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& les rochers sur lesquels elle se précipite, sont fort inégaux, divisés en plusieurs pointes qui laissent entr’elles des vuides, & comme des chemins tortus fort en pente, où l’eau convertie en écume, court avec rapidité. Il y a une autre cascade au-dessous du pont moins considérable que la premiere, & une troisieme encore plus petite ; la riviere semble se cacher tout-à-fait sous terre entre la seconde & la troisieme chute. On observe à la cascade de Tivoli, que l’eau qui tombe de haut sur les corps inégaux, se partage comme une pluie déliée, sur laquelle le soleil dardant ses rayons, fait paroître les couleurs de l’arc-en-ciel à ceux qui sont dans une certaine situation, & à une certaine distance.

A demi-lieue de Tivoli est un petit lac fort profond, qui n’a que quatre à cinq cens pas de circuit, & dont l’eau est soufrée. Au milieu de ce lac, on voit quelques petites îles flottantes ; toutes couvertes de roseaux. Ces îles flottantes viennent peut-être du limon raréfié par le soufre, qui surnageant & s’attachant à des herbages qui s’amassent dans ce marais, se grossit peu-à-peu de semblables matieres ; de sorte que ces îles étant composées d’une terre poreuse & mélée de soufre, cette terre se soutient de cette maniere, & produit des joncs de même que les autres terres marécageuses.

Mais les antiquités de Tivoli sont encore plus dignes de remarque. Cette ville, plus ancienne que Rome, étoit autrefois célebre par ses richesses, ses forces, & son commerce. Camille la soumit aux Romains l’an 403 de Rome. Sa situation qui lui donne un air frais, sa vue qui est la plus belle du monde ; enfin son terroir qui produit des vins excellens & des fruits délicieux ; tout cela, dis-je, engagea les Romains d’y bâtir des maisons de plaisance, entre lesquelles la plus fameuse étoit celle de l’empereur Adrien. Voyez Villa Hadriani. On a trouvé dans la place de Tivoli, entr’autres antiquités, deux belles statues d’un marbre granit choisi & rougeâtre, moucheté de grosses taches noires. Ces deux statues représentent la déesse Isis ; & vraissemblablement l’empereur Adrien les avoit tirées d’Egypte pour orner sa maison de plaisance.

En approchant de la ville, on remarque le Ponte-Lucano, quelques inscriptions de Plautius Sylvanus, consul romain, l’un des sept intendans du banquet des dieux, & à qui le sénat avoit accordé le triomphe pour les belles actions qu’il avoit faites dans l’Illyrie.

On trouve sur le chemin de Tivoli, entre les oliviers, plusieurs entrées de canaux, dont la montagne avoit été percée avec un travail inoui, pour porter aux maisons l’eau de fontaine qu’on tiroit de Subiaco ; il y a des canaux creusés dans la montagne, qui ont près de cinq piés de hauteur, sur trois de largeur.

Totila, roi des Goths en Italie, ayant défait les armées des Romains, livra la ville de Rome au pillage, & fit passer au fil de l’épée les habitans de Tivoli, l’an 545 de J. C. au rapport de Procope. Les guerres des Allemands désolerent aussi cette ville ; mais Fréderic Barberousse en fit relever les murailles, & l’agrandit. Le pape Pie II. y bâtit la forteresse dont j’ai parlé, & dont l’entrée porte l’inscription suivante, faite par Jean-Antoine Campanus.

Grata bonis, invisa malis, inimica superbis,
Sum tibi Tibur, enim sic Pius instituit.

Il ne faut pas s’étonner que tous les environs de Tivoli aient été décorés de maisons de plaisance, & qu’ils aient fait les délices de Rome chrétienne, comme ils firent autrefois celles de Rome payenne. Il est peu de lieu où l’on ait de meilleurs matériaux pour bâtir ; la pierre travertine ou le travertin, & la poussolane abondent dans le voisinage ; la terre y est

propre à faire des briques ; le mortier de poussolane, & la chaux de travertin, & des cailloux du Teverone, est admirable. On sait que dans le seizieme siecle le cardinal Hippolite d’Est choisit Tivoli pour y élever un magnifique palais & des jardins somptueux ; dont Hubert Folietta donna lui-même une description poétique & intéressante. On peut aussi voir l’itinéraire d’Italie de Jerôme Campugniani.

Cette ville a donné la naissance à Nonius Marcellus, grammairien connu par un traité de la propriété du discours, de proprietate sermonum, dans lequel il rapporte divers fragmens des anciens auteurs, que l’on ne trouve point ailleurs. La meilleure édition de cet ouvrage a été faite à Paris en 1614, avec des notes. (D. J.)

TIVOLI-VECCHIO, (Géog. mod.) lieu d’Italie, sur le chemin de Tivoli à Frescati ; ce sont les masures de Villa Hadriani, c’est-à-dire de la maison de plaisance de l’empereur Hadrien, que les paysans du pays appellent Tivoli-vecchio. Voyez Villa Hadriani. (D. J.)

T L

TLACAXIPEVALITZILT, s. m. (Calend. des Mexicains.) nom du premier des dix-huit mois des Mexicains ; il commence le 26 Février, & n’est que de vingt jours, comme tous les autres mois. (D. J.)

TLACHTLI, s. m. (Hist. mod.) espece de jeu d’adresse, assez semblable au jeu de la paume, qui étoit fort en usage chez les Mexicains lorsque les Espagnols en firent la conquête. Les balles ou pelottes dont ils se servoient pour ce jeu étoient faites d’une espece de gomme qui se durcissoit très-promptement (peut-être étoit-ce celle qui est connue sous le nom de gomme élastique) ; on poussoit cette pelotte vers un mur, c’étoit l’affaire des adversaires d’empêcher qu’elle n’y touchât. On ne poussoit ou ne repoussoit la pelotte qu’avec les hanches ou avec les fesses, qui pour cet effet étoient garnies d’un cuir fortement tendu. Dans les murailles on assujétissoit des pierres qui avoient la forme d’une meule, & qui étoient percées dans le milieu, d’un trou qui n’avoit que le diametre pour recevoir la pelotte ; celui qui avoit l’adresse de l’y faire entrer gagnoit la partie & étoit le maître des habits de tous les autres joueurs. Ces tripots étoient aussi respectés que des temples ; aussi y plaçoit-on deux idoles ou dieux tutélaires, auxquels on étoit obligé de faire des offrandes.

TLAHUILILLOCAN, s. m. (Hist. nat. Botan.) grand arbre du Mexique, dont le tronc est uni, d’un rouge éclatant, & d’une odeur très-pénétrante ; les feuilles ressemblent à celles d’un olivier, & sont disposées en forme de croix ; cet arbre fournit une résine.

TLALAMATL ou TLACIMATL, s. m. (Hist. nat. Bot.) plante de la nouvelle Espagne, que les habitans du Mechoacan nomment yurintitaquaram, & les Espagnols herbe de Jean l’infant ; ses feuilles sont rondes, disposées de trois en trois, & semblables à la nummulaire : sa tige est purpurine & rampante ; ses fleurs sont rougeâtres & en forme d’épis ; sa semence petite & ronde. Sa racine longue, mince, & fibreuse ; on dit qu’elle est astringente ; qu’elle guérit toutes sortes de plaies ; qu’elle mûrit les tumeurs ; qu’elle soulage les douleurs causées par les maux vénériens ; qu’elle appaise les inflammations des yeux ; & enfin qu’elle tue la vermine.

TLANHQUACHUL, s. m. (Hist. nat. Ornithol. exot.) nom d’un oiseau du Brésil, à long cou & à bec fait en dos de cueiller ; il est de le nature du héron, d’un caractere vorace, mangeant le poisson vivant, & le refusant quand il est mort ; tout son plumage