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étang ; ils viennent à la surface de l’eau couchés sur le côté, comme s’ils étoient morts, ensorte qu’on peut les prendre à la main ; mais on les fait bientôt revenir en les changeant d’eau.

Le petit titimale à feuilles d’amandier, tithymalus amigdaloïdes, angusti-folius, I. R. H. 86, a la racine d’un rouge brun en-dehors, blanche en-dedans, amere, âcre. Elle pousse plusieurs tiges à la hauteur d’environ un demi-pié, quelquefois d’un pié, grêles, garnies de beaucoup de feuilles longuettes, étroites, d’un verd de mer, d’un goût styptique, âcre & amer. Ses fleurs naissent aux sommets des tiges & des rameaux comme en parasol, composées chacune de quatre feuilles jaunes couleur d’herbe. Quand cette fleur est passée, il lui succede un fruit verdâtre, lisse, divisé en trois loges, dans chacune desquelles se trouve une graine roussâtre, bossue, applatie du côté qu’elle touche aux cloisons des loges.

Les pharmacologistes ont fait encore beaucoup d’especes de titimales dans la liste des remedes ; toutes ces especes possedent les mêmes propriétés médicinales. On a principalement employé leurs semences & leur racine pour l’usage intérieur. Les semences avalées entieres & les racines séchées & mises en poudre sont des purgatifs très-violens que les médecins n’ordonnent presque plus, même dans les hydropisies où le relâchement est le plus évident & le plus extrème. La poudre de racine de titimale n’est plus qu’un remede de charlatan, & les semences un remede de paysan, qui ne réussit même que chez les plus vigoureux.

C’est principalement de l’espece de titimale appellée épurge ou catapuce que les paysans prennent la semence ; & c’est l’ésule principalement dont la racine est usitée. C’est un ancien usage en pharmacie que de faire subir à cette racine ce qu’on appelle une préparation. Cette préparation consiste à en prendre l’écorce moyenne, à la faire macérer pendant vingt-quatre heures dans du fort vinaigre, & à la faire sécher ensuite. On se propose par cette opération de corriger ou de châtrer la trop grande activité de ce remede, & on y réussit en effet, & même selon quelques auteurs, jusqu’au point de la trop affoiblir. La dose de racine d’ésule préparée est, selon les auteurs de matiere médicale, depuis un scrupule jusqu’à un gros en substance. Il est très-vraissemblable que la racine d’ésule même préparée est toujours un remede infidele & suspect.

Au reste la racine qu’on trouve dans les boutiques sous le nom de racine d’ésule, n’est pas toujours tirée de l’une ou de l’autre espece de titimale qui porte ce nom, savoir de la grande ou de la petite ésule. Les Apoticaires prennent indifféremment & gardent sous ce nom la racine de plusieurs autres especes de titimale, & ce n’est pas là une infidélité blamable, puisque les meilleurs juges en cette matiere assurent que toutes ces plantes ont les mêmes vertus. Tournefort, Geoffroi & le rédacteur du catalogue des remedes simples, qui est à la tête de la pharmacopée de Paris, sont de ce sentiment. (b)

TITIMALOIDES, s. m. (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleur monopétale, qui a une espece de talon, & dont le pistil devient dans la suite un fruit semblable à celui du titimale. Voyez Titimale. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

TITIAS, s. m. (Mythol.) un des héros de l’île de Crete que l’on disoit fils de Jupiter. Le bonheur constant qu’il éprouva, le fit regarder comme un dieu, & lui valut après sa mort les honneurs divins ; on crut devoir l’invoquer pour obtenir une heureuse vie ; mais apparemment qu’il n’exauça personne, car son culte ne fut pas de longue durée. (D. J.)

TITIENS, s. m. pl. (Antiq. rom.) il y avoit à Rome un college de prêtres nommés les confreres ti-

tiens, titii sodales, dont les fonctions étoient de faire

les sacrifices & les cérémonies des Sabins. Tacite, dans ses annales, dit qu’ils furent établis par Romulus pour honorer la mémoire du roi Tatius dont le surnom étoit Titus. (D. J.)

TITILLATOIN, s. f. (Economie anim.) état d’un nerf tendu ; de façon que s’il l’étoit davantage, on auroit de la douleur. Ce que nous sentons, lorsqu’on nous chatouille les levres, ou le nez avec la barbe d’une plume, n’est pas de la douleur ; cependant ce sentiment ne peut être supporté long-tems : ce qui excite ces secousses, ces convulsions, ces tremblemens dans les nerfs, n’est point non plus de la douleur.

TITIRI ou TITRI, s. m. (Hist. nat. Ichthiol.) poissons des îles Antilles, qu’on peut manger par centaine sur le bout de la fourchette : ils ne sont guere plus gros qu’une grosse épingle & plus petits de moitié. C’est ordinairement pendant la saison des pluies aux environs des pleines lunes, qu’on le trouve en si grande abondance à l’embouchure des petites rivieres peu profondes dont l’eau coule dans la mer, qu’il s’en fait une prodigieuse consommation dans tout le pays.

Cette espece n’est point particuliere ; c’est un mélange de plusieurs sortes de petits poissons de mer nouvellement éclos, qui cherchent un asyle dans les ruisseaux où les gros ne peuvent entrer ni les poursuivre. On peut bien penser que ce poisson ne se prend pas à l’hameçon. La maniere de le pêcher est d’étendre au fond de l’eau une grande nappe ou un drap blanc chargé de quelques pierres pour l’assujettir. Le titiri, attiré par la blancheur, se rassemble par milliers, & le drap en étant tout couvert, on l’enleve par les quatre coins, & on recommence cet exercice jusqu’à ce qu’on en ait rempli plusieurs petits baquets pleins d’eau qu’on a fait apporter exprès. Le titiri étant très-délicat, ne peut se garder long-tems. Il faut le manger tout-de-suite : la maniere de le préparer, est de commencer par le bien laver dans plusieurs eaux pour en séparer le sable dont il est toujours couvert ; on le fait cuire ensuite dans de l’eau avec du sel & des fines herbes, y ajoutant du beurre, si on se contente de le manger de cette façon. Autrement, après l’avoir retiré avec une écumoire, on le laisse s’égoutter, & on y fait une fausse liée : on peut encore le faire frire, en le saupoudrant de farine, ou bien en former des beignets, au moyen d’une pâte claire dont on rehausse le goût avec du jus de bigarade ou de citron.

Le titiri est blanc, gras, délicat & toujours très bon, à quelque sausse qu’on l’accommode. Les Européens qui passent aux Isles, en sont très-friands : ce poisson est appellé pisquet par les habitans de la Guadeloupe : cependant il ne faut pas le confondre avec le pisquet proprement dit, & connu sous ce nom dans toutes les îles françoises : celui-ci est une espece particuliere qui n’excede guere la grosseur des petits éperlans. Article de M. le Romain.

TITITL, s. m. (Calend. des Méxiq.) nom du seizieme des dix-huit mois de l’année des Méxiquains. Comme l’année de ces peuples commence au vingt-sixieme de Février, & que chaque mois est de vingt jours, le mois tititl doit commencer le vingt-troisieme Décembre. (D. J.)

TITIUM, Flumen, (Géog. anc.) fleuve de l’Illyrie. Pline, liv. III. ch. xxj. & xxij. fait entendre que ce fleuve se jettoit dans la mer à Sardona, & qu’il servoit de bornes entre la Liburnie & la Dalmatie. C’est le Titius dont Ptolomée, liv. II. ch. xvij. marque l’embouchure sur la côte entre Sadera Colonia & Scardona. (D. J.)

TITMONING, (Géog. mod.) ville d’Allemagne dans l’archevêché de Saltzbourg, proche de la ri-