Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 16.djvu/336

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

yeux ; mais le lieu même de la scène est imaginaire. Les Géographes ne connoissent ni la ville de Meydur, ni le royaume de Brama ; tout ce qu’on sait de cette partie de l’Asie où les Européens n’ont pas encore pénétré, c’est qu’aux extrémités des royaumes d’Ava & de Pégu, il y a un peuple nommé les Bramas, qui sont doux, humains, ayant cependant quelques lois semblables à celles du Japon ; c’est à-peu-près tout ce que nous apprend de ce pays le voyage des peres Espagnac & Duchalz, jésuites. (D. J.)

TINCHEBRAY, (Géog. mod.) petite ville de France, dans la basse Normandie, au diocèse de Bayeux, entre Vire, Domfront, & Condé. Elle a deux paroisses : son territoire donne des grains & des paturages. (D. J.)

TINCONTIUM ou TINCONCIUM, (Géog. mod.) ville de la Gaule lyonnoise. Elle est marquée dans l’itinéraire d’Antonin, sur la route de Bourdeaux à Autun, entre Avaricum & Deccidæ, à vingt milles du premier de ces lieux, & à vingt-deux milles du second. (D. J.)

TINCTORIA ARBOR, (Bot. exot.) arbre étranger, ainsi nommé par J. B. Il est de la taille de nos chênes, croît dans le royaume de Jenago en Ethiopie, & porte un fruit semblable à la datte, dont on tire une huile qui donne à l’eau avec laquelle on la mêle, la couleur du safran ; les habitans en teignent leurs chapeaux, qui sont tissus de paille & de jonc ; mais ils l’emploient sur-tout pour assaisonner leur riz & leurs autres alimens. Ray, hist. plant. (D. J.)

TINE, s. f. terme de Tonnelier, en latin tina dans Varron, petit vaisseau en forme de cuve, dont on se sert en plusieurs lieux pour porter les vendanges de la vigne au pressoir ; on l’appelle autrement tinette. Voyez ce mot. (D. J.)

Tine, (Géog. mod.) île de l’Archipel, & l’une des Cyclades, au midi oriental d’Andros, au couchant de l’île de Nicaria, au nord de l’île de Nicone, & à l’Orient de l’île Jura.

Cette île fut anciennement nommée Tenos, suivant Etienne le géographe, d’un certain Tenos qui la peupla le premier. Hérodote, liv. VIII. nous apprend qu’elle fit partie de l’empire des Cyclades, que les Naxiotes possederent dans les premiers tems. Il est parlé des Téniens parmi les peuples de Grece, qui avoient fourni des troupes à la bataille de Platée, où Mardonius, général des Perses, fut défait ; & les noms de tous ces peuples furent gravés sur la droite d’une base de la statue de Jupiter regardant l’orient.

A voir l’inscription rapportée par Pausanias, il semble que les peuples de cette île fussent alors plus puissans ou aussi puissans que ceux de la nation : néanmoins ceux de Tenos, les Andriens, & la plûpart des autres insulaires, dont les intérêts étoient communs, effrayés de la puissance formidable des Orientaux, se tournerent de leur côté. Xerxès se servit d’eux & des peuples de l’île Eubée, pour réparer les pertes qu’il faisoit dans ses armées.

Les forces maritimes des Téniens, sont marquées sur une médaille fort ancienne, frappée à la tête de Neptune, révéré particulierement dans cette île ; le revers représente le trident de ce dieu accompagné de deux dauphins. Goltzius a fait aussi mention de deux médailles de Tenos au même type. Tristan parle d’une médaille d’argent des Téniens, à la tête de Neptune, avec un trident au revers.

Le bourg de San-Nicolo, bâti sur les ruines de l’ancienne ville de Tenos, au-lieu de port, n’a qu’une méchante plage qui regarde le sud, & d’où l’on découvre l’île de Syra au sud-sud-ouest. Quoi qu’il n’y ait dans ce bourg qu’environ cent cinquante maisons, on ne peut pas douter par le nom de Polis qu’il porte encore, & par les médailles & les marbres antiques qu’on y trouve en travaillant la terre, que ce

ne soient les débris de la capitale de l’île. Strabon assure que cette ville n’étoit pas grande, mais qu’il y avoit un fort beau temple de Neptune dans un bois voisin, où l’on venoit célébrer les fêtes de cette divinité, & où l’on étoit régalé dans des appartemens magnifiques ; ce temple avoit un asyle, dont Tibere regla les droits, de même que ceux des plus fameux temples de la mer Egée.

A l’égard de Neptune, Philocore, cité par Clément d’Alexandrie, rapporte qu’il étoit honoré dans Tenos comme un grand médecin, & que cela se confirme par quelques médailles : il y en a une chez le Roi, dont Tristan & Patin font mention. La tête est d’Alexandre Sévere ; au revers est un trident, autour duquel est tortillé un serpent, symbole de la Médecine chez les anciens : d’ailleurs cette île avoit été appellée l’île aux serpens.

Elle a soixante milles de tour, & s’étend du nord-nord-ouest au sud-sud-est. Elle est pleine de montagnes pelées, & elle ne laisse pas d’être la mieux cultivée de l’Archipel. Tous les fruits y sont excellens, melons, figues, raisins ; la vigne y vient admirablement bien, & c’est sans doute depuis long-tems, puisque M. Vaillant fait mention d’une médaille frappée à sa légende, sur le revers de laquelle est représenté Bacchus tenant un raisin de la main droite, & un thyrse de la gauche ; la tête est d’Antonin Pie. La médaille que M. Spon acheta dans la même île est plus ancienne ; d’un côté c’est la tête de Jupiter Hammon, & de l’autre une grappe de raisin.

Tine est la seule conquête qui soit restée aux Vénitiens, de toutes celles qu’ils firent sous les empereurs latins de Constantinople. André Cizi se rendit maître de Tine vers l’an 1209, & la république en a toujours joui depuis, malgré toutes les tentatives des Turcs. Peu s’en fallut que Barberousse II. du nom, dit Chereddin, capitan bacha, qui soumit en 1537 presque tout l’Archipel à Soliman II. ne s’emparât aussi de Tine.

Quoique les Vénitiens n’aient pas des troupes reglées dans cette île, on y pourroit cependant, en cas d’allarmes, rassembler trois ou quatre mille hommes de milice. Le provéditeur de ce lieu ne retire néanmoins qu’environ deux mille écus de son gouvernement. Les femmes des bourgeois & contadins, comme on parle dans le pays, sont vêtues à la vénitienne ; les autres ont un habit approchant de celui des Candiotes. Latit. de San-Nicolo, 37. (D. J.)

Tine, (Géogr. mod.) petite ville de la Turquie européenne, dans la Bosnie, à quatorze lieues au nord-est de Sébénico. Long. 24. 45. latit. 44. 27. (D. J.)

Tine, la, ou la Tyne, (Géogr. anc.) en latin Tina, riviere d’Angleterre. Elle sépare une partie de la province de Durham de celle de Northumberland, & se jette dans la mer du Nord, à Tinmouth : cette riviere sert à un prodigieux négoce de charbon. (D. J.)

TINEL, s. m. (Droit coutumier.) vieux mot du Droit coutumier, qui signifioit le droit qui est dû pour la place que chacun occupe dans le marché. (D. J.)

Tinel, (Langue françoise.) en latin tinello ; ce mot qui n’est plus d’usage signifioit autrefois dans la cour d’un prince, la salle basse où mangeoient ses officiers, ou de grands seigneurs de sa cour. L’historien de Dauphiné, M. de Valbonnais, dit : le portier de l’hôtel (des dauphins), avoit cinq florins de gage ; il étoit chargé de faire nettoyer les cours & la salle du grand commun, appellée le tinel ; il avoit soin d’y faire mettre des bancs, des chaises, & tous les meubles nécessaires ; mais il en pouvoit prendre à la fourriere lorsqu’il en manquoit ; il dressoit les tables, & l’officier de panneterie mettoit le cou-