) ville de l’Arabie déserte, au voisinage de la Mésopotamie, près d’Oragana