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36 toises quarrées, qui suivant la proportion de 14 à 11, donneront pour la superficie des deux demi-cercles 28 toises , qu’on peut évaluer à un tiers de toise quarrée. Cette somme jointe à 192 toises donnera pour superficie totale 220 toises quarrées & un . Pour avoir le toisé cube du canal qui a 3 piés de profondeur, on dira : si ce canal avoit eu une toise, elle auroit donné 220 toises cubes & un tiers, comme il n’a que 3 piés moitié de la toise, on prendra la moitié de cette somme qui est 110 toises cubes & un  : cette somme multipliée par 27, produira 2974 muids d’eau, pour le contenu de ce canal.

Fig. 5. Si le bassin est octogone, comme E, on mesurera un des huit pans de l’octogone, afin de partager la figure en huit triangles ; ce pan est ici de 21 piés 6 pouces, & la perpendiculaire que l’on prendra au cordeau est de 4 toises 1 pié ; multipliez ces 21 piés 6 pouces par la perpendiculaire 4 toises 1 pié, vous aurez pour produit 14 toises quarrées 5 piés 7 pouces, dont vous ne prendrez que la moitié, ainsi qu’il se pratique dans la mesure des triangles ; cette moitié sera de 7 toises quarrées 2 piés 9 pouces, qui multipliées par 8 nombres des triangles de l’octogone, donnera pour la superficie entiere du bassin, 59 toises quarrées & 4 piés. Ce bassin a deux piés de profondeur, qui font le tiers de la toise ; ainsi on prendra le tiers de 59 toises 4 piés, ce qui donnera 19 toises cubes 5 piés 4 pouces, qu’on multipliera par 27, pour avoir 537 muids d’eau que contient ce bassin.

Il peut encore survenir des difficultés dans la mesure des pieces d’eau d’une forme singuliere ou irréguliere, ou dont les cintres n’étant pas parfaits, sont des segmens de cercle ; la résolution de ces difficultés seroit ici trop longue, & paroît passer même la portée ordinaire d’un dictionnaire. Consultez le traité d’Hydraulique, qui fait la quatrieme partie du livre de la théorie & pratique du jardinage, pag. 436. & suiv. (K)

Toisé, il n’est pas question ici de donner la maniere de toiser un champ, un jardin, ce qui regarde la maniere de lever les plans, l’arpentage, la longimétrie & planimétrie, auxquels on renvoie le lecteur.

Il s’agit ici de pouvoir mesurer le contenu d’un quarré de potager, de parterre, de bois, de boulingrin, ou en avoir la figure & le plan.

Pour les tracer & planter à neuf, il ne faut prendre que la longueur de la piece, supposée de 30 toises sur 20 de large ; multiplier 30 par 20, ce qui donne 600 toises quarrées pour superficie de votre piece ; si vous en voulez avoir le plan, partagez la piece par une diagonale d’un angle à l’autre, en vous alignant par des jalons pour aller plus droit, mesurez cette diagonale, & les 4 murs aux côtés de la piece, rapportant sur le papier toutes ces mesures, suivant une échelle, vous aurez une figure semblable, & qui aura autant de biais qu’il s’en peut trouver sur le terrein.

TOISER, v. act. (Archit.) c’est mesurer un ouvrage avec la toise pour en prendre les dimensions, ou pour en faire l’estimation. Et retoiser, c’est toiser de nouveau, quand les experts ne sont pas convenus du toisé.

Toiser à toise bout avant, c’est toiser les ouvrages sans retour ni demi-face, & les murs tant plein que vuide, le tout quarrément, sans avoir égard aux saillies, qui doivent néanmoins être proportionnées au lieu qu’elles décorent.

Toiser aux us & coutumes, c’est mesurer tant plein que vuide, en y comprenant les saillies ; ensorte que la moindre moulure porte demi-pié, & toute moulure couronnée un pié, lorsque la pierre est piquée, & qu’il y a un enduit, &c.

Toiser la couverture, c’est mesurer la superficie d’une couverture, sans avoir égard aux ouvertures ni aux croupes, & en évaluant les lucarnes, yeux de bœuf, arestieres, égoûts, faîtes, &c. en toises ou piés, suivant l’usage.

Toiser la taille de pierre, c’est réduire la taille de toutes les façons d’une pierre aux paremens seulement, mesurés à un pié de hauteur sur six piés courans par toise. Lorsque ce sont des moulures, chaque membre couronné de son filet est compté pour un pié de toise, dont les six font la toise, c’est-à-dire que six membres couronnés sur une toise de long, qui ne sont comptés que pour une toise à l’entrepreneur, sont comptés pour six toises au tailleur de pierre qui travaille à sa tâche.

Toiser le bois, c’est réduire & évaluer les pieces de bois de plusieurs grosseurs, à la quantité de trois piés cubes, ou de douze piés de long sur six pouces de gros, réglée pour une piece.

Toiser le pavé, c’est mesurer à la toise quarrée superficielle, sans aucun retour. Le prix est différent selon l’ouvrage. Les ouvrages de fortification se toisent à la toise cube dont 216 piés font la toise. (D. J.)

TOISEUR, (Fortific.) les fonctions d’un toiseur est de mesurer le travail toutes les semaines, pour faire payer les ouvriers de ce qui leur est dû ; il donne une copie du toisé à l’entrepreneur & à un ingénieur en chef ; & à la fin de l’année il fait un état général dont il donne copie à l’entrepreneur & à l’ingénieur en chef, qui l’envoie au surintendant des fortifications, qui le renvoie, après l’avoir examiné, à l’intendant, pour faire payer par le trésorier le reste. (D. J.)

Toiseur de plâtre, s. m. (Officier de police.) officier de la ville de Paris qui est chargé de mesurer cette marchandise lorsqu’elle arrive au port au plâtre de cette ville. (D. J.)

TOISON, s. m. (Gram. Œcon. rustiq.) la peau de la brebis chargée de sa laine, & plus souvent la laine séparée de la peau.

Toison d’or, (Mytholog.) les enfans savent la fable de la conquête de la toison d’or, qui donna lieu au voyage des Argonautes ; mais les gens de lettres en cherchent encore l’explication.

Diodore de Sicile croyoit que c’étoit la peau d’un mouton que Phryxus avoit immolé, & qu’on gardoit très-soigneusement à cause qu’un oracle avoit prédit que le roi seroit tué par celui qui l’enleveroit.

Strabon & Justin pensoient que la fable de cette toison étoit fondée sur ce qu’il y avoit dans la Colchide des torrens qui rouloient sur un sable d’or qu’on ramassoit avec des peaux de mouton, ce qui se pratique encore aujourd’hui vers le fort Louis, où la poudre d’or se recueille avec de semblables toisons, lesquelles quand elles en sont bien remplies, peuvent être regardées comme des toisons d’or.

Varron & Pline prétendent que cette fable tire son origine des belles laines de ce pays, & que le voyage qu’avoient fait quelques marchands grecs pour en aller acheter, avoit donné lieu à la fiction.

Ajoutez que comme les Colcques faisoient un grand commerce de peaux de marte & d’autres pelleteries précieuses ; ce fut peut-être là le motif du voyage des Argonautes.

Paléphate a imaginé, on ne sait sur quel fondement, que sous l’emblème de la toison d’or, on avoit voulu parler d’une belle statue d’or que la mere de Pélops avoit fait faire, & que Phryxus avoit emportée avec lui dans la Colchide.

Enfin Suidas le lexicographe a songé que cette toison étoit un livre en parchemin qui contenoit le secret de faire de l’or, objet de la cupidité non seulement des Grecs, mais de toute la terre ; & cette opi-